Au Nouveau Ministère de l'agriculture, Suzanne Husky emporte le Prix Drawing Now 2023

Anti-capitaliste, anti-patriarcale et écoféministe, Suzanne Husky n’en est pas moins ministre ! Au sein du Nouveau Ministère de l’agriculture, qui mène campagne depuis 2016 par le vecteur de performances et vidéos dressées contre l’agro-business, militant pour un programme d’alliance humain-nature sur 1 000 ans ! 

Suzanne Husky, Sans titre (provisoire), 2023, aquarelle sur papier, 114 x 219 cm, courtesy Suzanne Husky et Galerie Alain Gutharc

L’artiste franco-américaine, née en France en 1975, est une figure incontournable d’un art relié au vivant et au politique. Folklore, artisanat, contes, recettes de cuisine, rituels et savoirs oubliés sont ses moyens de prédilection pour renouer avec le monde précapitaliste et avec le vivant. Inspirée de William Morris, l’artisanat (céramique, textile, tapisserie...) côtoie l’art (performance, son, vidéo...) sans nulle hiérarchie.

Diplômée de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, Husky est également formée dans les domaines du paysagisme horticole, de la permaculture et de l’herboristerie, autant de savoirs qui irriguent son travail artistique. Constatant que « la do- mination de la nature et des femmes sont deux parallèles », l’artiste collabore avec la célèbre écoféministe Starhawk. Sa nouvelle série de podcasts, « Ma mère l’Oie » est à l’intersection des contes, de l’agriculture, de l’écologie et de la spiritualité. Face au monde écocide qu’elle combat, Husky crée des formes pacifiques, collectives et mélodieuses. » Suzanne Husky est représentée par la Galerie Alain Gutharc

Christine Phal, Suzanne Husky et Alain Gutharc © Grégoire Avenel pour Say who

Bien qu’on aurait plus parié sur l’attribution du prix à Mircea Cantor ou Stella Sujin, c’est lavis ( oui, c’est voulu pour l’évocation de la technique) du jury qui compte ici. Alors, rendons hommage nous, de même, à Suzanne Husky pour désenchanter/ré/enchanter les paysages et la façon de rendre l’humain à la nature et son milieu. A bien regarder les chaînes d’info, ce n’est plus le lieu qui fait l’action c’est plus ce qui peut être mis en épingle qui compte au sein de ce qui est montré. L’âge n’est même plus télévisuel, il est passé au prisme du réseau: Tik-Tok après Insta ou Facebook, par le passé. Et là, Miss Husky démonte les fausses perspectives, remonte le végétal et l’animal ( on est bien trop mal) au cœur de ce qui devrait être, à la place des vomissures bolloréeenes d’Hanouna et de ses sbires, un castor. Là où on attendrait une vue urbaine revue par l’architecte-paysagiste, une proposition de remettre les puissants à leur place ; dans l’image sans en occuper tout l’espace, comme chez les merdinfluenceurs, on retrouve une tremblement, une envie de dire qui parle couleurs, espace, recontextualisation des enjeux - et combats - écologiques. Pour un car de Gendarmerie qui brûle à côté d’une méga-bassine dont personne ne veut, rouvrons les yeux sur des enjeux qui comptent. Et la répression ni Dar Nain-Nain n’y feront rien. Enjoy !

Jean-Pierre Simard le 27/03/2023
Au Nouveau Ministère de l'agriculture, Suzanne Husky emporte le Prix Drawing Now 2023

Suzanne Husky, Sans titre, 2022, aquarelle sur papier, 76 x 57 cm, courtesy Suzanne Husky et Galerie Alain Gutharc

Suzanne Husky, Pape, série les Planteurs, 2022, aquarelle sur papier, 40 x 60 cm, courtesy Suzanne Husky et Galerie Alain Gutharc

Suzanne Husky, Poutine, série les Planteurs, 2022, aquarelle sur papier, 40 x 60 cm, courtesy Suzanne Husky et Galerie Alain Gutharc

Suzanne Husky, Trump- Emory gatchell jr - Einsenhower, série les Planteurs, 2022, aquarelle sur papier, 40 x 60 cm, courtesy Suzanne Husky et Galerie Alain Gutharc