Un Baselitz, tout de papier
En parallèle avec sa rétrospective au Centre Pompidou et 60 ans de création : peintures, sculptures, dessins et gravures, la galerie Catherine Putman présente des gravures, autres facettes fondamentales dans son art. Lorsqu’il s’attelle à un nouveau sujet, il travaille en série et use simultanément de toutes les techniques considérant qu’elles s’enrichissent mutuellement. Papier chiffon ?
Depuis 2019, Georg Baselitz a commencé un nouveau corpus d’œuvres sur le thème de la main. Dans la série Ein Hand ist Keine faust (« Une main n’est pas un poing »), présentée dans l’exposition, les douze gravures, réalisées à l’eau-forte, à l’aquatinte ou à la pointe sèche, sont autant de variations de positions et de couleurs de sa propre main. D’autres estampes issues d’une série titrée Mano, réalisées la même année, uniquement à l’aquatinte, sont comme des empreintes, des traces plus abstraites et plus picturales. Ces Mano existent en deux versions, l’une dorée, l’autre argentée. Dans le traitement propre à la gravure, Baselitz voit la possibilité de traiter un sujet par la variation, lui qui s’intéresse à la forme, objet plastique avant tout.
Le sujet du corps — thème majeur de l’art occidental — est très présent dans ses œuvres : des corps nus, des portraits ou autoportraits, mais aussi des membres isolés : pieds, mains, jambes, sexes, etc. Il cherche à bousculer l’ordre établi, à choquer, pour faire réagir, pour avancer. Dès les premières œuvres comme Die große Nacht im Eimer (« La grande nuit dans le seau ») qui fait scandale lors de son exposition à Berlin en 1963, il peint le sexe proéminent d’un hideux personnage. En 2008, une série d’œuvres Big Night (remix) revisite ce tableau, l’exposition en présente quelques exemples avec une aquarelle et des xylographies.
Le corps est souvent présenté renversé ou démembré par Georg Baselitz et il n’en montre parfois qu’une seule partie, comme dans sa grande aquarelle Sans titre. 25.VIII.2004 exposée à la galerie. Le corps est alors traité comme dans les « tableaux–fractures » des années 60, désaxé et avec les membres disjoints.
Dans d’autres œuvres, ce sont les membres devenus « fragments » qui sont considérés comme des objets formels autonomes, et ce dès 1961 avec la série de peintures des P.D. Fuße « Pieds du Pandémonium ».
Enfin c’est le corps nu, féminin ou masculin, le sien, vieillissant dont la représentation le met à nu, sans concession. L’inversion de la figure — quasi systématique depuis 1969 — lui permet aussi de tenir à distance ce corps, de traiter avec ses membres comme des éléments propres flottant dans l’espace.
Né en 1938 à Deutschbaselitz, Saxe (ancienne RDA).
Vit et travaille à Munich, Allemagne.
Dès le début, son travail exprime ses réactions aux traumatismes humains et aux tragédies liées à l’histoire de l’Allemagne. À partir des années soixante, les œuvres de Georg Baselitz font l’objet de nombreuses expositions internationales, personnelles et collectives.
Peintre, sculpteur, graveur. Georg Baselitz est considéré aujourd’hui comme un des plus grands graveurs de sa génération. La galerie Catherine Putman est son éditeur français depuis 1997.
« Je peins des tableaux et je fais de la gravure, parallèlement, sans valoriser différemment ces activités qui sont tout simplement simultanées. Ce que je fais dans la peinture, passe dans la gravure, en est dépendant. » Georg Baselitz, in Grabados Gravures Prints 1964-1990, Cabinet des estampes, Genève — Ivam, Valence — Tate Gallery, Londres, 1991.
Bill Caran d’Aches le 2/12/2021
Georg Baselitz - Works on Paper -> 15/01/2022
Galerie Catherine Putman - 40, rue Quincampoix 75004 Paris