Agata Kus dessine un Mademoiselle glacé

De la peinture figurative qui emprunte autant à Bazooka qu'à Diane Arbus ou Stanley Kubrick, ça interpelle. C'est le but d'Agata Kus avec ce Mademoiselle glacé qui refuse le cubisme…

 
Agata Kus, HE TAKES MOVIES VERY SERIOUSLY  Huile sur toile — 105 × 130 cm Courtesy of Maëlle Galerie, Paris

Agata Kus, HE TAKES MOVIES VERY SERIOUSLY Huile sur toile — 105 × 130 cm Courtesy of Maëlle Galerie, Paris

Agata Kus peint essentiellement des personnages en s’inscrivant dans le retour triomphal de la peinture figurative classique, dont nous sommes témoins ces dernières années. La pluralité de narrations simultanées, caractéristique de sa peinture, réunie en une seule composition, permet de lire en même temps plusieurs motifs du tableau ; les différents thèmes ou la synthèse de tous les thèmes génèrent des sens nouveaux. Et la question se pose de savoir si elle a une quelconque revanche à prendre sur le cubisme, dont elle semble détordre les courbures pour revenir à un univers plan… 

La non évidence et l’ambiguïté de ses tableaux ouvrent beaucoup de possibilités d’interprétation et permettent de suivre cette narration fascinante. L’artiste à recourt en même temps à des jeux formels tels que le collage pictural, le pseudo-découpage, les techniques mixtes peinture collage, effaçage et destructions, en suggérant le recoupement de plusieurs compositions dont la facture et les techniques sont différentes. Et l’on peut aussi observer qu’elle reprend en peinture une technique de double vision photographique qui là, n’apporte pas de troisième dimension mais, semble plutôt aspirer le sujet dans une double confrontation à lui-même.

Agata Kus, miss a shot, 2015  Huile sur toile — 105 × 120 cm Courtesy of Maëlle Galerie, Paris

Agata Kus, miss a shot, 2015 Huile sur toile — 105 × 120 cm Courtesy of Maëlle Galerie, Paris

Agata Kus pratique aussi bien la peinture, la vidéo que la performance. Lauréate de nombreux prix, elle a remporté la Biennale internationale de l’art des médias WRO 2015 de Wrocław (grand prix pour l’installation vidéo à plusieurs écrans intitulée « Kochanka » [La maîtresse]).

Jumeaux, portraits répétitifs, reflets miroir de figures, portraits doubles où les personnes regardent, pensifs, avec des yeux de verre et parfois les yeux brûlés, plongées dans la réflexion, absents, jumeaux siamois réunis par leurs épaules, tout cela intrigue et inquiète; mais pas plus qu’une image d’actualité sordide,  son but restant ailleurs de montrer en posant une énigme. et c’est encore à la peinture qu’elle se réfère , du côté des Identical Twins de Diane Arbus ou des fameuses jumelles de Shining de Stanley Kubrick. Ces portraits suscitent l’angoisse, et c’est bien là recherche de l’artiste qui nous les sert avec des traits purs, sous une lumière aiguë et stérile. Un mode clinique duel pour un effet certain.

Agata Kus, Twins IV, 2015  Huile sur toile, brulures de cigarettes — 105 × 130 cm Courtesy of Maëlle Galerie, Paris

Agata Kus, Twins IV, 2015 Huile sur toile, brulures de cigarettes — 105 × 130 cm Courtesy of Maëlle Galerie, Paris

Tainted Love

Tainted Love