Sarah McCoy se projette en grande prêtresse de l'empowerment féminin

On m’a dit toute ma vie de m’excuser, désolée pour toi, je ne suis pas faible. C’est ce qu’on entend dans Sorry for you et qui imprègne son nouvel album, High Priestess. Sarah McCoy, prêtresse majestueuse et grande guerrière.

High Priestess est le second album d'une des figures montantes de la scène soul comtemporaine ! S’étant affirmée en quelques années comme l’une des figures les plus flamboyantes de la scène musicale actuelle, la chanteuse et pianiste américaine Sarah McCoy est de retour en force avec son deuxième album. Enregistré avec Renaud Letang (Feist, Keren Ann, Charlotte Gainsbourg...) et sous l’aile bienveillante de Chilly Gonzales, ce nouvel album marque un tournant pour l’autrice-compositrice-interprète accomplie, dont la voix puissante laisse percer de douloureuses fêlures. Rompue à l’exercice en solo de son premier album Blood Siren, elle évolue maintenant vers des sonorités plus modernes et électroniques tout en gardant cette conviction viscérale de chansons gorgées de vie.

Ils sont loin ses débuts dans les piano-bars de la Nouvelle-Orléans. La rage désespérée d'autrefois s'est canalisée, laissant le monde découvrir une chanteuse et pianiste phénoménale, capable de vous transpercer l'âme avec son intensité. Blues rugueux, gospel trash, spirituals poignants, ragtime burlesque ou jazz étourdissant, qu'importent les répertoires, l'artiste au look gothique distillait dans son premier album Blood Siren sa poésie noire et sensible sublimée par des mélodies lumineuses.

Quatre ans plus tard, Sarah McCoy dévoile son nouvel univers musical avec High Priestess, en plongeant ses incantations viscérales dans des sonorités électroniques et modernes. Un virage musical illustré par la ballade poignante Go Blind et l'esthétique de son clip filmé dans le décor lunaire du Lac Yesa (Espagne).

« Je ne suis pas sûre que qui que ce soit puisse définir le “genre” de High Priestes. Tout est lié à l'atmosphère dans laquelle les chansons sont nées. La Nouvelle-Orléans est une anomalie très spécifique aux États-Unis, et c'est là que j'ai nourri la musique de Blood Siren, qui est à la fois sombre comme un bar hanté… et légère, comme quand on a la tête dans les nuages. Avec mon nouvel album, on a plutôt les mains dans la terre. Quand je chante High Priestess, je m'attaque à quelque chose de très différent. C'est la dissection de ma relation personnelle avec moi-même » déclare Sarah McCoy. Un work in progress toujours aussi décalqué et qui ne colle pas à l’air trop policé du temps. Une parfaite alternative à Adele, devenue, en quelques temps, la passionaria des cadres sup…  Toujours à côté du cadre, dans une drôle de proximité qui en fait le sel et - toute - la différence.

Jean-Pierre Simard le 30/01/2023
Sarah MCoy- High Priestess - Gentle Threat/PIAS