En route pour la 16e édition de Drawing Now

Drawing Now Art Fair aura lieu du 23 au 26 mars 2023 au Carreau du Temple. Pendant quatre jours, sur les deux niveaux du lieu, 73 galeries internationales exposeront la diversité du dessin contemporain, d’aujourd’hui comme des 50 dernières années - avec quatre points essentiels : focus du Prisme du féminin, Parcours Parallaxe, mise à l’honneur des artistes de BD et Prix Drawing Now.

Mircea Cantor, Untitled, 2017, spay sur tatami, 120 x 170 cm, courtesy de l'artiste et Dilecta

« Le prisme du féminin : machines, ovocytes, fils, potions » : 1 exposition, 3 lieux, 3 temporalités

L’exposition se déroulera sur 3 lieux à l’occasion de la 16e édition de Drawing Now Art Fair et sous le commissariat de Joana P. R. Neves :

— au Carreau du Temple à Paris, 23 — 26 mars 2023 ;
— à la Maison de la Culture d’Amiens, Comme un rêve de lointain de Tania Mouraud curatée par Joana P. R. Neves, 8 avril — 20 mai 2023 ;
— et au Frac Picardie à Amiens, une invitation à Sarah Tritz, Antoine Mendes et Louise Alksiejew, 8 avril — 3 juin 2023.

Louise Aleksiejew, Placard (Kogelnik), 2020. Graphite sur papier Canson, 24 x 32 cm © Collection Frac Picardie

Avec : Louise Aleksiejew, Karina Bisch, Pierrette Bloch,  Chardon, Edith Dekyndt, Hélène Delprat, Rachel Duckhouse, Lise Duclaux, Marlène Dumas, Elika Hedayat,  Jan Hopkins, Agnes Martin, Antoine Medes, Myriam Mihindou, Vera Molnár, Tania Mouraud ,Paul Pagk, Raphaëlle Peria, Judit Reigl, Stéphanie Saadé, Sarah Tritz.  

Si l’histoire de l’art a souvent oublié la place importante occupée par les femmes artistes, l’exposition Prisme du féminin rend hommage à certaines d’entre elles, ainsi que quelques hommes, qui à travers leur œuvre dessinée ont pu avoir un rôle déterminant et même pionnier. Tania Mouraud, par exemple, est considérée, avec tendresse, comme la grand-mère du Street Art. Vera Molnar est une pionnière de l’emploi systématique de l’informatique dans le dessin. Pierrette Bloch, quant à elle, a utilisé le fil de crin, dans un clin d’œil à la couture, comme ligne matérialisée du dessin, ou même de l’écriture. La calligraphie, un art qui en Europe est plutôt considérée comme ornementale, domaine propre aux femmes, est aussi une part importante de cette exposition. Elle est employée pour dévier la logique de la parole et partir ainsi dans une créativité qui se serait plus bridée par la raison, entendue comme une part masculine de la société, employée pour en exclure les femmes, dont l’hystérie les empêchait, considérait-on, d’être opérationnelles.

Qu’est-ce que le féminisme et le dessin peuvent-ils avoir en commun ? Est-ce que les femmes hantent le territoire du dessin, plus proche des pratiques dites féminines comme les soins, les rituels du quotidien, les remèdes improvisés ? Et, inversement, est-ce que les espaces féminins traditionnels occupent une place dans le dessin contemporain, à présent explorés par des artistes hommes, femmes ou non-binaires? Le dessin contemporain a en effet renversé cette tradition patriarcale d’enfermer la femme dans le domestique pour la rendre pionnière dans beaucoup de dimensions telles que la technologie ou l’activisme.

Joana P. R. Neves, directrice artistique de Drawing Now Art Fair et commissaire de l’exposition Le prisme du féminin.

+  Un programme de performances autour de 3 artistes femmes

Stella Geppert « La modulation sismographique » 22 mars 2023, 17h et 25 mars 2023, 15h
« La modulation sismographique » est dédiée aux organes humains pour retrouver une relation empathique avec l’environnement et les autres espèces. Dans le cadre d’un massage, des sons et des gestes spécifiques stimulent et activent les organes de l’extérieur. Le support d’image est comme une membrane entre les surfaces du corps et devient en même temps une mémoire des champs de contact et des ondes.

Wura-Natasha Ogunji « Until you can’t » 24 mars 2023, 15h
« Until you can’t » est une pièce de performance où l’artiste explore les limites de sa propre physicalité à travers les gestes simples du sourire et du baiser. La pièce poursuit l’intérêt d’Ogunji pour la beauté, le pouvoir et les limites de la lutte.

Elika Hedayat Dessin in-situ 22 mars 2023
Un dessin produit au sein du salon avec de l’acrylique noir, du crayon/ fusain et de la chevelure naturelle (brune). La chevelure évoque le combat actuel des femmes iraniennes, et prendra des formes de fils et de traits abstraits dans l’espace trois dimensionnel du dispositif de la performance.

Julie Doucet, athletic attractive, 2000. Encre de couleur sur papier, 19 x 14 cm © courtesy Galerie Anne Barrault.jpg

Drawing Now met à l’honneur les artistes de bande-dessinée !

Plusieurs galeries présentent des dessins de bédéistes reconnus, qui explorent plusieurs langages, de la vignette au dessin expérimental en passant par l’animation, avec une majorité de femmes, notamment la pionnière canadienne Julie Doucet.

Roxane Lumeret chez Modulab
« [...] Si Roxane Lumeret a étudié l’art de l’illustration, elle en a une conception trop singulière pour que son œuvre puisse être réduite aux mécanismes de cette discipline même complexe. L’art contem- porain comprend d’ailleurs de nombreux cas allant de Raymond Pettibon à Pierre La Police en pas- sant par David Shrigley, autant d’auteurs qui ont su réaliser une œuvre embrassant ces catégories. Roxane Lumeret privilégie la relation image – texte. L’écart entre le dessin et le texte est à la mesure de la gêne que l’ensemble est susceptible de provoquer chez un lecteur pris dans un dispositif où l’indéfinition du sujet est garante de l’intimité de cette conversation que chacun saura reconnaitre. L’humour noir de Roxane Lumeret n’est pas sans rappeler celui de Daria Morgendorfer ou de Jade Lane. En jouant des conventions graphiques, linguistiques et culturelles, l’artiste aime aborder les su- jets graves et légers en rappelant que ces conventions et sujets scellent la communauté́ des hommes et des femmes. [...] » extrait du texte de Julien Fronsacq

Lorenzo Mattotti, Cérémonies Intimes, 2020 - 2021. Crayon et pastel de couleur sur papier, 30 x 30 cm © Courtesy Galerie Martel

Lorenzo Mattotti chez Martel
« Je me suis rendu compte que pour arriver à donner l’idée de mouvement dans une image arrêtée, il fallait parvenir à enlever ce qui est superflu pour ne conserver que la tension extrême du trait et de la forme. Par la composition, l’imbrication des formes et des couleurs, on parvient alors à créer une tension particulièrement forte dans le dessin. » Voilà ce que déclare Lorenzo Mattotti, artiste Italien qui vit et travaille à Paris, lorsqu’on l’interroge sur l’énergie qui se dégage de ses dessins. C’est son sens du trait comme de la couleur qui a permis à l’artiste de construire son oeuvre aux facettes multiples – bande dessinée, cinéma d’animation, peinture, dessin – en façonnant au gré de ses propres expériences, un langage unique. Le dessin de Lorenzo Mattotti est une perpétuelle vibration: l’onde de sa «ligne fragile» réduite à son essentialité, les remous tourmentés de son puissant clair- obscur ou la sinuosité de sa palette chromatique. Rien ne peut enceindre l’art de Mattotti, son dessin est transversal, en expansion.

Elene Usdin, Planche originale Nightmare Motel, 2022. Aquarelle et gouache sur papier, 30,5 x 40,5 cm © Elene Usdin

Elene Usdin chez Barbier

Elene Usdin est une artiste française protéiforme. D’abord peintre pour le cinéma, illustratrice et photographe, elle est désormais autrice de bande dessinée.  Cette multidisciplinarité se traduit par une grande liberté dans sa pratique du dessin. Ses récits, nourris par ses rêves, ont la puissance des histoires personnelles que le talent rend universelles.  Née à Paris en 1971, Elene Usdin fait ses études à L’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) dont elle sort diplômée en 1996. Elle débute comme peintre pour le cinéma (Pola X de Léos Carax), puis devient illustratrice pour la presse et l’édition jeunesse (Elle, Télérama, Mila éditions, Actes Sud). La photographie arrive rapidement comme nouveau moyen d’expression : elle crée des affiches pour l’Opéra National du Rhin de 2004 à 2009 et réalise de nombreux projets pour la mode et la presse. Elene Usdin est récompensée en 2006 par le Prix Picto de la Photographie de Mode, exposée aux Rencontres internationales d’Arles la même année et reçoit en 2008 une mention à l’international Photo Award.
En plus d’une exposition au Museum of New Arts de Detroit, ville qui la fascine, ses projets sont régulièrement exposés à Paris Photo et à Art Paris avec la galerie Esther Woederhoff.  Puis vient la bande dessinée, R_e_n_é._e_ _a_u_x_ _b_o_i_s_ _d_o_r_m_a_n_t_s_ _(ed. Sarbacane, 2021), roman graphique impressionnant traité à l’aquarelle et la gouache qui remporte le grand prix de l’ACBD en 2022 et le prix révélation graphique Artémisia 2022.
Elene vit actuellement entre Paris et Montréal et travaille à son second album, co-scénarisé par son fils et pour la création duquel elle a obtenu une résidence à la villa Médicis de Rome au printemps 2023.

Julie Doucet chez Anne Barrault
Julie Doucet est née en 1965 au Québec. A partir de 1988, elle crée son premier fanzine « Dirty Plotte », aujourd’hui devenu culte. A cette époque, elle réalise des oeuvres de bande dessinée dans un contexte où ce sont en majorité des hommes qui en publient. Elle participe ainsi à l’émergence de l’auto-fiction dessinée. En 1990, le fondateur de la maison d’éditionmontréalaise Drawn and Quarterly, Chris Oliveros, publie Dirty Plotte sous forme de comic-book. C’est le point de départ d’une reconnaissance importante pour Julie Doucet, qui est alors admirée par des auteurs tels que Robert Crumb, Charles Burns ou encore Art Spiegelman. À partir de la même année, son travail est publié en France par L’Association, maison d’édition de bande dessinée alternative cofondée par le bédéiste Killoffer : il y aura notamment l’ouvrage collectif Logique de Guerre Comix (1990), le recueil Ciboire de Criss ! (1995), l’ouvrage Monkey and the Living Dead et trois autres1. En 1991, elle reçoit le prix Harvey best new talent. Elle émigre un temps à New York, revient à Montréal, part vivre quelques années à Berlin avant de rentrer à nouveau à Montréal. Les années 1990 l’ont vue s’éloigner de la bande dessinée. Elle se consacre ensuite à d’autres arts, dont la poésie, le roman-photo, la gravure, la linogravure, la sérigraphie et les collages. Elle passe aussi par la microédition. Elle ne quitte cependant pas le dessin et crée notamment un Journal, composé sur une année de dessins autobiographiques quotidiens. En 2022, elle reçoit le grand prix du festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Une grande exposition aura lieu dans plusieurs villes en France en 2023.

Alice Saey, Bijou, Recherches pour film Careful. Encre sur papier, 40,2 x 29,7 cm © Courtesy Galerie Miyu et de l’artiste

Cyril Pedrosa, Florent Morin et Alice Saey chez Galerie Miyu
Pour sa deuxième participation à Drawing Now, la Galerie Miyu a choisi de présenter le travail de quatre artistes provenant de la scène de l’animation contemporaine : l’artiste israélienne Rachel Gutgarts, ainsi que les français.es Florent Morin, Cyril Pedrosa et Alice Saey.
L’accrochage pensé à l’occasion de Drawing Now fera coexister œuvres animées et œuvres plastiques et donnera à voir au spectateur la richesse des territoires de la création contemporaine liés à l’animation.
La foire sera également l’occasion de mettre en avant certaines pièces animésmises en ventes simultanément en NFT sur notre espace SuperRare. Première galerie physique au monde à être présent sur la plateforme, la galerie proposera des œuvres existants à la fois sous forme physique, proposées à la vente sur le stand de Drawing Now, et sous forme numérique, en NFT, sur SuperRare. Vendues en un unique exemplaire, la vente se fera soit sur le stand de la foire, soit directement sur la plateforme.

Susanna Inglada, The Fit, 2023. Fusain, acrylique sur papier coloré, collage, 165 x 140 cm © Susanna Inglada et Galerie Maurits van de Laar

 Le parcours Parallaxe

Un nouveau parcours est initié en mars 2023, au sein des différents espaces de la foire.
Intitulé Parallaxe, cette nouvelle proposition permettra au visiteur un regard différent sur le travail d’artistes avec une pratique innovatrice et méritant une mise en contexte.
Le parcours Parallaxe propose ainsi des œuvres qui peuvent enrichir notre regard sur le dessin contemporain, élargissant l’horizon de cette discipline si riche.   Par exemple :
— Dessin apportant un autre regard sur l’œuvre connue d’un artiste, groupe, mouvement ;
— Nouveaux processus de dessin ou emploi surprenant, idiosyncratique, d’une technique de dessin ; — Œuvre explorant un autre médium par le biais du dessin ou vice-versa ;
— Œuvre de dessin remarquable de par la durée de sa production, ou sa dimension, ou sa vision privilégiée sur une tendance de la création contemporaine, que ce soit du point de vue technique ou thématique.

Dan Miller, Untitled, 2020. Acrylique et encre sur papier, 44,5 x 55 cm © Creative Growth

Le Prix Drawing Now : 15 000 €, une exposition et un catalogue

Le Prix Drawing Now accompagne depuis 12 ans la création contemporaine et souligne le rôle défricheur des galeries, en récompensant le travail d’un•e artiste présenté•ée en focus sur le stand de sa galerie lors de Drawing Now Art Fair. Six artistes ont été pré-sélectionnés•ées sur dossier par le comité artistique parmi les artistes de moins de 50 ans présentés•ées en focus par les galeries. Leur nom a été annoncé au Drawing Lab lors du vernissage de l’exposition « Nous qui désirons sans fin » de Karine Rougier, lauréate du Prix Drawing Now 2022, le 19 janvier 2023. Le nom du•de la lauréat•e sera annoncé le mercredi 22 mars à 18h30, le jour d’ouverture de Drawing Now Art Fair.

Les 6 artistes nommés•ées sont :

— Suzanne Husky, née en 1975, représentée par la Galerie Alain Gutharc
« Anti-capitaliste, anti-patriarcale et écoféministe, Suzanne Husky n’en est pas moins ministre ! Au sein du Nouveau Ministère de l’agriculture, qui mène campagne depuis 2016 par le vecteur de performances et vidéos dressées contre l’agrobusiness, militant pour un programme d’alliance humain-nature sur 1 000 ans ! L’artiste franco-américaine, née en France en 1975, est une figure incontournable d’un art relié au vivant et au politique. Folklore, artisanat, contes, recettes de cuisine, rituels et savoirs oubliés sont ses moyens de prédilection pour renouer avec le monde précapitaliste et avec le vivant. Inspirée de William Morris, l’artisanat (céramique, textile, tapisserie...) côtoie l’art (performance, son, vidéo...) sans nulle hiérarchie. Diplômée de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, Husky est également formée dans les domaines du paysagisme horticole, de la permaculture et de l’herboristerie, autant de savoirs qui irriguent son travail artistique. Constatant que « la domination de la nature et des femmes sont deux parallèles », l’artiste collabore avec la célèbre écoféministe Starhawk. Sa nouvelle série de podcasts, « Ma mère l’Oie » est à l’intersection des contes, de l’agriculture, de l’écologie et de la spiritualité. Face au monde écocide qu’elle combat, Husky crée des formes pacifiques, collectives et mélodieuses. »  (Alice Audoin. )

Suzanne Husky, Quels géo-ingénieurs voulons nous ?, 2022, 60 x 60 cm © Courtesy de l’artiste et de la galerie Alain Gutharc

— Stella Sujin, née en 1983, représentée par Backslash
L’artiste coréenne Stella Sujin questionne l’imagerie trop facilement rattachable à l’idée de la féminité, telles que les fleurs, les vulves, les portraits aux lèvres vermeils, qui façonnent une vision hiératique de la femme. Il est d’ailleurs acquis que seule une femme peut se frotter à ce genre de représentation. Mais afin de parer et distordre ce formalisme trop ancré, Sujin apporte une forme de monstruosité non homogène, fortement inspirée par la notion d’abjection de la philosophe Julia Kristeva qu’elle revendique fortement. L’artiste sublime par une palette ultra dopée toute une iconographie propre, utilisant des images déconcertantes qui poussent le spectateur à réfléchir sur ses propres limites et ses propres réactions. Elle captive par son style unique et les thèmes étonnants qu’elle aborde dans des œuvres aux formats monumentaux ou beaucoup plus intimistes.  Le travail de Stella Sujin a été exposé dans de nombreux pays, notamment au Daejeon Museum of Art en Corée, au Département des Affaires Culturelles d’Ajaccio, au Vestfossen Kunstraboratorium de Norvège, au centre d’art A cent mètres du centre du monde de Perpignan, à la Shoshana Wayne Gallery de Los Angeles, au CICA Art Museum de Gimpo en Corée, au K11 Art Museum de Shanghai, au Onassis Cultural Centre d’Athènes, à la Keumsan Gallery de Hong Kong ou encore au Kunsträume de Cologne.

Stella Sujin, La Sorcière, 2021, aquarelle sur papier, 31 x 23 cm, courtesy de l'artiste et de backslash, Paris

— Marine Wallon, née en 1985, représentée par la Galerie Catherine Issert
Dans sa pratique du dessin Marine WALLON, s’interroge sur l’organisation du paysage et ses possibles distorsions. L’exagération des constituants du paysage par la forme et la couleur, lui permet de créer de nouvelles recherches formelles : liquidités transparentes, imbrications crayon-peinture, gestes frottés, etc. Les paysages ouvrent vers un espace propice à la surprise picturale et à une rêverie synesthésique. On y sent le vent, la nuit, l’extrême chaleur. Tout est permis pour que la couleur apparaisse : moments diurnes et nocturnes sur le même dessin, mélange de strates géologiques pigmentées ou encore reflets aquatiques. La peinture elle aussi dessine : les poils du pinceau, le contour des coulures, les traces de chiffon sur le papier.

Née en 1985, Marine Wallon vit et travaille à Paris. Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2009, son travail a été présenté lors d’expositions monographiques et collectives, à Saint-Paul-de-Vence (Ga- lerie Catherine Issert), à Londres (Stoppenbach & Delestre), à Paris (Under Construction), dans plu- sieurs centres d’art à Annecy (Le Point Commun), Büdelsdorf (Kunstwerk Carlhütte), Vitry-sur-Seine (MAC VAL) et fait partie de plusieurs collections publiques et privées (Collection du Musée du Louvre - Chalcographie), Fondation Colas, Ville de Vitry-sur-Seine - dépôt MAC VAL, Artothèque d’Annecy, Fonds Moly-Sabata).

En 2022, Marine Wallon est lauréate du 11e Prix Jean-François Prat présidé par Patrizia Sandretto Re Rebaudengo. Elle obtient le Prix Moly-Sabata lors du 64ème Salon de Montrouge (2019), le Prix de la Fondation Colas (2020), le 3ème Prix Antoine Marin (2018), le Prix International de peinture Novembre à Vitry (2017), le Prix Print and Paper SMFA Boston, ainsi qu’une bourse Collin-Lefrancq qui lui permet d’étudier à SMFA Boston (2008). Récemment, elle réalise une gravure couleur pour la Chalcographie commandée par le Musée du Louvre et la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais.

Marine Wallon, Point rouge ligne jaune XV, 2022, gouache et pastel sur papier, 45 x 65 cm, courtesy de l'artiste et de la galerie Catherine Issert

— Mircea Cantor, né en 1977, représenté par Dilecta
La pratique du dessin occupe une place essentielle dans le travail de Mircea Cantor. Elle lui est nécessaire. Dans l’atelier, et hors de l’atelier. Le temps qu’il peut lui consacrer étant plutôt rare et entrecoupé, il doit se montrer rapide et précis. Dès 2011, il s’intéresse d’ailleurs aux peintres chinois du XIXe siècle ou aux peintres zen japonais, en particulier pour la vitesse avec laquelle ces derniers parviennent à mettre en forme des idées ou leur sujet. Il découvre aussi les peintures modernes du Kalighat, ces peintures sur rouleau du Bengale en vogue au XIXe siècle. Les peintres devaient alors adapter l’art de la miniature aux contraintes de leur temps – notamment l’essor des pèlerinages –, inventant un style narratif unique et modifiant leur technique pour gagner en rapidité et en virtuosité. C’est cette recherche de la « prima linea », du trait vif et concis imposé par les circonstances, qu’affectionne Mircea Cantor. Une ligne qu’il lui faut « adjectiver », accompagner par l’ajout ou le manque, comme l’écriture d’un poème.

Mircea Cantor, Roumanie, pays des abeilles, 2022, encre de Chine sur papier, 21 x 29,7 cm © Nicolas Brasseur, Courtesy Mircea Cantor et Dilecta

  — Keita Mori, né en 1981, représenté par la Galerie Catherine Putman
Keita Mori tire des fils, au sens propre, pour faire ses œuvres mais aussi au sens figuré, une expérience en amène une autre, les espaces, supports et matières évoluent.
La singularité du travail de Keita Mori tient à sa technique de dessin au fil, de soie ou de coton, qu’il fixe avec un pistolet à colle, sur papier, sur toile ou directement sur les murs. Il exécute ses œuvres à la manière d’un musicien de jazz par l’improvisation et la récurrence de thèmes dans son tracé - maisons, espaces en suspens, architectures, perspectives.
« Bug report », titre générique de la majorité de ses œuvres, est le résultat de l’éclatement des réseaux virtuels comme celui des espaces et des architectures de la société urbaine moderne. Ce qui intéresse l’artiste dans cette idée du rapport d’erreur, c’est l’accident, qui perturbe l’espace et la construction, et finalement donne autre chose.
“Il serait possible de définir le travail de Keita Mori comme des dessins conceptuels architecturaux qui génèrent des « modèles », toutefois, la dynamique vectorielle qui compose ses images s’oppose aux dessins conceptuels conventionnels (...)
Le dessin de Keita Mori n’est pas un simple dessin pour le dessin, ni un dessin indépendant existant isolément du reste du monde. L’artiste vérifie que l’essentiel de la poésie réside dans l’hétéronomie de l’image en invitant à l’intérieur de son univers des phénomènes ainsi que des situations énigmatiques. C’est au travers du prisme de son acte en tant que « dessinateur conceptuel au fil » qu’il continuera à attirer fortement notre attention.”

Keita Mori, Bug report (BR_22_11_10_b), 2022, fil de coton, de soie, de cuivre et tissu sur papier, 196 x 76 cm, courtesy Galerie Catherine Putman

— João Vilhena, né en 1973, représenté par la Galerie Alberta Pane
Diplômé de la Villa Arson, lauréat du prix Rothschild Painting en 2003, João Vilhena a exposé son travail au sein de nombreuses institutions privées et publiques en France, en Italie et à l’étranger (Espagne, Pologne, Turquie).
Le travail de João Vilhena est guidé par l’intérêt qu’il porte au rôle de celui qui regarde. Pour lui, c’est bien le regard qui fait l’œuvre, qui l’active et lui donne du sens. Ses dessins, exécutés avec précision, entament un dialogue entre l’image et les mots. D’une part, il se sert de quelques trucs comme l’illusion d’optique, le trompe-l’œil et l’anamorphose. D’autre part, dans les titres de ses œuvres, il crée des contrepèteries, des anagrammes et d’autres jeux de mots.

João Vilhena, L’amour des corps n°6, 2017, pierre noire sur carton gris, 140 x 100 cm © Courtesy Galerie Alberta Pane et l’artiste

Enfin, on signale Le Printemps du dessin pour lequel depuis 2018, les équipes de la Drawing Society mobilisent les lieux culturels publiques et privés afin de mettre en lumière les actions dessinées qu’ils organisent avec des artistes contemporains.

Celui-ci se déroule sur tout le territoire grâce au partenariat avec Drawing Now Art Fair, le Centre des monuments nationaux (CMN), l’Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques (ADRA), Réseau document d’artistes et les institutions regroupées à Amiens autour du Frac Picardie. Il est soutenu par le Ministère de la Culture. La programmation 2023 sera dévoilée sur place au Carreau du Temple pendant la 16e édition de Drawing Now Art Fair. Pour permettre une meilleure identification de cet événement dès 2023, une identité graphique commune est proposée aux différents participants. La programmation se retrouve sur le site internet www.printempsdudessin.com et sur nos réseaux sociaux (@printempsdudessin sur Facebook et Instagram).

J’ai déjà comme une idée de qui va remporter le prix, mais c’est surtout en suivant notre nez et en faisant le tour des galeries que nous vous proposerons nos coups de cœurs au fil des mois à venir. Dont acte.

Jean-Pierre Simard le 20/03/2023
Seizième édition de Drawing Now 23/26/03/2023

Le Carreau du Temple 4, rue Eugène Spuller 75003 Paris

John Baldessari, 2326 Third Street, Santa Monica, lithographie couleur avec impression sérigraphique, 69,6 x 69,6 cm © John Baldessari