Référendum en Colombie : comment l'ultra-droite a dit Non à la paix

Presque incroyable, les Colombiens viennent de repousser (de peu, il est vrai : 50,21% de Non contre 49,78% de Oui, mais cela suffit) l'accord de paix avec les FARC qui devait mettre la fin à 60 ans de guerre civile. C'est une revanche de l'ex-président de droite (et même d'extrême) Alvaro Uribe, ami des paramilitaires fascistes et premier allié des USA en Amérique latine, sur le nouveau président de droite, Juan Manuel Santos, qui lui a pris sa place, et a négocié cet accord de paix qu'il avait toujours refusé, ayant décidé une fois pour toutes qu'il fallait tuer tous les communistes jusqu'au dernier. Une sorte de duel Sarkozy/Juppé en Colombie ? Les premières victimes en seront en tout cas les Colombiens des campagnes. Les plus pauvres. 

Pour l'ex président Álvaro Uribe, « la Colombie n'a pas été en guerre » mais a « souffert d'une attaque systématique du narco-terrorisme. » Voici les 10 points clefs du discours qu'il a fait à Carthagène des Indes pendant que les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie – Armée du Peuple (FARC-EP) et le Gouvernement de Juan Manuel Santos signaient l'Accord de Paix Définitif.

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Il ne s'attaque pas au trafic de drogues

Selon les statistiques d'Uribe, il y aurait 170 000 ha de cultures illégales et sous sa gestion, cela aurait baissé à 47 000 mais « à cause de l'indulgence envers le terrorisme, ce chiffre est à nouveau monté à 200 000. »

« Le trafic de drogues a encouragé le terrorisme et dans cet accord avec les FARC-EP, la cartel de la cocaïne le plus important du monde, on a accepté de relier ce délit à la politique. Les délinquants les plus importants de cette organisation ne seront pas sanctionnés chez nous ni même extradés et on leur accorde le droit d'être élus », a-t-il souligné.

Ce qu'Uribe ne dit pas...

Le point 4 de l'accord est consacré à la « Résolution du Problème des Drogues Illégales. » Il dit que pour construire la paix, « il faut trouver une solution définitive au problème des drogues illégales incluant les cultures à usage illégal et la production et la commercialisation des drogues illégales. »

Pour cela, il stipule de donner « un traitement différent et différencié au phénomène de la consommation, au problème des cultures à usage illégal et à au crime organisée associé au trafic de drogues dans le respect général des droits de l'homme et de la santé publique, différencié et de genre. »

L'impunité règne

Uribe a déclaré : « L'assassinat et l'enlèvement de policiers et de soldats souvent sans défenses restent impunis (…) Restent impunis tous les délits contre l'humanité comme l'enlèvement, la séquestration et le viol de petites filles, les voitures piégées, la destruction de 200 municipalités. Les responsables les plus importants de ces atrocités n'iront pas en prison ni ailleurs. »

Ce qu'Uribe ne dit pas...

Le point 5 de l'Accord est consacré aux « Victimes ». Le dédommagement des victimes y est traité et pour cela, est créé le Système Intégral de Vérité, de Justice, de Réparation et de Non Répétition qui « contribue à la lutte contre l'impunité en combinant des mécanismes judiciaires qui permettent d'enquêter et de sanctionner les violations graves des droits de l'homme et les infractions graves au Droit International Humanitaire par des mécanismes extra-judiciaires complémentaires qui contribuent à éclaircir les faits, à la recherche des êtres chers disparus et à la réparation des dommages causés à des personnes, à des collectifs et à des territoires entiers. »

Le président Santos a réaffirmé que l'accord de paix avec les FARC-EP ne débouchera pas sur l'impunité. « Ceux qui parlent d'une paix avec impunité ne disent pas la vérité. Les responsables de violences feront l'objet d'une enquête et seront jugés par la justice de transition, » a-t-il assuré lors du lancement du Plan Paix Córdoba.

Le castro-chavisme triomphera

« Notre président [Juan Manuel Santos], après avoir été la voix latino-américaine la plus critique envers le chavisme a permis que la « tyrannie » du Venezuela se transforme en terrorisme, de la cachette dans laquelle elle était protégée au chemin pour prendre la Colombie. Maduro a bien dit qu'ici, on doit une statue à Hugo Chávez parce qu'on a obtenu ce qu'il voulait pour la Colombie et nous le comprenons bien, les FARC-EP triomphent, » a-t-il indiqué.

Contraire à ce que dit Uribe...

Le Haut Commissaire pour la Paix en Colombie Sergio Jaramillo a signalé le 12 septembre dernier que le leader de la Révolution Bolivarienne Hugo Chávez a été celui qui a convaincu les FARC-EP que c'était le moment de faire la paix. Le commissaire a indiqué que « vérité est que nous, les Colombiens, nous pouvons penser ce que nous voulons de Chávez et de son Gouvernement mais le fait est que Chávez a apporté un soutien important à ce processus en convainquant les FARC que c'était le moment de faire la paix. »

Le « Non » est réprimé

Uribe a accusé le gouvernement d'interdire la publicité officielle pour réduire au silence les partisans du « Non » alors que le « Oui » jouit d’une propagande provocante et ostentatoire. » « Le Président a refusé le débat, nous a invité à adhérer après nous avoir traité comme jamais il n'a osé le faire avec le terrorisme. Le chef des négociations, que nous avons rencontré plusieurs fois, parle de dialogue civilisé quand il n'a pas prêté attention à un seul des arguments des défenseurs du « Non ».

Ce qu'il ne dit pas...

Ce qui est certain, c'est qu'à quelques jours du plébiscite, une enquête réalisée par un média local avec Cifras & Conceptos a révélé que 62% des Colombiens soutient le « Oui ». Elle révèle, en outre, que près de 9 millions de citoyens sont prêts à participer à l'élection.

Le dimanche 2 octobre prochain, les Colombiens iront aux urnes pour approuver ou non l'accord de paix signé ce 26 septembre entre le Gouvernement et les FARC-EP.

On a approuvé le terrorisme

« Le terrorisme heureux a obtenu qu'ils approuvent tout son ordre du jour, les négociateurs du Gouvernement, avec une architecture juridique pour détruire la démocratie, ils cachent tout ça en abusant du mot « paix » (…) Le président a négocié avec le terrorisme l'ordre du jour du pays, l'usurpation de la Constitution, qui n'est pas la paix mais tout le contraire, » a-t-il assuré.

Les partisans d'Uribe ignorent que...

Le point 3 de l'Accord parle de « Cessez-le-feu et Arrêt des Hostilités Bilatéral et Définitif et Abandon des Armes. » Son but n'est pas seulement la fin définitive des actions offensives entre les parties impliquées incluant celles qui affectent la population. Il stipule aussi l'abandon des armes et la nécessité de préparer les institutions et le pays à la réincorporation des membres des FARC-EP à la vie civile, à la vie économique, sociale et politique.

Il y aura plus d'impôts

D'après lui, l'économie colombienne est « prise en otage » par les FARC-EP. « Le terrorisme attend qu'avec cet Accord qui amène plus d'impôts, des menaces d'expropriation, des dépenses publiques inefficaces, une police politique dans le style castriste, l'économie se détériore et que la crise sociale s'aggrave, ce qui permettrait la prise du pouvoir pour mettre en place définitivement la Socialisme du XXI° Siècle qui a échoué dans le style du frère Venezuela. Les FARC l'avouent sans réserves. »

La vérité est que...

Le point 2 de l'Accord stipule : « la Participation politique : Ouverture démocratique pour construire la paix. » C'est une menace pour Uribe, « un élargissement de la démocratie qui permette à de nouvelles forces de surgir sur la scène politique pour enrichir le débat et les discussions concernant les grands problèmes du pays et, de cette façon, de renforcer le pluralisme et par conséquent la représentation des différentes visions et des différents intérêts de la société avec les garanties adéquates pour la participation et l'inclusion politique. »

Le gouvernement s'associe avec des criminels

« On répète la grave erreur d'associer l'Etat avec des criminels, dans ce cas avec les FARC, pour combattre d'autres criminels comme les successeurs du para-militarisme. Cette expérience amère a été vécue dans le passé et elle a conféré un grade à plus de criminels. On en aurait fini avec les FARC si mon Gouvernement avait permis que les paramilitaires avancent dans leurs intentions, » a déclaré Uribe.

Ce qui est certain, c'est que...

Le point 3 comprend aussi l'accord sur « les Garanties de sécurité et la lutte contre les organisations criminelles responsables d'homicides et de massacres ou qui portent atteinte à des défenseurs des droits de l'homme, à des mouvements sociaux ou à des mouvements politiques, y compris les organisations criminelles qui ont été qualifiées de successeurs du para-militarisme et leurs réseaux de soutien et la poursuite des conduites criminelles qui menacent le mise en place des accords et la construction de la paix. »

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Rejet du soutien international

« Nous ne comprenons pas que certains pays soutiennent ici ce qu'ils n'admettraient pas là en faveur du terrorisme (…) Les visiteurs qui viennent d’Amérique Centrale doivent se souvenir que là, il y a eu des insurrections contre des dictatures, en Colombie, l'Etat de Droit a été défié par le narco-terrorise. Chaque fois qu'au Pérou apparaissent des signes de réapparition du Sentier Lumineux, ils répondent avec autorité, pas avec l'amnistie d'Abimael Guzmán. Le Mexique n'amnistierait pas les chefs de bandes des cartels de la drogue dont les FARC ont été le meilleur pourvoyeur (…) Cela nous fait de la peine que des démocraties amies avalisent l'impunité accordée au cartel de la cocaïne le plus important du monde, » a-t-il accusé.

Ce qui est certain, c'est que...

Le président de la Colombie a souligné l'importance du soutien international aux dialogues de paix parce qu'ils donnent une légitimité au processus mené à bien dans le pays entre le Gouvernement et les FARC-EP.

Oui, on veut la paix mais pas comme ça

« Nous, les Colombiens qui disons « Non » à cet Accord, nous déclarons avec solidarité à nos compatriotes du « Oui » que nous aussi, nous voulons la paix, celle qui ne génère pas le mauvais exemple, qui n'est pas instable, qui respecte les conditions minimales de justice du droit international et du droit du pays, qui protège les membres des FARC démobilisés et notre démocratie du risque du totalitarisme socialiste, » a-t-il déclaré.

Ce qu'il veut laisser de côté...

Après presque 4 ans de négociations à La Havane (Cuba) et 2 ans de négociations secrètes, le Gouvernement de Colombie et les FARC-EP ont atteint la fin des négociations par un accord ce 26 septembre. Cet accord cherche à mettre fin au conflit armé de plus d'un demi-siècle qui a fait au moins 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,8 millions de personnes déplacées. Et l'ex président Álvaro Uribe n'est pas d'accord avec ça.

Oui, il est possible de renégocier

« Le président trompe le monde en affirmant qu'il n'y a pas d'autre solution pour obtenir la paix. En tant que ministre et candidat pour notre parti en 2010, il savait qu'il y en avait, il sait qu'il y en a. Pour le cacher, il refuse le débat (…) Il est compréhensible que les FARC disent que rien en peut être renégocié, ils seraient fous s'ils obtenaient tout. Voter « Non » est la seule chose qui à présent ouvre la voie aux corrections, » a-t-il prévu.

En réalité...

Le président colombien a assuré que ceux qui soutiennent le « Non » au plébiscite avec l’argument qu'on pourra renégocier les accords de paix avec les FARC – EP trompent le peuple colombien. « Ceux qui disent que si le « Non » gagne, c'est mieux pour les accords trompent le pays. » Il a, de plus appelé instamment tous les citoyens à voter « Oui » au plébiscite du 2 octobre.

Source en espagnol :

http://www.telesurtv.net/news/10-razones-de-Uribe-para-contrariar-el-acuerdo-final-de-paz-20160930-0014.html

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