NDDL : Les habitants de la ZAD lancent un appel d’offres

 Nicolas Chauveau / Greenpeace

 Nicolas Chauveau / Greenpeace

Malgré l’état d’urgence et la répression absurde qui nous frappe, la mobilisation contre la COP 21 se poursuit. Depuis des mois, elle a été pensée comme un moment de rencontres, de retrouvailles, de partage entre nos différentes luttes. Lundi 1er décembre avait lieu au Jardin d’Alice, à Montreuil, la première soirée de discussion avec quelques habitant.e.s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. lls ont annoncé un nouvel appel d’offres, le leur.

Ils sont des milliers réunis ces jours-ci en Seine-Saint-Denis pour planifier leur monde de demain. Très bien. Qu’ils sachent en tout cas qu’ils ne sont pas les seuls. Tout juste débarqués du convoi qui les a mené la semaine dernière des portes de la Zone à Défendre jusqu’à celles du château de Versailles, les habitant.e.s de NDDL sont venus, lundi, discuter avec les soutiens parisiens et les copains de passage.

Ils esquissent d’abord un état des lieux de la lutte contre le projet d’aéroport. En vrac : la vie sur place, le règlement des conflits, les constructions (physiques et sociales) réalisées depuis la mise en échec de l’opération César début 2012, les périodes de calme, le retour des menaces cet automne et l’obstination ridicule de Manuel Valls qu’un participant dans la salle juge "plus teigneux qu’intelligent".

C’est l’occasion pour tous de jauger le niveau de menace qui pèse sur les occupant.e.s après trois années de calme relatif. Il semble que ceux au sommet de l’Etat qui fanfaronnaient récemment à l’idée de reprendre les travaux aient désormais d’autres chats à fouetter. Même si le Premier Ministre tente d’adapter ses arguments à l’état d’urgence exceptionnelle dans lequel nous vivons (il défend désormais le futur aéroport comme étant plus sûr que celui déjà existant), on pourrait bien ne pas voir l’ombre d’un tractopelle dans le bocage avant encore longtemps.

Les habitant.e.s de la ZAD expliquent que cet éventuel répit doit permettre de consolider l’occupation. Avec la menace d’une nouvelle opération, les comités de soutiens à travers la France se sont reconstitués, le mouvement s’est renforcé, des contacts ont été repris, disent-ils. Pour les faire fructifier - et comme un pied-de-nez à la relance des marchés publics liés à la construction de l’aéroport - ils annoncent le lancement d’un "appel d’offres pour la construction d’un avenir sans aéroport".

« Cet appel d’offres s’adresse à toutes celles et ceux qui participent à la lutte dans la région et bien au-delà, qu’ils soient organisés en comités ou en groupe d’amis. Il est destiné à renforcer les structures collectives, matérielles, agricoles, défensives et festives existantes sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Il s’agit de travaux divers, adaptés à tous les goûts et à tous les corps de métier. »

À l’image des flèches bureaucratiques de la Préfecture, les habitant.e.s ont divisé les tâches en lots. Le lot n°1 consiste par exemple au débroussaillage et à l’installation de clôtures sur l’un des groupes de vie de la ZAD. Il y en aura des dizaines d’autres auxquels chacun est invité à se joindre.
Tous les travaux démarreront lors d’un week-end de chantier participatif les 30 et 31 janvier prochains. Ils s’inscrivent par ailleurs dans une volonté de "se projeter sur la ZAD une fois le projet d’aéroport définitivement enterré."

Comment occuper durablement ces terres ? Comment préserver sur le long terme la diversité des êtres qui y vivent, des tritons à crêtes jusqu’aux agriculteurs impactés par le projet ? Quels modes de propriété, de partage, de prise de décisions établir ? Comment donner du sens à cette zone une fois la menace envolée ? C’est tout un monde qui s’invente à NDDL. Un monde radicalement opposé à celui que veulent nous vendre les sinistres commerciaux de la COP 21.

Infos sur l’appel d’offres de la ZAD