Posts in CHRONIQUES
Attentats : penser l'irréparable, par Claro

Ce qui nous dérange profondément, d’un attentat à l’autre, c’est l’émergence en nous d’une conscience, une conscience dont nous ne voulions pas et qui nous dit, de plus en plus clairement, que, désormais, la paix, que nous concevions comme une entité, est devenue une simple donnée soumise à des variables. Ce qui nous arrache à nous-mêmes, c’est le fait de savoir que la terreur est maintenant l’autre nom de la vie redéfinie par ceux qui la jugent inconvenante.

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Écriture inclusive: quand tonnent les tricornes, par Claro

Il n’est pas question ici d’aborder la question de l’écriture inclusive, mais plutôt de s’interroger sur la réaction « solennelle » des membres de l’Académie française, lesquels viennent de publier un communiqué, ou plutôt une « déclaration », afin de faire savoir tout le mal qu’ils (ou elles ?) pensaient de ladite écriture inclusive.

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Prendre le chemin perdu dans la forêt des signes, par Arnaud Maïsetti

Lire Pessoa ce soir, pour arrêter les pensées, accable : aucune phrase n’est juste, ce soir. Je lis Pessoa toujours comme un oracle : le livre ouvert aux hasards à chercher des réponses. Ce soir, chacune tombe dans l’impuissance, la contemplation oisive, l’acceptation du nul. Je comprends la rage de Ne. à sa lecture, une rage froide et définitive qui m’avait impressionné et que je ne comprenais pas : une rage d’être à chaque instant en travers de la phrase : combien je la ressens.

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Des bijoux indiscrets aux jouets intimes, avec Fleur Breteau. Par Claro

La tentation est grande de tendre la main vers le titre de Fleur Breteau, et de s’emparer de la sobre virgule (fournie sans les piles) qui protège l’amour de ses accessoires – puisque son livre s’intitule très précisément L’amour, accessoires et qu’il relate son expérience dans une boutique qui vend des (soyons concis) ustensiles érotiques. Une fois muni de cette virgule ma foi assez joliment galbée, et certainement fonctionnelle avec un peu d’imagination, il serait, là encore, tentant d’en faire un usage un peu instinctif et très possiblement agréable.

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Shanghai est un restaurant ouvrier, par Eric Schulthess

Ce restau tu tombes dessus un jour de pluie marches depuis une bonne heure malgré les gouttes observer le quartier t’immerger ses bruits ses cris ses allées et venues dans tous sens prises dans la grisaille les rues se ressemblent encore davantage un peu embrumé tu avances au ralenti commences à être trempé pluie tiède fond de l’air tiède la faim aussi...

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Anders Ericke, ce monde n'est pas le mien. Tombeau d'un apprenti poète qui venait de mourir en prison

Anders ne demandait qu'une seule chose, rien que poser encore une fois la main sur un être vivant. Ce que l'administration pénitentiaire appelle une «médiation animale». A la prison d'Arles, ce sont des chevaux qu'on utilise pour ces rencontres avec des animaux qui apaisent et responsabilisent les détenus isolés, oubliés par leur famille. Des chevaux de Camargue, de préférence, parce qu'ils sont incroyablement calmes et confiants. Leur seule présence à quelques mètres vous réconcilie avec le monde des créatures en vie de l'autre côté des grilles de sécurité. Avant-hier, je leur ai annoncé la mort d'Anders, et que j'avais récupéré ses poèmes écrits en allemand au cours des quatre années d'isolement. L'enterrement doit avoir lieu après-demain matin, vendredi. Au cimetière des neuf collines où j'essaierai de lire son poème-testament aux oiseaux. Les chevaux savent qu'Anders attendait d'enfouir son visage de vieux taulard dans leurs crinières que personne ne peignait. Sauvagerie, pure sauvagerie d'une dernière rêverie avant la mort en prison. Et parce qu'elles portent aussi l'odeur des poussières dans le vent du vieux monde, là où les doigts du prisonnier viennent s'emmêler pour caresser l'animal.

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