Cinq maîtres de la photographie japonaise chez Sage

Quatre hommes et une femme qui incarnent la grandeur de la photographie japonaise… Avec l'exposition de la galerie Sage, on va redécouvrir un maître des origines avec Ogawa Kazumasa, l'éditeur phare des années 60, Kazuhiko Motomura, retrouver Daido Moriyama, comme la féministe Miyako Ishiuchi et enfin, celui a su rendre par sa dignité, la fierté au Japon après le dernier tsunami, Naoya Hatakeyama.

Apartment #19, 1977-78, Ishiuchi Miyako, gelatin silver print. Courtesy of and © Ishiuchi Miyako

Ogawa Kazumasa  (29 septembre 1860 - 6 septembre 1929) est aussi connu sous le nom de Ogawa Kazuma ou de Ogawa Isshin. Photographe, imprimeur et éditeur japonais, il est au tournant du siècle, le pionnier de la photographie et de l'imprimerie photomécanique.
En 1889, il ouvre le premier atelier de phototypie du Japon, l'Ogawa Shashin Seihan jo. La même année, Ogawa fut éditeur pour Shashin Shinpō (Journal de photographie), seul de cette époque, ainsi que pour le magazine Kokka (Fleur nationale). Il imprima ces deux magazines avec le procédé de la phototypie. C'est un des membres fondateur de la Société photographique japonaise, celle des photographes amateurs de tous les coins du Japon. En 1891, il fut chargé de prendre en photos les 100 plus belles geishas de Tokyo, pour commémorer l'ouverture du Ryōunkaku (le premier gratte-ciel du Japon)

Kasumasa Ogawa Chrysanthemum, (Orange), c. 1897 Chromo-collotype 26 x 38, 6 cm

Shirokiya Nihonbashi Tokyo 1911 Kazumasa Ogawa

Excusez du peu, mais Kazuhiko Motomura est plus connu comme l'éditeur de The Lines of My Hand de Robert Frank ou de certains Moriyama que comme artiste lui-même. Personnage-clé de la photographie japonaise et, parfait connaisseur de la scène internationale, il a aidé à publier et révéler nombre talents.  Exemple avec un cliché de Frank, suivi d'un des siens.

Robert Frank

Naoya Hatakeyama est un des plus remarquables photographes japonais contemporains. Rattachée principalement à l’architecture, son œuvre est formée par une rigueur et un intérêt presque archéologiques.
Le travail de Hatakeyama déploie une gamme de thèmes, de la série consacrée aux paysages et aux architectures liés à la pierre à chaux — Lime Work et Lime Hill (1987-1992), qui évoquent parfois des paysages lunaires ou des scènes préhistoriques — à la série Underground, à travers lesquelles l’artiste poursuit sa recherche sur la tectonique urbaine dans une progression photographique verticale allant de l’air vers les profondeurs du réseau d’égouts de la ville, avec ses effets de lumière presque théâtraux.
En même temps, ses travaux sériels révèlent aussi la présence d’un principe horizontal comme expression de l’importance du temps dans son art — dans les moments fortement explosifs, par exemple, comme dans Blasts (1995/96), photos des détonations dans les carrières, ou dans les tableaux urbains conçus comme des études de temps étendu en 48 ou 72 parties dans ses Unlimited series (1989-1997).

Hatakeyama- série Blast

 

Images fortement contrastées, épreuves granuleuses, cadrages “sauvages”, l’oeuvre de Daido Moriyama semble traversée par une pulsion vitale extrême qui scelle depuis ses débuts, à la fin des années 1960, un refus absolu des normes établies de la prise de vue. Devenu un des plus grands photographes contemporains, il a imposé son esthétique de l’instantané comme sa pratique quasi existentielle de la photographie.
L’oeil nomade de Moriyama dérive au fil de la marche urbaine, saisissant sans relâche des apparitions soudaines, des visions fugitives ou décalées, sources d’une poétique abstraite et déroutante qui a ouvert des champs nouveaux et suscité une forme de libération de l’acte photographique que beaucoup d’artistes savent lui devoir.

Née dans la préfecturede Gunma, Miyako Ishiuchi grandit à Yokosuka, ville comprenant unebase navale américaine. Elle interrompt des études en design textile à l’université des beaux-arts de Tama pour se consacrer à la photographie en autodidacte. Elle commence par photographier des lieux décrépits de Yokosuka, liées à l'occupation américaine et aux bordelsà soldats. En 1978, elle reçoit le prix Kimura Ihei. Ce n’est toutefois qu’à partir de 1990, avec son album 1.9.4.7, dévoilant le corps de femmes mûres qu’elle s’impose parmi les principaux photographes de sa génération. Les photographies rapprochées de cicatrices, de peaux flétries, de vêtements ou objets intimes usés sont parmi les plus caractéristiques de son œuvre.
Elle explore ainsi le thème de la blessure, physique ou psychologique, en déployant photographies et cicatrices, comme autant de marques similaires du passage du temps. Elle offre une vision critique du corps, à l'inverse de celle proposée par le jeunisme forcé des media et la publicité.

Friedrich Angel

Doll, Hiroshima #87, 1987
C-print, tirage de 2010/2011, 37 x 27 cm

Yokosuka Story #98, 1976-77, Ishiuchi Miyako, gelatin silver print. Collection of the Yokohama Museum of Art. © Ishiuchi Miyako. Digital file © Yokohama Museum of Art

Five Masters of Japanese Photography -> 28 janvier 2017
Galerie Sage 1 bis, avenue de Lowendal,
75007 Paris

www.sageparis.com