(As we get older and) Stop making sense... version Arnaud Labelle-Rojoux

L’exercice est toujours périlleux pour l’artiste de vouloir expliquer ou encore situer une œuvre, son origine, sa gestation. Dans le cas précis de cette série des trois cent soixante-cinq collages, au contraire, rien de plus simple. Il y a eu, en effet, un déclencheur : la proposition de Marc-Olivier Wahler d’illustrer, pour la revue du musée d’Art et d’Histoire (MAH) de Genève, ma propre plongée dans ses collections.

 
 

Quelle approche allais-je adopter ? Me vint l’idée d’associer une forme en vue de définir tant le musée que moi-même visiteur. Le collage me parut l’évidence : qu’est-ce donc qu’un musée, a fortiori celui-ci, qui réunit des pièces de nature et d’époques composites, sinon un vaste collage culturel ? Et qui suis- je, moi regardeur et moi manipulateur d’images et de mots, sinon un collage mental de références hétéroclites dans un certain désordre assemblées ?

Le collage en tant que technique alors propice aux métaphores ? Pourquoi pas. Dans le Faust de Johann Wolfgang von Goethe (traduit par Gérard de Nerval), se trouve cette réplique de Méphistophélès : « On peut avec des mots discuter fort convenablement, avec des mots bâtir un système. » Il en va de même pour le collage, si l’on veut bien voir qu’il est à la fois langage visuel et textuel et réservoir de mythologies personnelles. On peut assurément via le collage « bâtir un système » : celui de métaphores sans clés prédéfinies, ni souci d’unité hormis le nombre. Les trois collages destinés au MAH ont servi en quelque sorte d’embrayeur à cette série de trois cent soixante-cinq (un par jour), conçus comme une écriture automatique à partir d’éléments me tombant sous la main, ouvrant par effraction au vertige du sens. Hiatus formels, métissages improbables, dispositifs truqués, ressorts secrets, érudition factice, tout concourt aux lectures démultipliées sans garantie critique : chacun la sienne !

Arnaud Labelle-Rojoux

340 - 01 10 2022

304 - 26 08 2022

En contrepoint du cultissime film de Jonathan Demme de 1984 qui donnait à voir un concert des Talking Heads, selon la volonté d’un Byrne connu pour sa croyance que la musique doit être jouée de manière visuelle et intéressante. Que cela a du rendre fier puisque Stop Making Sense est considéré comme le parangon du film musical rock. Rien moins. Harmonie aussi avec l’idée du rock de défragmenter les discours pour leur redonner un autre ton, une autre délivrance ( dans le sens livraison). Et, tirant de ce côté, Labelle-Rojoux fait son live, comme il l’explique plus haut. On plussoie pour le côté Psycho-KIller induit… 

Jean-Pierre Simard le 29/05/2023
Arnaud Labelle-Rojoux - Stop Making Sense -)29/07/2023

Galerie Loevenbruck 6, rue Jacques Callot 75006 Paris

141 - 16 03 2022