Extinction Rebellion : analyse critique, par Olivier Tonneau

Extinction Rebellion suscite autant de méfiance que d'engouement. Pourquoi soutenir le mouvement et jusqu’à quel point ? Pour répondre, je commencerai par revenir sur les critiques qui lui sont faites avant d’examiner ce que le mouvement dit de lui-même dans un petit livre qui vient de sortir : “This is not a drill”.

Si j’ai, pour ma part, exprimé mon soutien aux activistes dans une lettre à mes étudiants, cela ne signifie pas pour autant que le mouvement ne m’inspire aucune réserve. Pourquoi le soutenir et jusqu’à quel point ? Pour répondre, je commencerai par revenir sur les critiques qui lui sont faites avant d’examiner ce que le mouvement dit de lui-même dans un petit livre qui vient de sortir : This is not a drill.        

Commençons par la formule lapidaire de Jutta Ditfurth, cofondatrice des Verts allemands : XR serait une "secte ésotérique croyant en l'extinction précoce de l'humanité et recommandant le sacrifice de soi". Phrase sidérante parce qu’elle nous apprend, a contrario, que Jutta Ditfurth ne croit pas à l’extinction précoce de l’humanité – j’aurais pourtant cru que cette inquiétude était partagée par tous les écologistes. Or notre attitude à l’égard d’XR dépend avant tout de notre propre conviction : vivons-nous réellement sous la menace d’une extinction ? Si la réponse est négative, la rébellion est évidemment hors sujet.

            Mais comment ne pas y croire ? Les prévisions du GIECC sont aujourd’hui la base d'un consensus minimal. Celles-ci nous disent qu’un réchauffement de 2°C provoquerait un durcissement extrême des conditions de vie sur toute la planète et qu’un réchauffement de 4°C entraînerait des réactions en chaîne incontrôlables qui pourraient rendre la terre inhabitable. De sommet en sommet, il devient chaque année plus improbable que nous parvenions à rester sous la barre des 2°C. Il y a donc de quoi être inquiet. Mais on bascule de l’inquiétude dans la terreur quand on découvre que toutes les prévisions du GIECC se sont, à ce jour, révélées trop optimistes.  Une étude récente de deux scientifiques français affirme que « dans le pire des scénarios considérés, la hausse de température moyenne globale atteint 6,5 à 7°C en 2100 ». En trois ans, la projection la plus pessimiste est passée de +4.8°C à +7°C ; a-t-elle enfin rattrapé une réalité qui ne cesse de prendre les scientifiques de vitesse ?

            Or ce « pire des scénarios » n’est en réalité que le status quo, c’est-à-dire la course à une croissance économique nourrie aux hydrocarbures. Si tout continue comme aujourd’hui, un réchauffement de 7°C est donc possible, sinon probable : si vous connaissez une seule étude qui montre que l’humanité pourrait y survivre, merci de me l’indiquer dans les commentaires.  Face à l’imprévisibilité du réchauffement climatique, une seule conclusion rationnelle : il faut agir le plus vite possible et de la façon la plus radicale possible, donc contraindre ceux qui en ont le pouvoir à agir ou prendre le pouvoir d’agir soi-même. Autrement dit, il est urgent et indispensable de se rebeller pour éviter l’extinction. La légitimité de la rébellion me semble donc inattaquable. Reste à étudier sa nature et ses moyens.

            Le soupçon s’est répandu qu’XR était en réalité une entreprise de green washing. Soupçon qui n’est pas sans fondement. Vincent Glad rappelle dans un thread qui a beaucoup circulé que XR est en partie financé par le Climate Emergency Fund (CEF), un fonds abondé par des milliardaires américains. Il rappelle également l’éphémère lancement de la plateforme Extinction Rebellion Business, qui visait à créer des liens entre le mouvement et les milieux d’affaires. Cette initiative ayant suscité un tollé chez les militants, Gail Bradbook, co-fondatrice du mouvement, a annoncé que la plateforme allait changer de nom – ce qui ne signifie pas que son activité ait cessé.

            Gail Bradbrook est à bien des égards celle par qui le soupçon arrive. Avant de lancer XR, elle a travaillé pour de nombreuses ONG très proches des milieux d’affaires et du pouvoir et notamment du gouvernement de Tony Blair. Cette apôtre des drogues « spirituelles » comme l’ayahuasca est une figure presque caricaturale d’un certain corporatisme new age. Elle n’est pas la seule militante de XR à avoir ce profil. Douglas Rushkoff, qui se définit comme « essayiste, écrivain, chroniqueur, conférencier, graphiste et documentariste » proche de la « cyberculture punk », ne fait pas mystère de donner des conférences grassement payées dans de grandes entreprises. Faut-il alors, comme le font certains, crier aux agents doubles payés pour infiltrer le mouvement écologiste ?

            Il paraît plus simple et plus plausible de conclure tout bonnement qu’il y a dans XR des gens venus de la droite ou, tout au moins, des libéraux. Cela n’a rien d’étonnant. Depuis les premières mises en garde contre le réchauffement climatique, dans les années 1970, beaucoup de gens qui n’étaient ni socialistes, ni marxistes, ont tenté de bonne foi de prévenir la catastrophe en agissant directement sur ceux qui en étaient responsables : les Etats et les milieux industriels. Aux marxistes qui crieraient à la duplicité ou riraient d’une impardonnable naïveté, on rappellera que pendant ces années-là, ils ne se souciaient guère d’écologie ; que la gauche a mis très longtemps à intégrer les enjeux climatiques à sa réflexion politique ; qu’il était bien compréhensible que la révolution prolétarienne n’apparaisse donc pas comme une issue plausible à la catastrophe. Les activistes écologiques ont été de leur temps, celui de la chute du mur, la société civile et de la responsabilité sociale des entreprises. Ceux qui s’engagent aujourd’hui dans XR font d’ailleurs aujourd’hui le bilan sans fard de leur échec total qui, disent-ils, les a convaincus de se radicaliser.

            Mais se radicaliser jusqu’à quel point ? Si l’on en juge par l’initiative XR business, Gail Bradbrook continue de penser que les milieux d’affaires ont un rôle positif à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elle n’est pas la seule : il suffit de lire le bilan que l’ONU a dressé de son dernier sommet. Dans un paragraphe qui s’intitule, sans fausse pudeur, « Profiting from sustainability », on se félicite que les multinationales aient enfin compris que le changement climatique était source de profits et l’on tresse des couronnes à Nestlé pour son engagement écologique. On ne saurait trop s’inquiéter de cette dérive corporatiste des Nations Unies, qui ne date pas d’hier. Alors que les ressources mondiales ont déjà été largement accaparées par les multinationales, il est évident que leur raréfaction dans les décennies qui viennent est une opportunité exceptionnelle d’accroître encore le pouvoir de ceux qui les possèdent. Il faudrait être extraordinairement naïf pour croire que les acteurs les plus puissants du capitalisme ne se préparent pas à tirer les marrons du feu qui dévore la nature. 

            Le « capitalisme vert » n’est pas seulement le discours creux d’acteurs économiques qui ne veulent rien changer : c’est la stratégie par laquelle les capitalistes entendent s’approprier et financiariser l’inévitable transformation des sociétés humaines qui s’annonce. Dans un ouvrage remarquable paru récemment mais sans doute écrit avant l’émergence d’XR, Elia Apostolopoulou et Jose Cortes-Vazquez soulignent que l’emprise des multinationales sur la transition énergétique se légitime par des discours apocalyptiques qui suscitent une angoisse telle qu’on en viendrait à accepter d’être sauvé de la destruction par n’importe qui, à n’importe quel prix, fusse à celui de la dépossession et de l’oppression.[1] C'est peut-être à cela que pensait Jutta Ditfurth en reprochant à XR ses exhortations au sacrifisme avant la fin du monde.

            Mais s’il existe de toute évidence une porosité dangereuse entre XR et le capitalisme vert, il faut cependant souligner que la majorité de ses militants inclinent sans doute dans la direction inverse. Si Gail Bradbrook incarne l’aile corporate du mouvement, son autre fondateur Roger Hallam est la figure de son aile radicale. Issu d’un milieu ouvrier, il a consacré sa vie à la lutte sociale – pour les loyers, les conditions de travail… - avant de se lancer dans XR. Ses écrits contiennent de virulentes dénonciations du capitalisme, nommément désigné comme la cause première de la catastrophe climatique. Comment situer, entre ces deux pôles, les activistes qui font vivre le mouvement? Tout indique qu'ils inclinent vers une radicalité sinon anticapitaliste, du moins décroissante. Ce n’est pas pour rien que l’initiative XR business a capoté : c’est qu’elle allait contre les convictions de la grande majorité des acteurs du mouvement. Certes, on peut leur reprocher de n’avoir pas de programme politique et de se contenter de promouvoir un idéal spirituel un peu flou fait de sobriété, d’empathie et d’amour du prochain. On peut même considérer que ce moralisme, loin de s’opposer au capitalisme vert, a toujours servi à en déguiser les véritables finalités. Pourtant il me semble trop simple de ridiculiser l’aspect moral de XR.

            D’abord, leur idéal de sobriété vise bel et bien les riches, sinon en critiquant le système qui les enrichit, du moins en condamnant leur mode de vie. XR condamne le luxe et les consommations ostentatoires, et ne mène pas des actions contre les prolos qui roulent au diesel mais contre ceux qui voyagent en avion. Ensuite, sauf à nier les effets psychiques de siècles de propagande consumériste, il faut bien admettre que la capacité à mobiliser contre le capitalisme suppose de lutter également contre les affects qu’il cultive. S’il est vrai que la focalisation sur le « spirituel » est une façon d’invisibiliser les rapports de pouvoir, il est tout aussi vrai que la transformation de ces rapports de pouvoir suppose également une transformation spirituelle. Toutes les révolutions politiques ont rencontré à un moment ou un autre la nécessité d’une révolution culturelle. Le schéma du vingtième siècle, qui voyait une minorité prendre le pouvoir avant de tenter de reprogrammer les masses par la force n’a pas vraiment fait preuve de son efficacité. Le travail que mène XR en amont n’est donc pas sans valeur – à la condition qu’il s’accompagne d’une désignation claire des adversaires politiques. C’est au mouvement à s’assurer qu’il ne sert pas de paravent à ceux qu’il doit combattre.

            Il existe donc, à l’origine de XR, des gens issus du capitalisme vert, d'autres issus de la lutte sociale, qui cohabitent aujourd’hui avec des militants qui, sans être rompus à la lutte de classe, sont dans une véritable rupture avec le « système ». Dans tout cela, comment le mouvement déterminera-t-il sa direction ? Une façon de répondre est de lire le recueil d’essais que vient de publier XR en guise de manifeste : This Is Not a Drill.  

            L’ouvrage entend manifestement répondre à d’autres critiques formulées contre le mouvement, notamment par la mouvance décoloniale : il serait trop blanc, trop classe-moyenne. XR se présente humblement ici comme une confédération de luttes dont beaucoup lui préexistent et l’ont inspiré. On trouve des articles du président des Maldives, Mohamed Nasheed ou encore de Hindou Oumarou Ibrahim, un activiste issu des tribus nomades vivant autour du lac Tchad, qui dénoncent la responsabilité des Etats du Nord. Ces essais sont cependant largement descriptifs et ne contiennent pas d’analyse précise des responsabilités. La majorité des autres textes sont consacrés soit à des questions psychologiques – comment vivre avec l’angoisse climatique ? – soit à des questions pratiques – comment mener une occupation, nourrir les occupants, etc. Il faut attendre les cinq derniers essais pour que soient enfin posés des enjeux économiques et politiques.

            On trouve deux textes des députés Caroline Lucas (Verts) et Clive Lewis (Labour) qui promeuvent le Green New Deal. Ils se situent dans le cadre néo-keynésien généralement adopté par la gauche dite « radicale » et insistent sur la nécessité de réguler les marchés de biens, de services et de capitaux – c’est le programme porté par l’aile radicale du Parti démocrate aux Etats-Unis ou par la France Insoumise. Dans la même veine, l’économiste hétérodoxe, Kate Raworth, résume en quelques lignes son best-seller The Doughnut Theory qui invite à repenser l’économie à partir de l’écologie et du social.

            Puis vient un texte du géographe Paul Chatterton, spécialiste des villes, qui esquisse les contours de villes neutres en carbone. Hazel Healy, co-éditrice du journal The New Internationalist, énumère ensuite les mesures drastiques nécessaires pour arriver à la neutralité carbone en 2025 et, précision importante, affirme qu’il faut y parvenir par la réduction nette des émissions et non par leur réabsorption. Elle souligne cependant que les mesures nécessaires – rationnement de l’énergie qui nous contraindrait à nous lever et nous coucher avec le soleil, réduction au minimum des transports maritimes et aériens, transformations de l’agriculture qui nous ne laisserait d’autre choix que de manger les produits de l’agriculture locale – doivent être pensées comme temporaires : de nouveaux modes de production fondés sur les énergies renouvelables pourront être progressivement introduits lorsque la nature sera régénérée, à mesure que les technologies nouvelles le permettront. Carne Ross, ancien diplomate qui se dit aujourd’hui anarchiste, affirme pour sa part que ce qui précède ne peut être mis en place que par de véritables démocraties et cite en exemples, pêle-mêle, la Grèce antique, Porto Allegre, Barcelone et le Rojava.

            Tout ces points de vue juxtaposés ne sont pas présentés comme les pièces d’un programme cohérent. Si on tente de joindre les morceaux, on arrive peu ou prou au résultat suivant, qui correspond d’ailleurs à la stratégie élaborée par XR pour le Royaume-Uni : les occupations de place doivent contraindre l’Etat à publiciser largement les enjeux liés au réchauffement climatique et à convoquer des Assemblées citoyennes tirées au sort – sur le modèle de l’Assemblée citoyenne irlandaise qui a mené à la reconnaissance du droit à l’avortement – chargées de légiférer sur les façons de le combattre. Ces assemblées, éclairées par des experts, concluront, on l’espère, que l’Etat doit prendre des mesures d’urgence extrêmes pour, disons, les dix prochaines années, tout en reprenant le contrôle de l’économie pour préparer, à long terme, des modes de production écologiquement soutenables. Le tout sans nécessairement que le capitalisme soit fondamentalement remis en question.

            Nous voilà finalement en terrain connu : XR ne serait donc ni un cheval de Troie du capitalisme vert, ni un mouvement d’anarchistes décroissants, mais un simple mouvement de promotion des idées en vogue dans la nouvelle gauche européenne et américaine. C’est, en un sens, rassurant. Mais c’est aussi un peu décevant. D’abord parce qu’il y a quelque chose de bien naïf dans cette vision de gouvernements cédant sans coup férir à la pression de l’opinion. Ensuite parce que ce programme a une limite. Il y a quelque chose de louche dans l’imprécision des références que fait XR aux luttes des peuples du Sud et des nations indigènes. « Le Nord » est dit responsable des misères de l’autre hémisphère, soit : mais pourquoi ne pas nommer les intérêts bien connus qui sont à l’œuvre - Monsanto, Nestlé, Veolia et consort ? Pourquoi, surtout, ne pas dire les revendications qu’expriment ces mouvements du Sud, à commencer par la propriété commune des ressources naturelles ? On ne peut s’empêcher de penser que si XR fondait réellement sa réflexion sur les luttes du Sud, cela les contraindrait à une critique autrement acérée des rapports de pouvoir dans les Etats du Nord. Rien ne mène aussi rapidement à l’anticapitalisme que l’anti-impérialisme ; et on a la désagréable impression, à lire les textes de This Is Not A Drill, que l’anti-impérialisme reste sentimental pour éviter que l’anticapitalisme ne se fasse trop sévère.

            Si XR est radical par ses formes d’actions, le mouvement est donc très en retard. En retard sur les revendications portées par les mouvements écologistes anticapitalistes, notamment dans le grand Sud – mouvements remarquablement étudiés dans l’ouvrage The Right to Nature, mentionné plus haut. En retard aussi sur les réflexions en cours dans les milieux radicaux. Comment se fait-il qu’il ne soit jamais question, dans le petit livre de XR, des communs, notion qui a pourtant été largement réactualisée ces dernières années ? On veut bien penser que, selon les objectifs du mouvement, la remise en question de la propriété lucrative va de soi : cela irait pourtant beaucoup mieux en le disant. Cela permettrait de lever les ambiguïtés.

            Mais c’est justement une autre critique que l’on fait souvent à XR : le mouvement cultive l’ambiguïté. Il refuse par exemple de se dire de droite ou de gauche, au motif que les enjeux écologiques transcendent les clivages politiques. Ce genre d’affirmation est, il faut l’avouer, horripilante. Elle se réduit à un sophisme grossier : la crise climatique est causée par le capitalisme - ou, si l’on veut faire le distingo et sauver l’idée d’un capitalisme régulé, par le néolibéralisme. Il est donc du devoir de toute personne, qu’elle soit de droite ou de gauche, de lutter contre le néolibéralisme. Mais dire cela, c’est tout simplement dire que les personnes qui sont de droite doivent cesser de l’être, et qu’elles doivent passer à gauche.

            Le « ni droite, ni gauche » est censé avoir des vertus attrape-tout : que chacun vienne pour les raisons qui lui sont propres, on réfléchira tous ensemble. J’ai toujours pensé que l’efficacité de cette forme d’ouverture était largement surestimée. Les gens de droite tombent rarement dans le panneau : quant aux gens de gauche, ils connaissent bien l’adage selon lequel qui dit n’être ni de gauche, ni de droite est toujours de droite et gardent une méfiance légitime.

            Tout ceci étant dit, je ne retire pas un mot de ma lettre à mes étudiants, qui se voulait un hommage à ceux qui ont pris les rues de Londres et d’ailleurs. Leur courage et leur détermination leur font honneur. Par ailleurs, le seul fait de mettre la crise climatique au premier rang des préoccupations publiques est en soi un succès. Il est vital que plus personne n’ « oublie » inopinément ces questions dans l’isoloir, car c’est un fait : l’extinction menace. Si les stratégies de XR ont réussi, c’est qu’elles étaient les bonnes. Reste aujourd’hui à politiser les enjeux et à définir clairement amis et ennemis. L’ambiguïté n’a qu’un temps, celui de la mobilisation : le temps de l’action ne peut qu’être celui de la clarté.

Olivier Tonneau, le 10 octobre 2019

[1] Elia Apostolopoulou, Jose Cortes-Vazquez (ed), The Right to Nature. Social Movements, Environmental Justice and Neoliberal Natures (Routledge 2019).


Olivier Tonneau est enseignant-chercheur à l'Université de Cambridge. Vous pouvez suivre ses réflexions sur son blog : Lettres d'un engagé à ses amis qu'il dérange