Colombie : face à la contestation, le président Ivan Duque veut faire appel à l'armée

Si le dirigeant colombien a annoncé le retrait du contesté projet de réforme fiscale, la contestation ne faiblit pas après quatre journées de mobilisation et d'affrontements, qui ont fait plus de 800 blessés et au moins vingt morts. Le 2 mai, le président colombien Ivan Duque a annoncé le retrait du projet de réforme fiscale du gouvernement, et le lendemain, Alberto Carrasquilla, le ministre des finances, a présenté sa démission. L'annonce n'a pas suffi à mettre un terme à la contestation puisque les rassemblements se sont poursuivis dans plusieurs villes du pays. Ivan Duque a fait part de sa volonté de faire appel à l'armée.

Dans un discours prononcé le 1er mai en fin de journée, le président colombien a ainsi proposé une «assistance militaire» dans les rues afin de renforcer la sécurité dans les villes touchées par des violences urbaines. Comme le rapporte le quotidien El Tiempo, Ivan Duque a expliqué que cette assistance militaire se ferait en coordination avec les autorités locales tout en garantissant que les droits de l'homme seraient pleinement respectés. «[Le déploiement des militaires] et leurs actions continueront à s'effectuer dans le cadre du respect absolu des normes internationales en matière de droits de l'homme et seront soumis au contrôle des organes constitutionnels», a-t-il précisé. 3 000 policiers et militaires ont ainsi été déployés à Cali, dans le sud-ouest du pays, selon les autorités. De son côté, la maire de Bogota Claudia Lopez a rejeté l'offre d'assistance militaire.

«Mon devoir en tant que président est de garantir le droit à la manifestation pacifique mais surtout de garantir la sécurité de nos concitoyens», a souligné le dirigeant, ajoutant que l'assistance militaire entrerait en vigueur dans les centres urbains où il existe un risque élevé pour l'intégrité des citoyens et où il est «nécessaire d'employer la pleine capacité de l'État pour protéger la population». Le président a ajouté que cette assistance militaire resterait en place jusqu'à ce que les «actes de perturbation grave à l'ordre public cessent.»

Une réforme accusée d'appauvrir le peuple

Depuis plusieurs jours, les manifestants réclament le retrait du projet de réforme fiscale présenté par le gouvernement qui vise à collecter environ 6,3 milliards de dollars entre 2022 et 2031 alors que le pays est touché de plein fouet par la crise sanitaire et ses conséquences économiques. Comme le rapporte France 24, le PIB (produit intérieur brut) du pays a chuté de 6,8% en 2020 et l'opposition considère que cette réforme va affaiblir la classe moyenne. Si les manifestants ont fait reculer les autorités sur ce projet précis, Ivan Duque n'a pas pour autant renoncé à la volonté de réformer le secteur de la fiscalité.

«C'est incroyable, nous sommes en pleine crise [et le gouvernement décide] de conduire une réforme fiscale [qui] appauvrit davantage le peuple», a déploré un responsable environnemental présent à la manifestation de Bogota le 2 mai, cité par l'AFP. «Il ne s'agit pas seulement du retrait de la réforme, [c'est] la cerise sur le gâteau. Toute la gestion de la pandémie et tout ce qui s'est passé avec ce gouvernement nous a explosé à la figure [...] nous sommes contre toutes les politiques de ce gouvernement», a aussi témoigné Maria Teresa Flores, manifestante âgée de 27 ans.

03 mai 2021

GRUPO DE RESISTENCIA ANTIFASCISTA BOGOTÁ 18 AÑOS 1° DE MAYO PRESENT ! ET COMBATIF !

MANIFESTE POUR NOTRE LIBERTÉ MENACÉE ET POUR NOTRE DEVOIR DE LA DÉFENDRE ET DE LA PRÉSERVER.

"Il n'y a pas de patrie sans liberté, sans que soit tombé l'oppresseur qui humilie l'humanité. Il n'y a pas de vie sans dignité. La justice est le nom de la vraie paix."

Nos vies sont constamment réprimées, violées et limitées par des appareils de contrôle et de terreur qui nous imposent leur volonté.

Des groupes pleins de rancoeur intimident, persécutent et répriment tout acte de non-conformité contre la situation tyrannique qui nous entoure et dont ils sont les défenseurs rampants.

Des personnages égoïstes imposent l'aliénation, le despotisme et l'infamie par la terreur et la peur, légitimées par l’appareil d'État pour contenir l'indignation du peuple.

Ils se déguisent en politiciens et en messies veillant au salut du peuple. Leurs idées sont basées sur des absurdités insensées, qui légitiment l'injustice et la barbarie comme le seul mécanisme valable pour qu’existe la société "propre et pure" qu'ils imaginent dans leurs cruels désirs de pouvoir, accentuant la mesquinerie et approfondissant l'inégalité.

Leurs actions sont basées sur la répression, les menaces et les attaques contre tout ce qui s'écarte de leur modèle idyllique de "loi et ordre".

Ce sont des sujets sans scrupules, capables de prendre la vie des autres derrière des justifications ethniques, religieuses ou culturelles qui n'existent que dans leurs fantasmes de suprématie.

Ces sbires de l'élite oligarchique et déshumanisée voient dans le peuple une masse d'"ignorants naïfs" uniquement bons à déposer le bulletin de vote qui viendra légitimer leur tyrannie.

Nous surgissons !
Contre leurs aspirations démagogiques, despotiques et tyranniques ;

contre leurs idées et la suprématie autoritaire qui nient et empêchent la solidarité des peuples, le développement durable et le respect de l'environnement ;

contre leurs aspirations aliénantes d'automatisation et d'exploitation ;

contre leur égoïsme, leur peur de la différence et de la diversité ;

contre la négation de notre identité, de nos racines, de nos coutumes, de notre pluralité et de notre interculturalité;

contre ceux qui veulent faire de la ville et de la campagne un endroit lugubre où la corruption, l'ignorance et la violence sont monnaie courante;

contre l'ignorance et la déshumanisation ;

contre la lâcheté et les actes qui garantissent l'impunité de la destruction et de la guerre ;

nous surgissons en réponse aux outrages et aux injustices, et jusqu'à la victoire !

Le Groupe de Résistance Antifasciste de Bogota.