La French Touch de Jean-Claude Lagrèze

Inventeur du terme French Touch, lors d'une de ses soirées - comme j'ai moi-même inventé Paris-Plages pour une autre au Rex - Jean-Claude Lagrèze a flashé tout azimut les années 80 et suivantes, passant de mode en mode et de lieu en lieu, quand cela comptait et qu'on croisait au détour d'un couloir aussi bien une créature déjantée qu'une star en goguette. A un moment où l'idée du beau n'avait que peu de rapport avec une marque, mais plus avec ce(ux/celles) qu'il l'habitai(en)t. Magnéto, Paulo ! 

Nina Hagen

Paris était alors LA capitale où cela se passait … où le champ des possibles était si vaste qu’il n’était pas rare de croiser au détour d’une ruelle Prince, Mick Jagger ou Afrika Bambaataa bras dessus bras dessous avec Julie Delpie, Siouxsie ou Régine et où les fêtes du Palace étaient plus courues que celle du Studio 54.

Capitale de toutes les musiques, de nombreux mouvements y sont nés ou y ont grandi et pour le coup, cela signifiait un vrai underground avec des relais médiatiques nommés Actuel, Libé et déjà Radio Nova. A l’instar du Saint Germain des Près des années Vian, Paris des 80's, c’était Castel, le Rex Club, le Bataclan ; mais surtout le Palace et les Bains, à s'éclater sur fond de musique mutante (rock, hip-hop, d’électro, afro, latino ou house.) Les radio libres crachaient leur venin musical après des décennies de frustration, la nuit parisienne prolongeait le plaisir. Et à l’époque qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse, elles avaient des goûts d'ailleurs, de nombreux goûts même à passer du IX illuminé des boulevards aux squats éclairés au butane de Belleville…

Clash

Ces années festives, toutes substances confondues, sont ici illustrées par de superbes photos signées de Lagrèze de David Bowie,  à Depeche Mode, Bauhaus, Kraftwerk, Madonna, Mick Jagger, Sparks, Klaus Nomi, Cure, Elie Meideros avec Jacno, Nina Hagen, Gainsbourg…

Puis, lassé de n'être que spectateur, il a enfilé la tenue de l'organisateur allant jusqu’à organiser lui-même des fêtes, à l’époque les premières soirées house au tout début de la techno : French kiss, les Incroyables, Xtravaganza. Sans oublier French touch, le terme venant d'ailleurs de là.

Jean-Pierre Simard

 Jean-Claude Lagrèze, Paris Capitale Underground, élaboré par Pascal Lagrèze et Sabine Morandini, éditions La Martinière