Ce que la gauche ne comprend pas chez Donald Trump

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Donald Trump défie la classification facile. Sa situation dans la politique de classe échappe à une définition précise. S'il ne fait aucun doute qu'il fonctionne dans l'intérêt du capital, sa capacité non seulement d'exposer mais aussi d'exacerber le caractère fractionné de cette entité hautement différenciée et de l'État qui veille à ses intérêts collectifs est sans précédent.

La volonté de Trump d'épouser ouvertement le racisme, le chauvinisme national, l'antisémitisme et la misogynie qui sévit dans les cercles de la classe dirigeante est, parmi ceux qui ont atteint la présidence, unique dans les temps modernes. Son utilisation consciente de cet arsenal réactionnaire pour faire appel à une base de masse mobilisée de personnes marginalisées et souvent en risque de déclassement social est faite pour détourner l'attention des américains de ceux dont il sert vraiment les intérêts, et qui occupent des positions dans la hiérarchie de classe américaine très éloignées de celles des dépossédés.

Ce qui brouille aux yeux du public la politique de classe de Trump, c’est d’abord son abandon de la préoccupation conventionnelle de la plupart des dirigeants des démocraties bourgeoises devant le risque de ne sembler poursuivre que leur propre intérêt. En cela, il a plus en commun avec les dictateurs qu'il admire qu’avec bon nombre des présidents américains dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Sans vergogne, égocentrique et narcissique au point d’être incapable de comprendre qu’il n’a pas à lui tout seul tous les pouvoirs (qu'un individu n'est pas l'État!), le but de Trump est de faire progresser ses intérêts et d’étendre son autorité à un point qu’on n’avait jamais imaginé dans la politique américaine. Combiné à un erratisme discordant, mais désormais routinier, cela rend difficile de rattacher Trump à une politique de classe cohérente. Pourtant, une telle politique existe, bien sûr.

La politique de classe de Trump

Si elle a une quelconque consistance et cohérence, la politique de classe de Trump se tourne vers les réductions d'impôts ; la consolidation de l'hégémonie de Wall Street, non seulement comme paradis spéculatif du capital libre, mais comme arbitre du bien-être économique de la nation ; la promotion de la déréglementation afin de libérer le pouvoir commercial des contraintes de l'intervention de l'État ; assurer la nomination à la Cour suprême de personnes qui élaboreront des lois privilégiant les droits individuels par rapport aux responsabilités collectives, à l'exception notable du droit des femmes à choisir ; et faire en sorte que l'Amérique, en tant que nation blanche, redevienne grande, ce qui passe par des symboles tels que le ridicule mur de Trump et des politiques commerciales et tarifaires censées ramener des emplois au cœur industriel des États-Unis.

Les premiers éléments de ce programme ont connu un certain succès, gagnant le soutien de l'aile la plus belligérante du capital. En ce qui concerne les pièges d'une agression raciste contre les immigrants, qu'ils soient mexicains ou musulmans, les diatribes sur le caractère sacré des frontières et la nécessité de protéger les citoyens américains des desperados, de la dope et des dangereux voleurs d'emplois étrangers trouvent un écho dans les secteurs des pauvres blancs et marginalisés. Pourtant, le fondement du trumpisme, la tentative de relancer la "ceinture de rouille" et de relancer une économie qui s'effondre dans les affres de la désindustrialisation, a été un échec cuisant. Les statistiques de "création d'emplois" sont les vraies fake news de notre époque, les chiffres de l'emploi étant cuisinés à bon escient en même temps qu'ils dissimulent à quel point les secteurs de travail qui se sont développés sont mal payés et précaires, tout sauf un substitut au travail syndical relativement bien rémunéré et sûr qui disparaît chaque jour.

Clyde W. Barrow évoque ce dernier échec dans sa suggestion que l'élection de Trump en 2016 peut être comprise comme la montée d'un prince et d'un éventuel futur empereur du lumpen-prolétariat. (Voir The Bullet, No. 2180, 30 août 2020.) C'est une affirmation intrigante, basée sur l'un des écrits de Karl Marx les plus métaphoriques, le chef-d'œuvre littéraire : “Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte” (1852). Riche en allusions classiques, et animé par la profonde déception, la frustration et la colère de Marx face aux échecs de la Révolution de 1848, l'essai explore comment, à une conjoncture historique spécifique, "une médiocrité grotesque", Louis Bonaparte, a occupé le devant de la scène dans la politique bourgeoise de la France, supervisant un gouvernement d'"hommes entretenus". Son ascension au pouvoir est censée, selon Marx (qui a été contesté sur ce point), avoir été favorisée par le soutien que lui donné le lumpen-prolétariat, la "racaille, les abats, les déchets de toutes les classes", qui fut la base de son régime de petite corruption. Ses électeurs, comme leur chef, ont suivi une ligne de conduite consistant à "se faire du bien aux dépens de la nation laborieuse".

Il y a beaucoup de choses dans “Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte”, comme Barrows le souligne avec perspicacité, que l’on peut aisément rapporter à Donald Trump. Considérez la conclusion de l'essai de Marx :

"Poussé par les exigences contradictoires de sa situation et étant en même temps, comme un prestidigitateur, sous la nécessité de maintenir le regard du public fixé sur lui-même, en tant que substitut de Napoléon, en suscitant des surprises constantes, c'est-à-dire sous la nécessité d'exécuter un coup d'État en miniature tous les jours, Bonaparte jette dans la confusion toute l'économie bourgeoise, viole tout ce qui semblait inviolable à la Révolution de 1848, rend les uns tolérants à la révolution, les autres désireux de révolution, et produit une véritable anarchie au nom de l'ordre, tout en dépouillant de son halo toute la machine étatique, la profane et la rend à la fois détestable et ridicule. ”

En tant qu'affirmation de ce que M. Trump a fait pendant son mandat, ce n'est pas loin de la vérité. Et il existe de nombreux autres parallèles entre Trump et Bonaparte : "Personne n'a jamais renvoyé de laquais avec moins de cérémonie que Bonaparte ses ministres" ; "Il s'est comporté comme un génie méconnu, que tout le monde prend pour un simplet".

Le Lumpen-Prolétariat américain

Pourtant, je ne suis pas convaincu qu'il soit utile de présenter Trump, comme Marx le fait de Louis-Napoléon Bonaparte, comme le chef aujourd’hui d'un lumpen-prolétariat déclassé, leur empereur porté au pouvoir. Toute la question du lumpen-prolétariat est très débattue parmi les marxistes, et Marx et Engels eux-mêmes ont proposé des évaluations différentes de son potentiel historique dans des circonstances différentes. 2 Cela n'est guère surprenant, étant donné que le lumpen-prolétariat constitue une couche sociale très volatile, différenciée et politiquement instable. Il ne fait aucun doute que le nouveau livre de Barrow apportera une contribution importante à cette discussion.

Comment et pourquoi Barrow voit le lumpen-prolétariat américain de l'époque de Trump graviter autour d'un prétendant grotesque a sans aucun doute son importance dans toute discussion sur la conjoncture politique actuelle. Les crises capitalistes récurrentes se sont transformées en une restructuration de l'économie politique moderne qui a laissé des pans entiers de la population active soit au chômage perpétuel, soit dépendants d'emplois de plus en plus précaires, mal payés et précarisés. Barrow considère cela comme la lumpenisation du prolétariat masculin blanc, mais il identifie peut-être trop facilement la classe ouvrière à des emplois sûrs et bien rémunérés. Historiquement, le prolétariat, à part une brève période de sécurité relative dans les économies fordistes capitalistes avancées des années 1945-1975, a toujours vécu dans la précarité. Même pendant cette période de trois décennies de prospérité et de bien-être prolétarien supposés, la promesse de sécurité de la classe ouvrière était souvent plus une posture idéologique qu'une représentation exacte des réalités de la vie ouvrière, comme le montrent les commentaires critiques du mythe du travailleur heureux.3

Aussi appropriée soit-elle pour faire face aux conditions de dépossession au sein de la classe ouvrière, l'approche de Barrow a peut-être succombé aux sagesses conventionnelles qui voient la classe ouvrière blanche masculine sans emploi et décimée, qui vacille maintenant sur les ruines de secteurs de l'économie américaine - charbon, textile, automobile - comme la base de masse d'une présidence impériale avilie. Mike Davis a offert une réponse perspicace à ce récit en reconnaissant, bien sûr, que les fermetures d'usines et le malaise économique ont effectivement joué un rôle dans la structuration du vote de la Rust Belt en 2016. Mais la victoire de Trump reposait sur bien plus que le mécontentement des malheureux dépossédés, même si certains dans cette couche croissante étaient prêts à devenir, comme l'a écrit Marx à propos du lumpen-prolétariat qui soutenait le futur Napoléon III (entre parenthèses, il fut tout de même le premier chef d'État français élu au suffrage universel masculin, le 10 décembre 1848, et le premier président de la République française, avant de se proclamer empereur) "des outils corrompus d'intrigue réactionnaire". Comme le rapportait un journaliste britannique en novembre 2016 : "Lors de plus d'une douzaine de rassemblements de Trump, dans presque autant d'États, votre correspondant a rencontré des avocats, des agents immobiliers et une horde de retraités de la classe moyenne - et relativement peu de cols bleus". 4 Comme l'ont montré les sondages de sortie des urnes lors des dernières élections, ce n'est que parmi les personnes à revenus relativement faibles qu'Hillary Clinton a surpassé Trump. Parmi les revenus les plus faibles - ceux dont le revenu annuel était inférieur à 30 000 dollars - l'avantage de la candidate démocrate sur son soi-disant rival républicain était énorme, de 53 à 41 %. Dans toutes les catégories de revenus supérieurs à 50 000 dollars par an, Trump a remporté une majorité, bien qu'avec une marge étroite.

En effet, s’il est possible de voir des éléments du lumpen-prolétariat se rallier au côté sordide de Trump, dans la mesure où les pots-de-vin solidifient son soutien, il ne faut pas imaginer pour autant qu’ils proviennent d’une "sous-classe" vivant d'une économie fondée sur le trafic d’amphétamines dans des zones rurales ou appartiennent au chapitre d'Oakland des Hell's Angels, sans parler des jeunes chômeurs des quartiers défavorisés. Même les "milices" proto-fascistes et paramilitaires qui ont vu le jour, comme des champignons, sous l'effet de l'animosité croissante d’une partie de la population contre les mesures prises pour limiter les effets du COVID-19, ne se nourrissent pas vraiment des miettes de la table de Trump. Alors que Trump encourage dans ses tweets ces milices à "libérer" les États gouvernés par les démocrates et les noyaux urbains qu’il décrit comme tenus en otage par des "agitateurs et anarchistes extérieurs", ce n’est pas à leurs membres que son administration distribue de l’argent. Au contraire, les bénéficiaires évidents des offres de pots-de-vin du Trump sont les Devoses et les DeJoys, d'une part, et les Manaforts et les Arpaios, d'autre part. Des personnages comme le Navy Seal "toxique", Eddie Gallagher, ne sont pas tout à fait classés dans la catégorie des lumpen-prolétaires. Leurs uniformes blancs amidonnés et leurs cheveux soigneusement coupés ne constituent guère la tenue des véritables opprimés. Trump a accordé sa grâce à Gallagher après sa condamnation pour avoir mis en scène une photographie de lui-même et du corps d'un captif de l'État islamique mort, un adolescent qu'il avait tué avec un couteau de chasse (Gallagher a également tiré sur une écolière et un homme âgé depuis un poste de tireur d'élite, des actes de "bravoure" applaudis par Trump). Profitant de sa liberté retrouvée, Gallagher et sa femme sont partis en vacances dans la station balnéaire de Floride de Mar-a-Lago, les invités de Donald et Melania Trump.

Les miliciens pro-Trump qui ont récemment quitté la banlieue de Portland, dans l'Oregon, pour aller combattre les manifestants du centre-ville, en tirant des volées de balles de peinture en leur milieu et en brandissant des armes d'assaut, constituaient sans doute une milice armée, mais leurs camions et leurs fourgonnettes n'étaient pas l'étoffe des "roués pourris aux moyens de subsistance douteux et d'origine douteuse, ... ramifications ruinées et aventureuses de la bourgeoisie" de Marx au milieu du XIXe siècle, ... vagabonds, soldats réformés [enfin, il y en avait peut-être quelques-uns, selon BP], prisonniers réformés, galériens en fuite, escrocs, banques de montagne, lazzaroni, pickpockets, escrocs, joueurs, maquereaux, tenanciers de bordels, porteurs, des littérateurs, des broyeurs d'organes, des chiffonniers, des couteliers, des bricoleurs, des mendiants, bref, toute la masse indéfinie, désintégrée, jetée ici et là..." En résumé, ce n'est pas exactement la composition humaine de la foule de Patriot Prayer. Il ne fait aucun doute que les votes des travailleurs blancs mécontents et sans emploi dans des États comme l'Ohio, la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin ont contribué à assurer la victoire de Trump en 2016, mais ces partisans de Make America Great Again [MAGA] sont-ils plus lumpen que les habitants des quartiers défavorisés de la Nouvelle-Orléans, de Chicago, de New York ou de Los Angeles, pour qui voter Trump est un anathème ?

L'accent mis par Barrow sur une masse lumpen-prolétaire indifférenciée n'expliquera probablement pas grand-chose sur ceux qui se rallieront à Trump et ceux qui ne le feront pas. Après tout, Marx a toujours insisté sur le fait que si des éléments du lumpen-prolétariat gravitent autour de la Réaction, d'autres, dans cette strate instable, pourraient bien être gagnés à la politique de l'insurrection prolétarienne. Aux États-Unis en 2020, la race et le venin de la suprématie blanche ont radicalement divisé le lumpen-prolétariat des temps modernes, alignant la pensée et les activités des indigents de manière opposée et discordante. Les dépossédés de Kenosha (Wisconsin), qui ont vu un revirement électoral décisif de 25 % en faveur de Trump, une protestation claire contre le fait de devoir opter pour une Hillary Clinton méprisante et distante en 2016, voteront-ils encore pour Trump en 2020, après les récents événements. Peut-être. Mais ce ne sont pas pas les lumpen-prolétaires de Kenosha, et encore moins ses ouvriers de l’industrie automobile désormais au chômage, qui ont récemment exprimé leur amour pour Trump, c’est le chef de la police et l'association représentant ses gendarmes. La revitalisation de Black Lives Matter, après tout, a été précipitée par la mort de George Floyd qui, en termes de classe, se conforme probablement plus à un stéréotype du lumpen-prolétaire que Kyle Rittenhouse, le partisan de Trump armé de 17 ans qui a tué et mutilé des manifestants à Kenosha. Alors que M. Floyd est mort, Rittenhouse est maintenant soutenu et défendu par les millionnaires de la Sunbelt et les puissants idéologues réactionnaires de la communauté juridique de l'archi-conservatisme…

Tragédie et farce

Au moment où j'ai lu la présentation de Trump par Barrow comme le prince / empereur du lumpen-prolétariat, je relisais le “Staline” de Léon Trotsky : une évaluation de l'homme et de son influence (1946). Publiée à titre posthume, cette évaluation inachevée de Staline est apparue pour la première fois dans une traduction déformée de Charles Malamuth, dont les adultérations éditoriales pour la maison commerciale, Harper & Brothers, ont considérablement raccourci le texte et modifié les interprétations de Trotsky avec des ajouts de passages non écrits par le fondateur de l’Opposition de gauche. Cela a suscité des protestations de sa veuve, Natalia Sedova, et de son conseiller juridique, Albert Goldman. Heureusement, Alan Woods et l'International Marxist Tendency ont republié une nouvelle édition de “Staline”, retraduisant le livre entier. Le résultat est, malgré une répétition compréhensible que Trotsky aurait sans doute éliminée s'il avait assez vécu pour finir et peaufiner le manuscrit, une appréciation extraordinaire de Staline, qui, comme “Le dix-huit brumaire”, offre de nombreux parallèles avec Trump. 5

Attirer l'attention sur ce point ne signifie pas que Staline et Trump sont en quelque sorte identiques. Il s’agit plutôt de souligner que leur signification historique présente des similitudes, de la même manière que les élaborations de Marx sur les années 1848-1852 font apparaître des correspondances entre un passé lointain et notre présent actuel. Une véritable révolution historique mondiale a amené Staline au pouvoir et lui a permis de consolider sa capacité à saper ce même accomplissement révolutionnaire. Comme Marx le noterait dans “Le dix-huit Brumaire”, cependant, une appréciation hégélienne de la façon dont "des faits et des personnages de grande importance dans l'histoire du monde se produisent, pour ainsi dire, deux fois", doit être analytiquement située en comprenant que cette répétition se produit "la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce". Si le Thermidor contre-révolutionnaire de Staline était effectivement tragique, la présidence farfelue de Trump, précédée et en quelque sorte assurée par la soi-disant révolution Reaganienne et son assaut idéologique sur l'économie keynésienne, le démantèlement des États de régulation et de protection sociale, la réification du marché en tant que structure déterminante de la vie quotidienne et le redécoupage en sa faveur des circonscriptions électorales, est aussi capable de produire des résultats véritablement tragiques, comme sa gestion calamiteuse de la crise du Covid.

Comme Staline, cependant, Trump pourrait bien, étant donné son régime erratique et narcissique, faire sauter les fondations posées par ses prédécesseurs, qui ont préparé le terrain que Trump est maintenant prêt à tailler et à brûler. Contrairement à Staline, cependant, Trump n'a ni l'enracinement solide dans les conditions qui l'ont amené au pouvoir, ni la longévité probable qui est nécessaire pour maintenir l'autorité pendant des décennies. Le règne destructeur de Staline a duré si longtemps précisément parce qu'il a été identifié aux conséquences populaires de la Révolution de 1917 ; il a réussi à aligner son appareil de gouvernement sur l'héritage de Lénine, mais a perverti cette congélation idéologique ; il a consolidé un appareil d'État et de parti qui comprenait les forces de sécurité et l'Armée rouge ; et il s'est tenu au sommet de la mobilisation héroïque de l'économie planifiée contre le fascisme. Tout cela permit à Staline de vaincre ses adversaires et de cultiver le personnage du leader résolu du peuple soviétique. Cependant, son leadership était diamétralement opposé à celui de ceux qui, comme Lénine et Trotsky, ont mené la lutte pour créer le premier État ouvrier du monde. Né de la révolution, Staline a soutenu la contre-révolution. Il a répudié la possibilité d'une révolution mondiale en se retranchant dans un dogme du socialisme dans un pays, consolidant un régime tyrannique qui, au moment des procès de Moscou de 1937-1938, avait liquidé tout le corps des bolcheviks révolutionnaires qui avaient vaincu l'autocratie tsariste et jeté les bases d'une possible société socialiste. L'atout, comparé à Staline, est une farce précisément parce qu'il lui manque quelque chose qui pourrait de loin se comparer à l'expérience historique qui a donné naissance à Staline et que Staline a finalement pervertie. Le slogan des Trumpistes : "Le capitalisme dans un seul pays", n'a pas tout à fait le potentiel unique et galvanisant pour rallier les adhérents comme l'a fait le "Socialisme dans un seul pays" de Staline. Malheureusement, cela n'affaiblit pas nécessairement la capacité de Trump à influencer un tournant historique vers le tragique. Car la volatilité de Trump pourrait bien imploser de manière à ouvrir la boîte de Pandore de la destruction du capitalisme tardif. Staline et Trump partagent tous deux ce que Trotsky a appelé "l'instinct presque infaillible" du premier pour élever "l'art de manipuler les antagonismes personnels ou de groupe à de nouveau x sommets". Mais dans le cas de Trump, cela a un coût pour les prétentions de la démocratie bourgeoise, fait appel à toutes sortes de "bonnes gens" peu recommandables, et fait naître le spectre des guerres d'usure. Comme les républicains conservateurs associés au projet Lincoln ne le savent que trop bien, Trump menace en fait ce qu'ils chérissent et souhaitent continuer : la promesse réactionnaire du néolibéralisme, la gouvernance par l'austérité, et la suppression de tous les défis d'opposition montés par les syndicats et les coalitions de toutes sortes de minorités exigeant, non pas la limitation des droits libéraux, mais leur expansion. Ce n'est pas que Trump s'oppose à tout cela, ce qu'il ne fait pas, mais que sa poursuite flagrante de son propre intérêt, son refus cynique de respecter les règles du jeu et sa volonté de précipiter l'économie politique américaine dans un chaos sans fin, exposent le projet conservateur au ridicule et fomentent une instabilité contre-productive. Trump et Staline, tous deux à leur manière, et dans des circonstances et des calendriers de possibilités très différents, ont dévoré et sont en train de dévorer leurs aînés, ceux qui ont créé les conditions qui ont amené ces deux agents de destruction au pouvoir. Les jeunes seront enlevés plus tard. Si Staline, selon l'évaluation de Trotsky, a cultivé l'appareil bureaucratique qui constituait "la première étape de la restauration bourgeoise", l'imprévisibilité de Trump et sa gouvernance par le désordre pourraient bien, si on leur permet de continuer, renverser la contre-révolution du capitalisme d'après 1973. Ce ne sont pas les soi-disant "socialistes" de l'opposition du Parti démocratique que des éléments importants de la classe dirigeante craignent pour le moment, car ils peuvent être assurés qu'une direction de Joe Biden-Kamala Harris étouffera toute alternative "progressiste" dans l'œuf, comme c'est d'ailleurs le cas actuellement. La classe dirigeante ne tremble pas non plus dans ses bottes face aux menaces d'une mobilisation anarchiste Antifa. C'est plutôt l'anarchie plus générale d'une administration de la Maison-Blanche qui passe d'un scandale épisodique et d'une crise politique sans gouvernail à l'autre qui est devenue de plus en plus inquiétante pour elle.

Rares sont ceux qui auraient prédit que Staline ou Trump graviraient les hauteurs qu'ils ont réussi à gravir. Le « dernier testament » supprimé de Lénine, écrit pendant une maladie en décembre 1922 et janvier 1923, résumait les sérieuses inquiétudes du dirigeant bolchevique concernant les risques d’offrir la direction du parti à Staline. Les échecs personnels de Staline, identifiés par Lénine comme étant les résultats de sa “grossièreté”, de son intolérance d’et une volonté inconvenante d'exercer une autorité illimitée étaient intolérables chez un dirigeant d'un État révolutionnaire naissant, et Lénine a appelé ses vieux camarades bolcheviks à déposer, en fait, Staline. Comme le “Staline” de Trotsky le rend tout à fait clair, son ennemi était médiocre intellectuellement, et n’avait joué qu’un petit rôle dans la révolution de 1917, mais il était doué de “volonté et ambition… [, une] fermeté de caractère, sournoiserie, étroitesse des perspectives, et impitoyable envers les adversaires”. De telles caractérisations s'appliquent également à Trump, comme le montrent très clairement un certain nombre de commentaires électoraux pré-2016 de la part des républicains traditionnels. Même au pouvoir, et avec une base électorale solide et entièrement à sa dévotion, Trump est de mauvaise humeur, car il sait qu’il est entouré de gens qui sont arrivés au pouvoir avec lui, sans pour autant le respecter, et que ses assistants de la Maison Blanche et ses futurs gestionnaires sont une source infinie de fuites et de plaintes clandestines calculées. Trotsky a noté des débuts de Staline en position d'autorité qu'il marchait alors “à travers le Kremlin en boudant, comme Ivan le Terrible… Staline n'est même pas aimé de son entourage immédiat.”

Considérez trois façons dont les pratiques de Trump et de Staline convergent.

1."Je choisirai les meilleures personnes pour mon administration."
Donald Trump, septembre 2016.

L'une des façons dont Staline et Trump ont rationalisé leur montée au pouvoir a été de détourner les critiques de leurs défauts évidents et de leur apparente incapacité à diriger leurs sociétés respectives. Ils ont promis qu'ils s'entoureraient des capacités et des talents disponibles. Ayant consolidé une caste bureaucratique en 1929, Staline assura néanmoins à ceux qui s'interrogeaient sur l'état de son administration qu'au début des années 1930, celle-ci comprenait "nos meilleurs industriels, nos meilleurs coopérateurs, nos meilleurs militaires, nos meilleurs propagandistes, nos meilleurs agitateurs, nos meilleurs experts des fermes soviétiques, nos meilleurs experts des fermes collectives, nos meilleurs experts de l'économie paysanne individuelle, nos meilleurs experts des nationalités de l'Union soviétique et de la politique nationale". En moins d'une décennie, Staline avait liquidé tous ces experts, les "meilleurs" étant soit arrêtés, soit envoyés par chemin de fer au goulag, soit exécutés. Les meilleurs de Trump ont mieux réussi, bien qu'ils n'aient pas été épargnés par les humiliations des exigences de leur supérieur ; ils passent des tests de loyauté répétés. L'échec sur ce front n'est pas compensé. Libérés de l'obligation de faire face au peloton d'exécution, beaucoup ont simplement été licenciés de façon ignominieuse. "Tout ce dont Staline avait besoin était une excuse ou un but politique approprié pour les exterminer et se venger de leur médiocrité", conclut Trotsky dans un passage qui, s'il est dépouillé de sa référence à l'élimination physique des administrateurs, semble résumer quelque peu le rapport de Trump à l'expertise.

2. «Il n'y a jamais eu une administration aussi ouverte et transparente.»
Donald Trump, mai 2019.

La transparence de Trump à la Maison Blanche, bien sûr, est construite sur le sable des mensonges, des distorsions et des déclarations calculées pour détourner et désorienter. En juillet 2020, le Washington Post a calculé que le président avait fait plus de 20 000 déclarations fausses ou trompeuses. C'est un axiome de notre époque que les hommes politiques mentent, nous amenant à penser que cette tromperie est un droit de passage dans les couloirs du pouvoir d'État, le recours instinctif à la fausseté étant une sorte de risque professionnel des représentants du système électoral. Les mensonges de Staline, et le carnage qu'ils ont fait subir, seraient difficiles à reproduire, et la volonté de Trump d'étirer la vérité bien au-delà de tout point de rupture raisonnable est d'une toute autre ampleur, moins conséquente. Néanmoins, le commentaire de Trotsky sur Staline semble correspondre parfaitement aux perversions de Trump qui consiste à parler honnêtement : "... à chaque étape, son mensonge sert son but à un moment donné. Il n'est pas gêné par les événements d'hier ou de demain ; il calcule sur la mémoire courte de la majorité et sur l'impossibilité physique de la minorité de réfuter publiquement ses fausses déclarations".

3. «Je suis un génie très stable.»
Donald Trump, juillet 2018.

Les pathologies de Staline et de Trump convergent dans leur narcissisme. Aussi risible que cela puisse être, les deux hommes étaient / sont consumés par la promotion de leur intelligence stellaire. Les récits pathétiques de Trump sur sa brillante capacité à maîtriser un test cognitif de base - bien que certains aient suggéré qu'il avait presque certainement échoué - et son étonnante volonté de se proclamer "génie stable" devant une assemblée de journalistes ont été précédés par l'insistance de Staline à faire reconnaître son génie par ceux qui l'entouraient. Pour Staline comme pour Trump, il y a eu beaucoup de personnes prêtes à s'incliner devant eux, le genre de matériel humain que Trotsky appelait "des gens accidentels et de second ordre qui ont maîtrisé l'art de la manœuvre bureaucratique". Mais parmi les bolcheviks les plus anciens ayant une longue connaissance de Staline, il y avait ceux qui étaient incrédules. Un dissident proclamait à un autre révolutionnaire : "Il veut que je le considère comme un 'génie'!" Un autre, enraciné dans le cercle restreint de Staline, déclarait : "Je fais tout ce qu'il m'a demandé de faire, mais ce n'est pas suffisant pour lui. Il veut que j'admette qu'il est un génie". Trotsky pensait que les prétentions de Staline coïncidaient avec les besoins d'une caste dirigeante qui s'était "séparée du peuple" et qui avait besoin d'un "surhomme bonapartiste et d'un demi-dieu infaillible pour la représenter". Trump a été incapable, non sans avoir essayé, de consolider une telle caste, sa famille et une cohorte de larbins s'y substituant. Les sénateurs républicains élus, un peu lâches certes, ont les attributs d'une telle caste politique. Mais ils sont trop redevables au processus électoral pour constituer véritablement une couche de soutien permanente, ce qui est le mieux établi dans les bureaucraties d'État que Trump cherche à déséquilibrer pour tout ramener à lui. Aussi décisif que soit cet échec à consolider une caste bureaucratique, il n'a pas diminué la confiance avec laquelle Trump, depuis son podium, proclame que lui seul peut redresser le navire du capitalisme innovant et rendre l'Amérique à nouveau grande. Cela rivalise d'audace avec Staline.

Petits tyrans

Rien de tout cela ne veut dire grand-chose. Cela confirme l'évidence: les dirigeants autocratiques se comportent de manière despotique et la démocratie bourgeoise peut nous donner de petits tyrans aussi facilement qu'un État ouvrier en voir de dégénérescence. Si je me méfie des tentatives de localiser le pouvoir de Trump, comme celui de Bonaparte, dans le lumpen-prolétariat, une partie de mon scepticisme réside dans la reconnaissance du fait que pour chaque contingent de Boogaloo Boys et de miliciens d’extrême-droite se déchaînant pour Trump, il y a un milliardaire en train de doubler sa fortune et des centaines d'avocats, de comptables, de traders et de commerçants prêts à acheter le pacte avec le diable qu’on leur tend. Ces dernières forces sont plus décisives pour soutenir Trump - et l'alt-right, comme Steve Bannon le dit très clairement - que les troupes de choc plus clairement regroupées qui continueront sans aucun doute à porter le chapeau “Make America Great Again” et à étendre la politique de la peur et de la haine aux USA. L'importance ultime de Trump est qu'il est prêt à faire sauter la Constitution, la présidence, l'économie américaine et une partie de la population, franchissant les lignes de classe et les marqueurs idéologiques de séparation pour le faire. Si cette insouciance des règles et de la morale attire des éléments tout au bas de la pyramide des classes américaine, c'est parce que le lumpen-prolétariat a toujours contenu des gens qui graviteront autour des expressions extrémistes de la mobilisation politique.

Ce que Trump pourrait bien faire exploser, ce ne sont pas tellement les “tables de la loi” de l'exceptionnalisme américain que beaucoup défendent, y compris un secteur important de la gauche autoproclamée. Les garanties constitutionnelles tant vantées qu'il viole quotidiennement sont restées lettre morte en ce qui concerne le bien-être de la grande majorité de la population des États-Unis, et ce depuis des générations. Ceux qui chérissent les attributs de la démocratie bourgeoise et qui tiennent pour sacro-saint le symbolisme de la Maison Blanche aux mains du Peuple que Trump déploie dans une manipulation politique grossière, pourraient réfléchir aux hommes et aux femmes qui ont siégé dans cet édifice et qui ont perpétré une multitude de crimes contre l'humanité, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international. Dans leurs rangs figureraient Kissinger et Nixon, bien sûr, mais avant eux, il y a eu les aventures orchestrées par Kennedy et Johnson comme le fiasco de la Baie des Cochons ou des campagnes encore plus meurtrières, dont le carnage impérialiste de la guerre du Vietnam. Les administrations ultérieures, comme celles des deux Bush, Reagan, Clinton et même Obama, ont beaucoup à expier. Trump est épouvantable, et on ne peut le nier, comme le reconnaissent aujourd'hui même les républicains ayant un minimum de conscience. Colin Powell, John McCain et Mitt Romney n'ont rompu avec Trump qu'à contrecœur, leurs instincts conservateurs s'en tenant fermement à des "principes" qui laisseraient les riches plus riches, les pauvres aussi calomniés, marginalisés et maltraités que jamais, et le monde soumis aux coercitions de la puissance capitaliste américaine.

La question qui se pose est : les démocrates avec le duo Biden-Harris à leur tête seront-ils la réponse ? La crainte que quatre années supplémentaires de Trump mettent fin à l'expérience capitaliste américaine telle que nous la connaissons est fondée sur la compréhension de ce qui est à perdre. Il est probable qu'avec une victoire de Trump, les antagonismes raciaux continueront de s'aggraver, que les réformes acquises au cours de plus d'un siècle de lutte autour des droits civils et du travail, de l'émancipation des femmes et de toute une série d'autres préoccupations importantes, notamment les droits des LGBTQ, seront abandonnées, que l'État-providence sera démantelé et que la planète sera livrée au banditisme environnemental. Des signes inquiétants montrent ce qui nous attend : les personnes nommées à la Cour suprême se sont précipitées dans la mêlée, trop prêtes à annuler le droit des femmes à choisir et à saborder tout soutien au droit à des soins de santé décents. Les exécutions policières de manifestants soupçonnés d'avoir tué des militants de droite, quelle que soit la menace qui pèse sur leur propre sécurité, sont non seulement défendues par Trump, mais justifiées comme une "rétribution" nécessaire. Roger Stone, l'escroc de Trump, appelle à l'insurrection si son “padrone” est défait aux élections. Il y a bien sûr des segments du lumpen-prolétariat prêts à se rallier à cet appel des temps modernes aux barricades, mais ceux qui financent et profitent de cette bagarre, qui mènent le combat dans son déroulement anarchique, sont plutôt une ploutocratie paillarde.

Tout cela est une très mauvaise nouvelle. Elle écrase ce qui reste de la gauche dans les bras du parti démocratique majoritaire. Malheureusement, cependant, alors que la continuité de l'entreprise capitaliste américaine sous Biden et Harris promet un soulagement immédiat de ce cauchemar du Trumpisme, elle reporte l'Armageddon plutôt que de renverser notre marche vers celui-ci. Sous la bannière à peine reconnaissable de "Build America Back Better", Biden-Harris offre, au mieux, une alternative légèrement sociale-démocrate à "Make America Great Again" de Trump, aussi impuissante dans son opposition qu'elle est tiède dans son incapacité politique à faire bouillir la marmite contemporaine des relations de classe. Il est certain que l'argumentaire des champions de l'inclusion Biden-Harris change de Trump. Les vertus du syndicalisme sont vantées, même si le mouvement syndical a été largement neutralisé. On proclame un engagement en faveur de la guérison raciale et de la justice sociale équitable, mais les soutiens économiques nécessaires à la mise en œuvre effective de cette bonne intention ne sont que vaguement évoqués et ont peu de chances d'être réalisés. Le fléau de notre époque, COVID-19, sera sans aucun doute traité avec plus de science et moins de battage publicitaire autour de l'hydroxychloroquine ; il y aura des masques et il y aura une distanciation sociale. Mais sans un programme national de santé du type de celui qu'a exigé Bernie Sanders, et que Biden-Harris refuse, comment peut-on lutter contre toute pandémie jusqu'au point mort ?

L'ultime farce de Trump, qui consiste à dénoncer le dangereux socialisme de Biden-Harris, pourrait bien s'avérer tragique en soi. Avec l'abandon de solutions de rechange substantielles de gauche dans la ruée pour éviter la menace d’un déraillage du train mené par Trump, la course à la barbarie ne sera pas inversée, malgré toutes les prétentions des Biden-Harris à être des “meilleurs constructeurs” ("Build America Back Better") que Donald Trump . Un capitalisme plus gentil, plus humain, mais toujours exploiteur, en crise, autour duquel de nombreux gauchistes semblent maintenant se rallier, ne pourra jamais, en dernière analyse, être la réponse.

Bryan Palmer 28 septembre 2020
https://socialistproject.ca/2020/09/trump-emperor-of-lumpen-proletariat/

Notes de fin

  1. Voir, par exemple, Marcel van der Linden, Workers of the World: Essays to a Global Labour History (Leiden et Boston: Brill, 2018), 10, 21-27, 267, 298; Frank Bovenkerk, «La réhabilitation de la populace: comment et pourquoi Marx et Engels ont mal dépeint le Lumpenproletariat comme une force réactionnaire», The Netherlands Journal of Sociology , 20 (n ° 1, 1984), 13-41; Pierre Caspard, «Aspects de la luth des classes en 1848: le recrutement de la Garde nationale mobile», Revue Historique , 511 (juillet 1974), 81-106; Charles Tilly et Lynn H. Lees, «The People of June, 1848», dans Roger Price, éd., Revolution and Reaction: 1848 and the Second French Republic (New York: Harper and Row, 1975), 170-209.

  2. Voir, pour une explication, Peter Hayes, « Utopia and the Lumpenproletariat: Marx's Reasoning in The dix-huitième brumaire de Louis Bonaparte », Review of Politics , 50 (été 1988), 445-465.

  3. Voir, par exemple, Michael Denning, «Wageless Life», New Left Review , 66 (novembre-décembre 2010), 79-87; Bryan D. Palmer, « Reconsidérations de classe: la précarité comme prolétarisation », dans Leo Panitch, Greg Albo et Vivek Chibber, éds., Socialist Register, 2014: Registering Class (Londres: Merlin, 2013), 40-62; Harvey Swados, «Le mythe du travailleur heureux», The Nation , 17 août 1957, 65-67.

  4. Mike Davis, « Le grand dieu Trump et la classe ouvrière blanche », Catalyst , 1 (printemps 2017), esp. 166-167, citant The Economist , 5 novembre 2016.

  5. Leon Trotsky, Stalin: An Appraisal of the Man and His Influence , édité et traduit par Alan Woods (Londres: Wellred Books, 2016).

Bryan D. Palmer est l'auteur de Revolutionary Teamsters: The Minneapolis Truckers 'Strikes of 1934 (Chicago: Haymarket, 2014), co-auteur de Toronto's Poor: A Rebellious History , James P. Cannon and the Emergence of Trotskyism in the United States , 1928-1938 (à paraître), et ancien rédacteur en chef de la revue Labor / Le Travail . Il est professeur émérite, Université Trent, Peterborough, Ontario.