Tsipras veut limiter le droit de grève, une correspondance de Constant Kaïmakis

Depuis l'été 2015, Alexis Tsipras, devenu premier ministre à l'issue des législatives de janvier 2015, fait face à une très forte contestation. La décision de ne pas respecter la décision des électeurs grecs, lorsque 60% des électeurs s'étaient prononcés, par référendum, contre le plan d'austérité proposé à la Grèce par ses créanciers a bien sûr pesé sur la popularité de Syriza. Depuis cette volte-face, Alexis Tsipras a multiplié les concessions à la troïka, cette atteinte au droit de grève n'en étant qu'un exemple de plus.

C’est par surprise, avec le dépôt de trois amendements non prévus à l’Assemblée hier, que Alexis Tsipras a souhaité limiter le droit de grève des syndicats et ainsi mis le feu aux poudres. Immédiatement les syndicats ADEDY (Confédération des syndicats des fonctionnaires publics), PAME (Front militant de tous les travailleurs) et de nombreux syndicats de base ont appelé à une riposte massive ce matin. À midi, le rassemblement prévu place Klafthmonos [« place de la Lamentation »], nommée ainsi car elle était la place de rassemblement des fonctionnaires grecs au XIXe siècle, licenciés après chaque élection ndlr], comptait des centaines de manifestants en colère et très déterminés. Ils ont marché vers le Ministère du Travail où ils se sont attaqués au système de fermeture et ont réussi à envahir le hall du ministère. Les affrontements avec les forces de police ont été très violents (cf vidéos jointes en annexe à cet article). D'autres manifestants ont tenté alors de se rendre chez le premier ministre, où ils ont été violemment reçus par les forces anti-émeutes à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. 

La manifestation a continué vers le Parlement où des étudiants et des syndicats de base ont tenté de déborder les policiers de garde pour rentrer dans l’Assemblée (cf. vidéo). La police a là aussi riposté violemment avec une pluie de gaz lacrymogènes. Ces amendements limitant le droit de grève ont rendu furieux les syndicalistes : selon la nouvelle loi, il faudrait 50% + 1 des votes pour qu'un syndicat puisse déclencher une grève. La loi actuelle dit que seulement 20% des membres du syndicat sont nécessaires pour décider de se mettre en grève. La confusion a régné dans les rangs des députés et du gouvernement avec une forte pression de la droite de Nouvelle démocratie (parti conservateur, fondé en 1974 par Konstantínos Karamanlís) sur Syriza… Au point qu’on parlait de retrait des textes incriminés ce matin dans les couloirs du Parlement. Cependant, se débarrasser de la restriction du droit de grève, sur la base d'un vote à 50% + 1 n'est pas facile, car le gouvernement grec a déjà fait part de sa décision à Bruxelles… Les syndicats du secteur public et privé ont annoncé une grève générale de 24 heures le 14 décembre prochain.

Constant Kaïmakis, le 5 décembre 2017

Constant Kaïmakis est membre du collectif gardois SoliGrecs, collectif citoyen, solidaire de la résistance du peuple grec contre l'austérité économique.