Spoerri, le fluxus prosaïque et nonagénaire chez Anne Barrault

Daniel-Spoerri-20-galerie-anne-barrault-13b-768x723.jpg

Artiste complet qui a fui sa Roumanie natale pour cause de pogroms réitérés, Daniel Spoerri a successivement touché  à la danse, à la mise en scène, à la poésie, avant les arts visuels. Associé à Fluxus, il a aussi participé du Nouveau réalisme. Pour ses 90 ans, Anne Barrault présente Happy Birthday Mr Spoerri !.

Capture d’écran 2020-09-16 à 11.27.41.png

La création de Daniel Spoerri s’inscrit dans le mouvement Fluxus apparu aux Etats-Unis dans les années 1960 et qui intervenait dans tous les domaines de l’art. Avec les ressorts de l’humour, de la dérision et de la banalité du réel, Fluxus a développé un anti-art qui voulait déjouer la sublimation, comme dimension de l’art traditionnel. En composant ses toile avec des vestiges de ses propres repas (souvent entre amis), Daniel Spoerri archivait plus que des objets, il encadrait littéralement des actions  de la vie ordinaire. Ce Eat Art désacralise l’art en le plongeant dans le prosaïsme entre des restes d’un repas dans des assiettes, une tasse à café et un cendrier plein de mégots… Le moquerie comme réflexion, tout en gardant le geste de la création et le détournement comme manifeste : il faut savoir garder la frite !

Daniel-Spoerri-20-galerie-anne-barrault-01b-768x463.jpg
Capture d’écran 2020-09-16 à 11.26.42.png

En résumé de parcours, on y trouvera donc : des tableaux-pièges conçus dès les années 1960. Il s’agit d’un assemblage d’objets du quotidien collés sur une surface plane qui est ensuite accrochée au mur. Ce sont souvent les restes d’un repas qui, ainsi figés, produisent une nature morte réaliste. Le Poisson d’avril (1976) montre ainsi un plateau surmonté d’une assiette vide, où demeurent les restes d’un plat en sauce à la morue. Plus récemment, les assemblages de Daniel Spoerri sont composés d’objets trouvés, souvent insolites, qui imitent avec humour un art primitif ré-inventé. Histoires de boîtes aux lettres IV (1996) mêle ainsi masques africains, bois de cerfs et tête de poupée. Et, à l’exact inverse d’un Jeff Con, pardon Koons, le décalage persiste au fil du temps. Allez, encore trois semaines pour aller voir de quoi - et comment - ça parle dans le Marais.

Jean-Pierre Simard le 16/09/2020
Daniel Spoerri - Happy Birthday Mister Spoerri ! > 10/10/2020
Galerie Anne Barrault 51, rue des Archives 75003 Paris

Daniel-Spoerri-20-galerie-anne-barrault-07b-768x768.jpg
Capture d’écran 2020-09-16 à 11.28.32.png