Se garder l'or queer dans l'œil avec Ashley Hans Scheirl

Ashley Hans Scheirl est l’un.e des artistes majeur.e.s en Autriche et l’un.e des principaux.ales précurseur.se.s. de la scène internationale queer et transgenre. Scheirl s’est fait connaître avec ses films expérimentaux dans les années 1980 et au début des années 1990. Au milieu des années 1990, elle se tourne de plus en plus vers la peinture tout en franchissant les limites entre les médias et les genres, en correspondance directe avec ses propres expériences par rapport avec son corps et son identité : transgenre, transmédium.

C’est au cours de cette période, en prenant des hormones, que Scheirl a acquis l’identité masculine de Hans. Pour son 60e anniversaire, en 2016, Scheirl se reféminise en Ashley Hans. L’examen attentif des normes et des conditions sociales ainsi que le développement du traitement de l’identité et de la sexualité individuelles constitue le cœur du life art d’Ashley Hans Scheirl. Dans ses travaux transmédias sont mis à disposition l’imbrication de la biographie et de l’art, la question de l’identité personnelle et le dépassement des frontières du sexe et du genre. Élevée comme Angela, elle décida le jour de son anniversaire de prendre de la testostérone et de se faire désormais appeler Hans et Lui.

Ashley Hans Scheirl, Eye, 2023 Acrylique sur toile — 171 × 232 cm Courtesy galerie Loevenbruck, Paris © Ashley Hans Scheirl. Photo Christian Benesch

En critique des assignations d’identité et des discours qui vont avec, Scheirl a saisi ensuite l’occasion de son 60e anniversaire pour adopter le prénom Ashley en guise d’Elle. Sans vouloir passer de A à B, Ashley Hans Scheirl choisit ainsi l’(anti-)identité transgenre de façon performative. À cette trans-identité concourent nom, voix et la stable assurance de l’affectation des sexes à travers la langue et ses représentations. Scheirl, qui se définit elle-même comme artiste trans (-média, -genre, -sexe), alterne pour finir, formellement et médialement, de façon aussi experte que réfléchie, entre peinture, dessin, sculpture, cinéma, vidéo et performance, sans se laisser enfermer dans des catégorisations déterminées. En toute sincérité vis-à-vis d’un cross-over artistique, il devient de plus en plus clair dans les travaux réalisés ces dernières années que Scheirl conçoit ses diverses productions iconographiques à partir d’un contexte d’abord pictural, dans lequel des techniques de collage se développent ensuite graduellement en un corps d’image affirmatif et d’identité critique pour se laisser finalement percevoir de façon offensive dans son cadre. L’artiste a atteint dès la fin des années 1980 une renommée internationale grâce à ses réalisations expérimentales (films et vidéos), elle a dernièrement attiré l’attention à la documenta 14 de Cassel et Athènes ainsi qu’à la Biennale de Lyon, en collaboration avec Jakob Le Knebl. Scheirl a représenté avec cette dernière le pavillon autrichien à la Biennale de Venise.

Ashley Hans Scheirl, Three Colours, 2023 Acrylique sur toile 130 × 200 cm Courtesy galerie Loevenbruck, Paris © Ashley Hans Scheirl. Photo Christian Benesch

En écho au projet dessiné par l’artiste pour Art Basel Hong Kong, la galerie Loevenbruck est heureuse de programmer la troisième exposition monographique d’Ashley Hans Scheirl et de présenter ses dernières peintures. Cet automne, Ashley Hans Scheirl, avec Jakob Lena Knebl, exposera au Palais de Tokyo, un commissariat assuré par Daria de Beauvais. Cette exposition sera présentée à la Deichtorhallen, à Hambourg, en Allemagne, en 2024.

Jean-Pierre DosPres Simard, le 25/09/2023
Ashley Hans Scheirl - L’or dans l’œil → 28 octobre 2023

Galerie Loevenbruck 6, rue Jacques Callot 75006 Paris