inspirations
Sortez et faites quelque chose.
Ce n'est pas ta chambre qui est
une prison, c'est toi même.
Sylvia Plath
actualités
réflexions
Que faire à l'heure des scandales sexuels au cinéma ? Aller à contre-pente, remonter le courant, faire un état des lieux pour espérer l'habiter autrement. Contre la possibilité du chef-d'œuvre, se débarrasser de l'idée de toute-puissance du réalisateur. Passer d'un cinéma de la création à la décréation car la création sera toujours une diminution, jamais un acte d’expansion : filmer, c'est toujours borner le champ des possibles. Un cinéaste qui voudrait tout dire, tout saisir, ne ferait plus du cinéma. Il encarterait le monde dans son tombeau publicitaire. Un film n'est jamais terminé, autrement dit réalisé. La notion d’auteur est donc à revoir. Il serait peut-être temps de dire que réaliser, c’est trouver sa richesse hors de soi.
David Fonseca
art
Une goutte sur le dos d’un escargot et qui contient le monde ? C’est une définition assez juste de ce que renferme l’exposition Bruit Rose. Les rapports sont ténus entre l’électro-dream de Saintes, le groupe d’Anne- Sophie Le Creurer, et le brutalisme punk des Gängstgäng d’Augustin Rebetez, de Zad Kokar ou d’Adolf Hibou, le groupe de Nils Bertho. Mais il y a du rêve et de la comédie partout, depuis les cascades atmosphériques de Sopoorific d’Alison Flora, jusqu’aux terreurs burlesques du Crazy Clown Time de David Lynch (en)chanteur. L’heure du clown dingo. Dingo comme l’attaque d’une drag-queen de quinze mètres de haut, qui winshlusse chez John Waters.
Pour nombre de nos congénères européens, la forêt amazonienne est encore la « forêt vierge » : dans un imaginaire occidental largement dominé par des considérations obsolètes, l’Amazonie est une vaste réserve d’animaux sauvages, le poumon vert de la planète que les assauts répétés des industries agricole et forestière n’ont pas encore complètement ravagée.
photo
L'artiste-photographe américain Jeff Cowen est célébré dans trois grandes expositions ce printemps et cet été - à Berlin, Stockholm et Amsterdam (plus une exposition simultanée plus petite au Musée Van Gogh d'Amsterdam) ; avec des photographies transformées dans la chambre noire en images qui semblent vibrer d'énergie.
Les sentinelles de Jack Dabaghian sont ces héros tragiques de l’antiquité classique, ces vénérables sentinelles de notre mémoire, les cèdres séculaires vivants et menacés, à la présence royale, à l’ombre rafraichissante, à la magnificence prodigieuse. Ils irradient leur sagesse en ces Monts du Liban, montagne sacrée, paysage de raison et d’éternité. Ici, tout semble immémorial et éternel, alors que le réchauffement climatique, en appauvrissant le peuple des oiseaux, a fait proliférer ce cancer invisible qui ronge ces géants bienveillants et les menace d’extinction, rongeant le bois, réduisant drastiquement la circulation de la sève.
musique
« J’ai fait un rêve. J’étais Bourvil. Je chantais dans ESG. Manzarek était aux claviers. » « Caverne », de Manuel Laisné : un projet solo entre tableaux oniriques et humeurs ironiques.
Avec la sortie de son premier EP, Headz Gone West, en 2021, Nia Archives a immédiatement trouvé le bon filon, mêlant harmonieusement les breakbeats jungle à l'introspection décontractée de la néo-soul. Deux autres EP ont amélioré la formule, et la chanteuse/productrice a remporté de nombreux prix, s'imposant comme l'une des figures de proue du regain de popularité de la jungle. Qui dira 1994 se retrouve en 2024 ?
in the mix
science-fiction
Réinterprétation du mythe de Perséphone en polar hardboiled psychédélique, “Pollen”, roman échevelé, hybride, métis et musical en diable est un pur chef d’œuvre, et en tout cas celui du punk cybernétique authentique.
livres
Comment ne pas saluer ici le travail des éditions Mettray qui viennent de publier le premier volume des œuvres de Gérard Arseguel (1938-2020) ? Un auteur discret, qui, à part en ce qui concerne son premier livre, Décharges (éd. Bourgois) et Portrait du cœur sous les nuages (Flammarion, Poésie), n'aura publié que chez des éditeurs discrets, encourant ainsi le risque de passer sous les radars de notre curiosité bien souvent trop volatile.
Face à la noirceur, une vie de jeu et un jeu de la vie tout en rayonnement solaire – superbement exploré au fil des cartes déjà distribuées ou créées au fur et à mesure. Pour appréhender dans sa pleine profondeur de champ une vie aussi oscillante, aussi fureteuse et aussi potentiellement déroutante dans toute sa liberté que celle de Niki de Saint-Phalle, Gwenaëlle Aubry s’est penchée sur le jeu – jeu pratiqué et jeu rêvé, mais aussi jeu créant du jour dans l’épaisseur barricadée de la nuit.
Un court roman épistolaire d’une rare brillance, mêlant intimement guerre à travers le temps, sentiments improbables et poésie politique. « Les oiseaux du temps » s’inscrit dans la précieuse zone des chefs-d’œuvre (ici, très paradoxalement) intemporels. Un peu comme la rencontre pas si fortuite d’Ernst Jünger et de Donna Haraway, de Gérard Chaliand et de René Char, sur une table de dissection des sentiments abandonnée aux courants de l’Histoire.
arts graphiques
Pour sa nouvelle exposition, la galerie Arts Factory retourne vers les marges de la scène graphique contemporaine et propose une rencontre au sommet entre Marc Brunier-Mestas dit le graveur stakhanoviste et Denis GRRR, le broyeur de stylos bille. Deux artistes qui ont en commun la volonté de pousser aussi loin que possible les limites de leurs mediums respectifs, de l'estampe au tatouage via l'expressionnisme sauvage ou l'animation.
cinéma
Le premier volet de l'adaptation par Denis Villeneuve de Dune, le chef-d'œuvre de Frank Herbert, était un film d'installation. Sa grandeur n'y était que d'apparats. Le second volet crée la surprise en prenant à rebours la déception première. Il gagne en ampleur parce qu'il prend tout le temps nécessaire à filer la tresse complexe des grands récits qui surdéterminent un destin comme autant de voix et d'interpellations contradictoires, pour en compliquer en dernière instance l'avènement, sournoisement assombri.
bd & mangas
À l’occasion du lancement de la maison d’édition les Aventuriers d’Ailleurs, nous avons rencontré Marc-Antoine Fleuret son fondateur et Núria Tamarit autrice de Toubab, l’un des albums qui marque ce lancement et qui a connu plusieurs vies avant de trouver sa forme actuelle, rééditée et augmentée.
Loin d’être une adaptation fidèle du roman, cet album est une belle variation autour du texte de McCarthy qui modifie les interprétations possibles du texte original par des choix radicaux. Si le livre de Manu Larcenet est une bande dessinée réussie et très impactante graphiquement, elle se prive peut-être d’une dimension qui en a fait ce chef-d’œuvre mondial - mais propose autre chose de percutant. Décryptage de l’album à la lumière du roman.
architecture
La construction du nouveau siège de l'East China Electronic Power Design Institute à Shanghai a débuté en janvier 2021. Le bâtiment, conçu par Archea Associati avec le soutien structurel d'ECADI - East China Architectural Design & Research Institute, a été créé dans le but de renouveler le tissu urbain existant.
style & design
Le sculpteur mexicain George Rodriguez s’est inspiré du zodiaque chinois pour réaliser un zodiaque mexicain dans une série de sculptures intitulée Mexican Zodiac. S’il a commencé en créant les animaux du zodiaque chinois, il a eu ensuite l’idée d’en faire une version parallèle liée à sa culture d’origine.
La tatoueuse coréenne Dami Nam alias Daldam réalise de magnifiques tatouages asiatiques verticaux jouant avec une forme rectangulaire. Sur un espace de peau très réduit, elle créé des motifs complexes et raconte des histoires inspirées par la culture de l’est de l’Asie. Etonnant à plus d’un titre. Voyez …
nous
Tout journal est politique. Celui que nous faisons ne se cache pas cette évidence. Son existence, qui n'était pas donnée, car personne ne nous a invités, est déjà en elle-même un fait politique. Nous faisons irruption. Nous entrons par effraction dans le champ bien gardé des opinions bonnes à entendre. Sachant qu'exister, c'est résister, nous avons fait le choix d'exister. Or choisir est l'acte politique même. Choisir avec qui on vit et travaille est politique. Choisir l'égalité des salaires est politique. Dénoncer l'injustice est politique. Accepter (et accepter réellement) de donner la parole aux autres est politique. Proposer des haïkus dans nos éphémérides est politique. Mettre le sort d'un journal dans les mains de ses lecteurs est politique. Ce qui implique à nos yeux de répondre avant toute chose à des questions légitimes sur l'origine de ce projet, notre financement, nos objectifs, l'idée que nous faisons de notre travail.