Avec Bianca Argimon aux Filles du Calvaire, détourner jusqu'à disparition du sujet
Bianca Argimon expose tout un matériel visuel de petites céramiques émaillées intenses où parait le corps écrasé au sol d'un Batman qui se serait craché ou qu'on aurait abattu, enfin !!!... repris par ces gouaches de petit format avec son complice Robin, Spider Man, Captain America, tous grotesquement ligotés, arrêtés, écrasés, quand se dit le revers des comics américains en pleine déconfiture et qu'une filiation se fait avec toute une contre-culture américaine dont certains Pop Artists (Rauschenberg, Lichtenstein.)..au titre amusé de THE FALL, la chute, et ce quadryptique de 160X480 cm au titre génial de HOME SWEET BURNING HOME de 2025...
Tout un brulot joyeusement assassin d'un retour de Trump sur lui même, ici vu de Paris, la joie païenne de bruler la bêtise dans ce qu'elle recouvre de plus odieux, l'absolu du pouvoir dont celui de l'argent, l'agression comme mode relationnel, le jeu du plus fort etc... ici vu à travers la manipulation des signes, images, concept publicitaires, objets symboliques décrits dans ce SHOW monumental et mondial, avec force coups de gueule, coups de coude et pour en finir coups de feu.... Ah que cette exposition est plaisante, incisive, rebelle, explosive, adorablement joyeuse, en témoignent ces tons pastels rose par lesquels se crient ces petites scènettes composant ce HOME SWEET BURNING HOME.
Que tout cela est saint, bien vu toute une ironie mordante décape l'espace psychologique de cette amère Hic, comme la chanson de Nougaro, je suis sous, saoul ton balcon, Marie-Christine, et tout cela sous un jour pastelisé, croqué à la Robert Crumb, Johnny Ryan, Paul Kirchner, tout ce que la BD américaine underground a pu faire émerger de plus caustique et de plus rafraichissant en période de CRISE CiVILISATIONNELLE et de RÉGRESSION GÉNÉRALE... Au feu les pompiers aurait hurlé Milos Forman.
Que de mythographies passées ici au VITRIOL, mais en douceur...et en force!
Une question pour Bianca Argimon, pourquoi ne pas aussi s'attaquer à notre belle France Macronisée... avec cette même verve et cet aplomb ?
Pascal Therme, le 21/10/2025
En version galerie policée, ça donne ça :
Bianca Argimón explore une temporalité confuse, quelque part entre fresque antique et peinture à la tempera. Il y a quelque chose d’intemporel dans ses saynètes, une douceur grinçante qui rappelle Bosch ou Brueghel. Depuis plus de dix ans, elle manipule avec une ironie acérée, nos petits drames contemporains, les tissant dans des compositions désabusées, à la fois drôles et inquiétantes.
Dans cet univers, les symboles s’entrechoquent : machines froides au sourire figé,
figures anthropomorphes absurdes, animaux décalés observant le monde avec une indifférence presque philosophique, un Pinocchio aveugle guidé par le seul poids de son nez... L’humour, omniprésent, n’efface jamais l’inquiétude sous-jacente. Il en est, au contraire, le révélateur discret. L’œuvre de Bianca Argimón pourrait passer pour celle d’une lanceuse d’alerte. Elle est bien plus que cela : un miroir doux-amer tendu à notre réalité grotesque. Elle nous entraîne dans un monde où le fou côtoie le réel, révélant avec acuité cette frontière incertaine entre lucidité et folie collective. C’est ce qu’elle nous donne à voir : une insolence silencieuse, une invitation à la révolte discrète, une colère nécessaire face à notre complaisance coupable.
Que faire alors ? Rire encore une dernière fois avant que tout ne devienne mensonge et illusion. Il suffit de regarder les figures qui dominent notre époque pour comprendre ce que notre silence autorise. Leur présence est la preuve flagrante de notre renoncement collectif. Révoltons-nous, pour ne pas fredonner en chœur la chute de notre monde.
Antoine Py & Camille Frasca
Bianca Argimon - Fake it until you lose it ->1/11/2025
Les Filles du Calvaire 21, rue Chapon 75003 paris