«Le peuple kurde n'a pas d'alliés, parce que nos alliés nous ont toujours trahis». À nous de faire mentir cette phrase si triste et si lucide !

ypg.jpg

Une image déchirée sur les murs de Venise. Noires et blanches, les figures et les armes des combattantes des YPG, dans le nord de la Syrie. La main qui a collé ces visages est une main amie. Une alliée que je salue et remercie en écrivant ces mots dans la forêt de Duino, au milieu des chênes verts et des buis. 

La main qui a lacéré cette image de résistance est la main de mon ennemi, et je pourrais écrabouiller chacun des doigts qui ont servi au saccage, parce que la menace d'une intervention militaire turque se précise, puisque l'US Army va se retirer de Syrie. «Le peuple kurde n'a pas d'alliés, parce que nos alliés nous ont toujours trahis». Cette phrase que tous les porte-paroles des Kurdes ont prononcée un jour ou l'autre a pris encore une fois la force d'une rengaine désespérante. À nous de la faire mentir maintenant. À nous de prouver que nous avons retenu l'appel d'Asli Erdogan, en décembre 2016, depuis la prison des femmes d'Istanbul. À nous de nous dresser contre l'État turc qui continue d'organiser l'assassinat d'un peuple et d'une culture à coups d'obus et de massacres des civils. En France, en Italie, la diaspora kurde est dans la rue pour alerter d'un massacre programmé et c'est à nous de les rejoindre. Vite.

Tieri Briet, Duino, le 26 décembre 2018

Né en 1964 dans une cité de Savigny-sur-Orge où il grandit à l'ombre d'une piscine municipale, Tieri Briet vit aujourd'hui à Arles, au milieu d'une famille rom de Roumanie dont il partage la vie et le travail. Il a longtemps été peintre avant d'exercer divers métiers d'intermittent dans le cinéma et de fonder une petite maison d'édition de livres pour enfants. Devenu veilleur de nuit pour pouvoir écrire à plein temps, il est aussi l'auteur d'un récit sur les sans-papiers à travers les frontières, « Primitifs en position d'entraver », aux éditions de l'Amourier, de livres pour enfants et d'un roman où il raconte la vie de Musine Kokalari, une écrivaine incarcérée à vie dans l'Albanie communiste, aux éditions du Rouergue. Il écrit pour la revue Ballast, Kedistan et L'Autre Quotidien, et voyage comme un va-nu-pieds avec un cahier rouge à travers la Bosnie, le Kosovo et la Grèce pour rédiger son prochain livre, « En cherchant refuge nous n'avons traversé que l'exil ». 
Blog perso : Un cahier rouge

Les Kurdes sont tombés par milliers alors qu'ils combattaient Daesh pour l'Humanité. Aujourd'hui, on laisse la Turquie les massacrer... Dessin Janet Biehl

Les Kurdes sont tombés par milliers alors qu'ils combattaient Daesh pour l'Humanité. Aujourd'hui, on laisse la Turquie les massacrer...
Dessin Janet Biehl