Déjà deux enfants immigrants guatémaltèques morts dans les camps de détention américains !

Jakelin Caal, morte le 8 décembre 2018. Rudy Gutierrez/The El Paso Times, via Associated Press

Jakelin Caal, morte le 8 décembre 2018. Rudy Gutierrez/The El Paso Times, via Associated Press

La mort d'une fillette immigrante guatémaltèque d'à peine 7 ans, survenue quand elle était sous la garde des autorités étasuniennes, est un motif d'indignation dans beaucoup de secteurs et elle démontre en plus, la nécessité impérieuse de créer un système étant à même de garantir de façon efficace, les droits des personnes qui, pour des raisons diverses, sont obligées de quitter leurs lieux d'origine.

Jakelin Caal a accompagné son père, Nery, de 29 ans, dans le voyage aventureux vers les États-Unis afin d'échapper à la pauvreté qui règne dans leur communauté, un petit village du district de Raxruhá, dans le Nord du Guatemala.

Le 6 décembre, ils ont été arrêtés dans une zone inhospitalière du Nouveau Mexique et quelques heures après, lorsqu'ils étaient transférés avec un groupe d'immigrants dans un bus, elle a commencé à avoir de la fièvre et à vomir. Quand ils sont arrivés à destination, elle ne respirait plus mais elle a été ranimée et transférée en hélicoptère dans un hôpital de la ville d'El Paso, au Texas où elle est décédée le 8 décembre dernier.

Quand ils ont été arrêtés elle était bien portante raison pour laquelle sa maladie et sa mort sont survenues lorsqu'elle était sous la garde du gouvernement des États-Unis qui en est le responsable car ses fonctionnaires ne lui ont pas donné l'attention nécessaire. Personne ne se souvient, par exemple, si on lui a fourni des liquides ou des aliments après son arrestation bien qu'il s'agisse d'un enfant et bien qu'elle ait fait un très long voyage extrêmement épuisant.

C'était une fille, indienne, pauvre et guatémaltèque, des précisions qui ont peut-être été insignifiantes pour ceux qui étaient dans l'obligation de veiller à sa sécurité.

Raxruhá, comme presque toute la zone rurale du Nord du Guatemala, est une région où la pauvreté et la faim sont endémiques, mais ces dernières décennies, la situation s'est aggravée à cause de l'usurpation de terres par les propriétaires terriens pour semer le palmier africain ce qui a fait presque disparaître les cultures de mais et d'autres aliments essentiels.

Cela pousse de nombreuses personnes désespérées à échapper vers les États-Unis avec l'idée illusoire d'y trouver une vie meilleure et de sauver leurs familles de la misère. L'histoire de Nery Caal et de sa fille Jakelín, est une parmi des centaines d'autres qui naissent de la disgrâce et qui, la plupart du temps, y terminent.

D'abord, les migrants sont victimes de la rapacité des grands propriétaires terriens ainsi que de la corruption et de l'incapacité de leurs gouvernants qui ne sont pas à même de leur assurer une vie digne. Après, ils sont la proie des trafiquants de personnes qui leur font payer de grosses sommes d'argent et les font s'endetter ou vendre leurs rares propriétés pour financer un voyage aux résultats imprévisibles.

Finalement, ils souffrent de l'intolérance, du racisme et de la xénophobie de ceux qui surveillent les frontières du paradis interdit, encouragés maintenant par un président qui a porté à son paroxysme la haine envers toute ce qui est différent ou étranger.

Jakelin Caal est morte à cause de cette chaîne d'iniquités. Parce que son peuple et ses parents sont pauvres, extrêmement pauvres ; parce que cela fait des décennies que leurs gouvernants les ont oubliés et parce que pour trouver une solution par ses propres moyens il faut risquer la vie. De tristes leçons pour un monde qui perd, de plus en plus le sens de la décence et de la dignité.

Depuis la mort de Jakelin, c’est un petit garçon de huit ans venu du Guatemala qui est mort après avoir été appréhendé en compagnie de son père par des agents des douanes américaines, selon une annonce du service fédéral des douanes et de protection des frontières (CPB). Les autorités guatemaltèques ont précisé que l'enfant et son père avaient été arrêtés le 18 décembre alors qu'ils traversaient la frontière américaine pour gagner la ville d'El Paso au Texas. Le 23, ils ont été transférés au poste de police des frontières à Alamogordo (Nouveau-Mexique). Malade, il a été transporté avec son père vers un hôpital de la ville d'Alamagordo, au Nouveau-Mexique, où les médecins qui l'ont examiné ont diagnostiqué une fièvre ordinaire avant de le laisser partir. Dans la soirée, le petit garçon a été pris de vomissements et ramené à l'hôpital, où son décès a été constaté peu après minuit, poursuit le CPB. La cause de son décès n'a pas encore été déterminée.

Avant de parler d’une “suite malheureuse d’événements”, qui a tout de même amené le Guatemala à demander des explications aux autorités des USA, et de blâmer le destin, il faut s’interroger sur les conditions de détention de ces enfants dans ce que des médecins et des avocats interrogés par le New York Times décrivent comme d’anciens postes de police, où l’on ne gardait les détenus que quelques jours, et qui n’avaient jamais été conçus pour accueillir des familles avec enfants, où tout le monde dort par terre allongé sur des nattes, et que les migrants surnomment des hieleras, des glacières. Privés de toutes leurs possessions, et dotés seulement d’une couverture en Mylar, tous les migrants passés par des centres de détention racontent à quel point ils ont souffert du froid. Et les médecins confirment que nombre d’enfants y souffrent de bronchite, de fièvres et d’infections respiratoires.

Un mauvais coup du destin, cette mort de deux enfants migrants de 7 et 8 ans aux mains des garde-frontières américains en quelques semaines ? Honnêtement, nous en doutons.