L'arrêt de La Cour pénale internationale sur Israël est une source d'espoir

Tout Israélien décent devrait être heureux d'apprendre la bonne nouvelle venue de La Haye vendredi : La Cour pénale internationale est compétente pour enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par Israël dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Enfin, après 53 ans.

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Il est vrai que le chemin vers la poursuite des auteurs des crimes est encore long, et peut-être impossible, mais un nouveau langage - impossible à ignorer - apparaît dans le ronron de rouleurs de mécaniques d'Israël, qui fait un pied de nez au droit international.

Un certain nombre d'Israéliens dans l'armée et l’establishment politique vont commencer à transpirer dans les mois à venir. Des avocats chevronnés seront engagés pour les défendre. Certains d'entre eux auront peur de se rendre à l'étranger par crainte d'être arrêtés. C'est une bonne nouvelle. Peut-être qu’ainsi, ils commenceront à penser différemment à leurs actions. Peut-être que la crainte d'être poursuivis les contraindra à l'avenir. Peut-être qu'au cours de la prochaine saison électorale, un candidat « centriste » comme Benny Gantz ne se bomber" plus le torse pour se vanter du nombre de tombes au Liban dont il est responsable. Peut-être qu'un autre candidat « centriste », Moshe Ya'alon, qui a assassiné Khalil al Wazir (Abou Jihad) dans son lit et qui, en tant que ministre de la Défense, a mené l'opération « Bord de protection » dans la bande de Gaza à l'été 2014, commencera à avoir un peu honte de ses actes.

L'inquiétude exprimée après la décision - à savoir que l'enquête prévue pourrait avoir un effet paralysant sur les forces de défense israéliennes qui dissuaderait les officiers de s'impliquer dans les colonies juives de Cisjordanie et les pousserait peut-être à y réfléchir à deux fois avant la prochaine attaque aérienne contre Gaza - n'est pas une source de peur, mais le début d'un espoir.

Le premier test est la réponse de l'establishment politique et des médias en Israël à la décision. Jusqu'à présent, ils ont prouvé que - comme toujours lorsqu'il s'agit de soutenir l'occupation - il n'y a pas de différence entre la gauche et la droite, et qu'il n'existe pas de médias équitables et courageux : Israël s'est rassemblé presque comme un seul homme pour jouer la victime et pour attaquer, les choses qu'il aime faire par-dessus tout. Au lieu de se soumettre au tribunal, de le remercier de chercher la vérité - après tout, Israël n'a rien à cacher - et d'annoncer qu'il coopérera à l'enquête, un torrent de cris, de lamentations et de menaces s’est déversé.

Oublions la droite, qui ne comprend certainement pas la question. Mais le chef de l'opposition [de « gauche », NdT], Yair Lapid, a qualifié la décision de « honteuse » et a déclaré qu'elle « encouragerait la résistance palestinienne ». Pardon ? La résistance palestinienne ? Lapid, le défenseur du système judiciaire, se prononce contre la Cour ? « Je suis fier des soldats et des officiers de l'armée israélienne qui nous protègent », a récité Lapid, comme un garçon de Bar Mitzvah. Qui a besoin de Gideon Sa'ar [concurrent de Netanyahou, sur sa droite, comme tête de console du Likoud, qu’il vient de quitter pour créer  Tikva Hadasha , « Nouvel Espoir », NdT] quand on a quelqu'un comme Lapid.

Yair Golan, de l'aile gauche du Meretz, évite d'avoir besoin d’une droite. « Israël n'a commis aucun crime de guerre dans les territoires », a déclaré le général, qui en connaît un rayon sur les crimes de guerre, comme le soi-disant protocole de voisinage, où les soldats emmènent des Palestiniens avec eux dans les rafles et perquisitions, comme boucliers humains – le legs de Golan à l'armée israélienne. Avec une gauche comme celle-là, nous n'avons pas besoin que Gilad Erdan, l'ambassadeur d'Israël aux USA et aux Nations unies, hurle à l' « antisémitisme » à Washington.

Les médias israéliens aussi, dont une majorité décisive a exhorté les militaires à attaquer de plus en plus pendant l'opération Bord de protection, ne comprennent pas non plus ce que le monde attend soudainement d'un Israël pur et innocent, qui ne fait que se protéger de l'annihilation.

Le président philippin Rodrigo Duterte a retiré son pays de la CPI suite à l'enquête de la Cour sur sa guerre sanglante contre les trafiquants de drogue. Israël n'a jamais rejoint la Cour, de peur qu'une enquête ne soit menée sur lui. C’est vrai, ce tribunal n'est pas parfait. Il s'en prend aux faibles : seuls des criminels de guerre africains ont été poursuivis jusqu'à présent. Mais nous ne pouvons pas nous en passer. Face à un pays comme Israël, qui n'a jamais sérieusement enquêté sur les soupçons de crimes de guerre de son armée et de son gouvernement, il n'y a pas d'autre choix que de se tourner, avec espoir, vers La Haye.

Au moins 1 000 civils innocents ont été tués au cours de l'opération Bord de protection ; plus de 200 manifestants non armés ont été tués à la barrière frontalière de Gaza ; chaque colonie est un crime de guerre. Ces vérités claires n'ont jamais pénétré le discours israélien mensonger et au cerveau lavé. Peut-être que maintenant, une procureure de Gambie, un juge du Bénin et un juge de France feront ce que notre estimée Cour suprême tant exaltée n'a jamais osé faire, à sa grande honte.

Gideon Levy גדעון לוי
Traduit par Fausto Giudice
Source: https://www.haaretz.com/opinion/.premium-the-hague-ruling-is-cause-for-hope-1.9517626
Merci à Tlaxcala