Syndicats navigants et corporatisme, fléau de la lutte sociale

air.jpg

Beaucoup n'ont pas compris le retrait des syndicats des personnels navigants d'Air France, qui avaient laissé croire à un possible ralliement contre la réforme des retraites.

Forts d'un régime spécial, pourtant pas démérité, au vu de la pénibilité du métier, et des risques engendrés par celui ci, ils ont cependant choisi la pire option.

S'isoler dans un secteur professionnel, en ne songeant qu'à une petite partie des salariés, pour obtenir des miettes, et ignorer avec superbe les personnels sol de la compagnie, bien plus défavorisés, et soumis eux, au seul régime général.

Deux mondes deux mesures?

Oui sans doute, et la division au sein même d'une même compagnie, révèle la coexistence de deux mondes qui ne se rencontreront probablement jamais.

Résultat d'un syndicalisme en perte de vitesse, accroché aux basques d'une politique basée sur le principe de profit à tout prix, et de division pour mieux subsister.

Hélas mille fois mais ô combien révélateur de la perfidie calculatrice de ceux qui la propagent et de la naïveté de ceux qui par hasard, y croiraient.

Pour expliquer (un peu) le mécanisme de la fameuse caisse de retraites autonome des navigants techniques et commerciaux ( pilotes, hôtesses de l'air et stewards) voici un petit résumé:
Ils cotisent donc pour 23%, à cette caisse, dont 8.28% pour les salariés, et 14,72% pour la direction d'Air France.

(On ne peut pas, au passage, éluder du revers de la main que mécaniquement, les coûts des billets d'avion soient impactés par cette charge...)

Par ailleurs, 80% de leurs retraites proviennent de cette caisse autonome (CRPN) et 20% de la CNAV ( caisse de retraite générale) !

La CRPN est une caisse autonome de solidarité, créée après la guerre, et qui ne régit pas que les retraites ( elle s'occupe par exemple, de financer des orphelins de salariés victimes d'accidents ...etc)

Elle est financée par l'ensemble du corps navigant, sachant que les commerciaux sont bien plus nombreux que les pilotes, avec une masse très importante de contribution de la part des premiers.

Cela induit à la base, des inégalités puisque les retraites des salaires les plus élevés sont financées par les salaires les plus bas, et provoque déjà des divisions au sein même de cette catégorie socio professionnelle...

Les syndicats de navigants ont pourtant conclu un accord ( encore provisoire cependant) avec le ministre des transports et le nouveau haut commissaire chargé des retraites , qui leur permet de continuer à bénéficier de la caisse autonome, mais attention, plus les salariés sont jeunes moins ils en verront la couleur !

En effet le maintien de la CRPN en l’état ne concernera que les navigants nés avant 1987 (92% des navigants en France ).
Pour tout navigant commercial né après 1987 , le départ pourra se faire à partir de 60 ans mais de manière progressive.
(un exemple tout simple, pour un navigant commercial né en 1987, départ possible à 55 ans ( rarement possible faute d'annuités suffisantes).
Né en 1988, départ possible à 55 ans + 4 mois. Né en 1989, départ possible 55 ans + 8 mois etc...)
60 ans deviendra donc A TERME, l’âge légal de départ possible à la retraite pour les navigants commerciaux.

Les pilotes eux, ont un départ à la retraite qui peut aller jusqu'à 65 ans!

Et pas d'avancées sur l'âge pivot qui reste à 64 ans...Pour le moment, puisqu'on peut imaginer que la botte secrète de Macron pourrait consister à lâcher du lest sur l'âge pivot pour faire passer la pilule.

Finalement, on remarquera qu'à travers une propagande digne de la pensée macroniste la plus perverse, ces syndicats à l'idéologie individualiste, et adeptes de la posture, n'auront fait que creuser leur propre tombe, et faire tomber le peu de crédibilité dans l'opinion qu'ils avaient encore.

Le mal fait au mouvement légitime contre cette réforme est impardonnable, mais devra être vite dépassé ( pas oublié)...

Il est plus que jamais nécessaire de resserrer les rangs avec les forces en présence, celles des salariés dignes et concernés, et cette défection ne devrait finalement qu'être une chiquenaude dans le rapport de force engagé, qui va d'ailleurs bien au delà des retraites...
Des années de vagues successives de grèves, de révoltes le prouvent bien.

Le peuple ne s'en laisse plus conter, et c'est lui qui aura, on l'espère ardemment, le mot de la fin.

France Herderien, le 27 décembre 2019