Le Livre de Hain d'Ursula Le Guin

Bâtir un univers peut paraître aussi immense qu’épuisant. Ce dernier monde est pourtant un objet de fascination à part entière. Ursula K Le Guin en fit une forme d’art. Mais si nous devions définir un cycle, où cet art du “world building” fut à son paroxysme, ce fut bel et bien celui de l’Ekumen/Hain.

La Terre Du MilieuPoudlardTerremerAmbregris, InterstellarSkyrim, The Witcher ou encore Cyberpunk, les exemples sont légion. Plus qu’une signature d’auteur.rices, nous sommes ici face à un objet pour dire le monde alternatif au notre et nous plonger dans autant de variation géographique, sociologique, politique ou encore mystique.

A ce petit jeu, une autrice en fit une forme d’art. Ursula K Le Guin, en tant que baroudeuse littéraire, nous plongea dans de nombreux mondes. Qu’il s’agisse des îles du cycle Terremer, Des rivages de l’ouest, de la vallée de l’éternel retour, de l’Italie Pré-Romaine de Lavinia, tout au long de sa carrière, l’autrice aura su nous faire découvrir des mondes pour que nous nous questionnons en retour sur notre rapport au notre.

Mais si nous devions définir un cycle, où cet art du “world building” fut à son paroxysme, ce fut bel et bien celui de l’Ekumen/Hain.

Pour la toute première et en deux volumes, les éditions Le livre de poche, nous propose l’intégral de ce cycle. Ainsi dans le premier tome vous trouverez “Le monde de Rocannon”, “Planète d’exil”, “La cité des ilusions”, “La main gauche de la nuit”, “Les dépossédés” ainsi que les nouvelles “Le roi de Nivôse”, ” Plus vaste qu’un empire”, “à la veille de la Révolution” et puberté en “Karhaïde”. Le tout étant complété d’une introduction de l’autrice, d’appendices, un chronologies, des notes, etc…

Dans le second tome, vous pourrez parcourir ” Le nom du monde est forêt”, les nouvelles “Lhistoire des Shobies”, “La danse de Ganam”, “Le pêcheur de la mer intérieure”, “Un amour qu’on n’a pas choisi”, “Coutumes montagnardes”, “La question de eggri” & “Solitude”. Suivi ensuite par “Cinqu chemins de pardon” et enfin “Le dit d’AKA”.

Ce qui fascine le plus chez Ursula K Le Guin, au-delà de la quantité de récits apportés toute sa vie durant, est cette capacité à se renouveler texte après texte. Ainsi, le cycle de Hain, peut se voir comme un gigantesque « world building » imparable. Mais, l’autrice impose le respect par cette capacité à créer des univers uniques, bien qu’interconnecté en filigrane. Aussi, au travers du cycle, ce n’est pas temps le côté “science-fictionnesque”, que l’apport philosophique qui impose l’admiration.

En effet, Ursula K Le Guin, développe des mondes anarchistes, d’autre où le genre (masculin/féminin) devient une ligne floue, un autre où est questionnée la langue et les enjeux derrière son utilisation, ou bien encore un monde de verdure, etc… Car, tout le long du cycle, vous ne tomberez jamais deux fois sur le même monde ou les mêmes spécifcités.

Ce qui a pour effet, tout du long, de nous questionner sur notre rapport aux autres, à notre environnement, sur la société, et bien entendu sur nous-mêmes. Il en ressort l’impression d’avoir parcouru une sorte de « cycle monde » qui a su explorer chaque élément diégétique, chaque système de valeur et de pensé, d’avoir traversé un tout complexe et redoutablement complet.

Ursula K Le Guin fut une autrice unique, passionnante et qui sut apporter son lot de concepts et d’histoires fascinantes. Mais il y a un aspect dont on parle moins, mais qui pourtant mérite toute notre considération. A l’image d’un Tolkien, Le Guin propose une narration et une qualité d’écriture d’une finesse, d’une poésie et d’une élégance qui force le respect voir l’admiration.
Et c’est peut-être ce qui serait le plus pertinent à mettre en avant avec la réédition des œuvres de Le Guin.

Ted, le 18/12/2023
Ursula Le Guin  - Le livre de Hain - Éditions Le Livre De Poche,

Trad. Anne-Judith Descombey, Pierre-Paul Durastanti,
Patrick Dusoulier, Sébastien Guillot,
Henri-Luc Planchat, Marie Surgers & Jean Bailhache
Tome 1 : 1640 pages
Tome 2 : 1200 pages