Vanessa German et l’art comme talisman de guérison et d’insoumission
Certain·es sculpteur·rices manipulent le marbre ou le bronze, quand Vanessa German sculpte les âmes avec des perles, du verre, des os, des prières, des reliques de rue et une force intérieure inclassable. Artiste autodidacte originaire de Pittsburgh, elle se définit comme une « citizen artist » : une citoyenne engagée, guérisseuse, poétesse, activiste, chamane, bâtisseuse d’autels contemporains.
Une artiste à l’identité plurielle et assumée
Vanessa German ne coche aucune case standard. Née dans l’Ohio, installée en Pennsylvanie, elle se forme en dehors du monde académique, absorbant les influences de la poésie slam, de l’art populaire afro-américain, des traditions vaudou, du hip-hop, de la spiritualité bouddhiste et des esthétiques queer.
Ce syncrétisme culturel irrigue toutes ses œuvres. Chaque sculpture, chaque installation est une sorte de corps-rituel, un « corps-monde » qui donne à voir les blessures et les beautés de la vie afro-américaine. Ses œuvres ne sont pas faites pour être regardées poliment dans un musée : elles sont faites pour être ressenties, presque touchées, comme des fétiches protecteurs.
De l’objet trouvé à l’artefact sacré
Son matériau de prédilection ? Le monde. Littéralement. Vanessa German collecte tout ce qu’elle trouve : morceaux de bois, miroirs cassés, perles, dentelles, cristaux, poupées, photos anciennes, armes jouets, bustes de plâtre, étiquettes de bouteille. Sous ses mains, ces objets deviennent porteurs d’histoires et de symboles puissants.
C’est une pratique qu’elle qualifie d’ alchimie sociale ; transformation non seulement esthétique mais politique : elle réenchante des objets jetés pour leur offrir une nouvelle dignité, un nouveau pouvoir. Chaque œuvre est une rébellion douce mais ferme contre l’effacement, la violence, le racisme, la pauvreté et l’invisibilisation.
Un engagement qui dépasse les galeries
Vanessa German ne se contente pas d’exposer dans des galeries chic. Elle est aussi la fondatrice du Love Front Porch, un projet communautaire d’art et de guérison dans son quartier de Homewood, à Pittsburgh. Là, elle crée avec les enfants, les mères, les personnes marginalisées. Elle y construit des sanctuaires où l’art devient soin, et la poésie une forme d’activisme.
Elle le dit elle-même :
Mon travail est une offrande. Je crée pour ceux qui ont besoin de voir, de toucher, de croire que la beauté peut naître même dans les ruines.
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Emile Tapedur, le 16/06/2025
L’art chamanique de Vanessa German