Nicolas Daubanes rentre dans l'art au couteau

Depuis dix ans, Nicolas Daubanes conçoit un corpus d’œuvres nourries de plusieurs résidences réalisées en milieu carcéral. Récemment, il accompagne un lycée dans le devoir de mémoire ou questionne les événements fantasmés d’un site patrimonial. À La Maréchalerie, avec Du béton, de l’acier et de la viande, l’artiste propose un dispositif avec des matériaux « ressourcés » réinvestis composant une nouvelle architecture de la ruine.

Nicolas Daubanes, La grâce présidentielle, à la galerie Territoires Partagés, Marseille PAC 2022 © JC Lett

La pratique artistique de Nicolas Daubanes se déploie à travers le dessin, la sculpture, la vidéo et l’installation. Une recherche polymorphe où les acteurs d’une histoire intime ou globale sont interrogés, et la dimension mémorielle essentielle. Une attention personnelle de l’artiste envers la condition humaine ancre son œuvre plastique dans une saisissante qualité politique et sociale. La force symbolique de sa production pointe un lieu, un événement, des hommes et des femmes aux destins exceptionnels ; des situations souvent omises, oubliées voire cachées.

Nicolas Daubanes - Vue de l’exposition personnelle L'Huile et l'Eau, Palais de Tokyo, Paris, 2020

« J’investis des questions essentielles : la vie, la mort, la condition humaine et les formes sociales qui les façonnent. Dans mes derniers travaux, la vitesse, la fragilité, la porosité, l’aspect fantomal des images et des matières, transmettent la pression du passé au croisement de ce qui va advenir. Mon travail s’inscrit dans la durée, il dessine un chemin, une trajectoire qui tend vers la recherche de la liberté, du dégagement de la contrainte. Je tâche d’expérimenter l’intensité et la rigueur, je joue avec le danger, mental, visuel, physique. » Nicolas Daubanes

Nicolas Daubanes - La vie quotidienne : Portail d’entrée du camp nazi de Dachau, 2019 Adhésif, verre, bois, 180 × 300 cm Vue de l’exposition NWAR, Chapelle du Quartier Haut, Sète, 2019, © Y. Gozard

L’ensemble détermine un paysage fragilisé prêt à disparaître, mis en tension avec les propres traces de l’espace d’exposition au cœur du bâtiment de la Petite Écurie. Nourris de références artistiques qui accompagnent au long court son travail, les récits proposés par Nicolas Daubanes participent d’une étrange peinture d’histoire.

Jean-Pierre Simard, le 1/10/2023
Nicolas Daubanes - Du béton, de l’acier et de la viande
-> 17/12/2023
La Maréchalerie : En semaine : entrée au 5 avenue de Sceaux via l’ENSA Versailles
Le Weekend : entrée Place des Manèges (avenue du Général de Gaulle) via l’escalier 78000 Versailles

Nicolas Daubanes - Seul contre tous, 2021 Béton, fer, sucre, 222 x 222 x 130 cm Vue de l’exposition Le chiffre noir, Le Drawing Lab, Paris, 2021, © G. Guiza