Parcoursup est en train d'imploser !

La plateforme « Parcoursup » d'admission à l'Université fait l’objet de fortes critiques. Au moment où les demandes sont transmises aux universités pour réponse sous 6 semaines, de nombreux universitaires, départements, UFR et même universités entières refusent de le mettre en œuvre, soutenus par la plupart des syndicats du secondaire et du supérieur. Pourquoi ? Et si « Parcoursup » implosait?

La mise en place de la plateforme « Parcoursup » et de ses « critères d’orientation » par le gouvernement est présentée comme soutenue par trois arguments principaux :

  • il y a trop de demandes d’inscription dans certaines filières, localement ou nationalement, qui n’ont pas les « capacités d’accueil » suffisantes et que le gouvernement nomme « en tension » ;
  • du coup la plateforme précédente de préinscriptions nommée « Admission Post-Bac » (APB) aboutissait à ce que des bacheliers et bachelières ne trouvent pas de places, d’autres étant tiré·e·s au sort, procédés injustes ;
  • le taux d’inscrit·e·s en première année à l’université qui ne terminent pas cette première année est très élevé (environ 50% en moyenne) et on pourrait éviter ces inscriptions « erronées » ou « inutiles », pour réduire la charge des universités et « améliorer » l’orientation initiale des étudiant·e·s.

Or, cette analyse et le dispositif « Parcoursup » font l’objet de très fortes critiques, au point qu’aujourd’hui, au moment où les demandes sont transmises aux universités qui doivent constituer des commissions d’examens des vœux pour y répondre en six semaines maximum, de nombreux universitaires, départements, UFR et même certaines universités entières, refusent de le mettre en œuvre. La plupart des syndicats du secondaire et du supérieur ont d’ailleurs appelé à prendre cette position de refus.

 Pourquoi ?

 1. Une analyse de départ biaisée par l’idéologie : « en tension » ou « en manque de moyens » ?

 Le fait d’avoir nommé « en tension » les filières où il y a plus, beaucoup plus, de demandes d’inscriptions que de possibilités de les accueillir est significatif d’un certain positionnement. En disant « en tension » on met l’accent sur l’inadéquation entre demandes et moyens, ce qui peut se régler soit en augmentant les moyens, soit en réduisant les demandes. En fait, au regard de la loi et de son esprit de démocratisation de la formation supérieure, avant sa modification fondamentale par la nouvelle loi nommée de façon un peu cynique « Orientation et Réussite des Étudiants » (ORE), le service public d’enseignement supérieur avait obligation d’accueillir les diplômé·e·s du bac et de fournir aux universités les moyens de les former, y compris d’accompagner leur réussite. Dès lors, l’ensemble du problème serait résolu par avance et ne se poserait même plus.

Mais l’idéologie néolibérale au pouvoir depuis plusieurs décennies a conduit les responsables politiques à ne pas donner aux universités publiques les moyens d’accueillir et d’accompagner suffisamment les étudiant·e·s, ni même, depuis la loi de 2007 dite « relative aux Libertés et Responsabilités des Universités » (LRU)[1] les moyens d’assurer ses missions de bases (enseignement et recherche) au point que nombre d’entre elles sont tombées en déficit, ont fermé des postes, des formations, des unités de recherche, etc.

La sélection à l’entrée de la licence vient compléter un système de réduction drastique de l’entrée en doctorat par instauration de quotas (depuis 2002 déjà...), puis de sélection à l’entrée en master. On voit bien le projet s’étendre à toute la formation universitaire.

2. Un projet profondément idéologique et pas uniquement technique

Le fond du problème revenait donc (et reste de toute façon) un manque drastique de moyens, qui est la concrétisation d’une idéologie qu’on appelle communément « néolibérale » et qui consiste à détruire la société comme système de relations humaines et sociales de solidarité et de justice pour revenir en arrière, vers un état de jungle, où seule une compétition généralisée détermine qui est dominant et qui est dominé, qui réussit et qui est détruit. Avec en plus un point de départ faussé car les prédateurs ont déjà installé leur domination, leur captation des moyens économiques, politiques, éducatifs (précisément). Ils se sont préalablement assurés de vaincre (sauf quelques exceptions alibis) dans une société-jungle sur laquelle ils imposent déjà leur contrôle, y compris par les forces de leur ordre pour empêcher la contestation, voire le renversement, de leur domination.

Il ne faut pas se leurrer : la loi ORE et « Parcoursup » sont un élément d’un projet politique global que l’on voit déployer dans tous les domaines de ce qui est de moins en moins une société humaine. Mais c’est une stratégie commode et devenue courante de faire passer un dispositif politique sous un dispositif présenté comme technique. D’ailleurs, c’est sur l’aspect superficiel dit « technique » du dispositif que se concentrent les arguments et les pseudo-interrogations de ses partisan·e·s, à propos de « Parcoursup ». On se demande « comment on va le faire (bien) fonctionner » et pas, fondamentalement « si et pourquoi on va le faire fonctionner ou non ». Dans l’univers pyramidal et autoritaire qu’est devenu la société française, on n’est pas censé dire « non », mais seulement « oui » ou « oui si » aux grands chefs cravatés.

Sauf que les universités sont autonomes et les universitaires statutairement indépendant·e·s... (mais le projet de les remplacer par des contractuel·le·s hors statut se développe depuis la LRU....). Sous APB, c’est le rectorat, donc le ministère de l’éducation, qui assumait une sélection moins sévère que sous « Parcoursup » et qui ne disait pas son nom. Aujourd’hui le gouvernement veut imposer aux universités et donc aux universitaires d’y collaborer. Mais voilà, soutenus par la quasi totalité des syndicats, beaucoup d’universitaires dont je suis (et d’enseignant·e·s du secondaire) refusent d’être des collabos d’un projet politique avec lequel ils et elles sont en désaccord absolu, parce qu’il est contraire à leurs missions, à leur déontologie, à leur intégrité intellectuelle (voir la question des critères ci-dessous). Et nous en avons le droit y compris sur le plan légal. 

3. Liberté de choix et droit au tâtonnement expérimental

 La loi ORE et le dispositif « Parcoursup » restreignent fortement la liberté de choix. Désormais, le bac n’est plus le diplôme d’entrée à l’Université. Du reste, la plupart ne l’a pas encore quand sa demande est examinée. Restriction parce que la possibilité d’inscription est subordonnée à un avis / accord du conseil de classe et du proviseur du lycée puis d’une commission d’examen des vœux à l’université (avis sur lesquels je reviendrai), d’autre part parce que si les « capacités d’accueil » de l’université de son secteur sont « saturées » et qu’on est refusé·e, on se verra proposer par le recteur d’académie et selon des critères flous dans les textes règlementaires, une autre affectation qu’on risque fortement de ne pas pouvoir accepter, parce que c’est une filière trop différente ou qu’elle est éloignée et occasionne un cout que les familles ne pourront pas supporter (dans mon université il y 40% de boursiers et boursières). En fait, c’est un « non » dissimulé sous un « oui ailleurs ». Et la saturation sera fréquente, probablement dans la moitié des départements des universités (par exemple dans la mienne, les vœux sont supérieurs et souvent de plusieurs centaines de %, dans presque tous les départements).

Les nombreux inscrit·e·s qui ne terminent pas leur première année à l’université sont considéré·e·s comme « en échec ». C’est vite dit. Une partie se réoriente et poursuit à l’université ou ailleurs, une autre refait l’année, une autre reviendra plus tard après d’autres expériences, ce qui n’est pas forcément un échec, ni effectif ni ressenti. Célestin Freinet plaidait dans l’éducation pour un « tâtonnement expérimental », confirmé en cela par de nombreux travaux en psychologie cognitive (à la mode aujourd’hui au cabinet du ministre de l’éducation nationale), en sciences de l’éducation ou en didactique des disciplines. Ce tâtonnement, on doit y avoir droit aussi dans l’enseignement supérieur, dont on découvre à peu près tout en première année, y compris les disciplines souvent inexistantes ou très différentes dans le secondaire. On dira que « ça a un coût » (l’éternel argument économique à l’aune duquel on mesure tout dans l’idéologie néolibérale). On répondra, oui, mais proportionnellement très faible et quasi nul au regard des enjeux éducatifs pour les jeunes et pour le monde de demain. Mais pour les prédateurs économiques et les décideurs politiques à court terme, c’est autant d’argent qui resterait public pour une population de milieux moyens et populaires, et que l’on ne pourrait pas capter au profit des privilégié·e·s, dont l’éducation coute déjà énormément plus cher à la collectivité (voyez les dotations des grandes écoles...).

Bourdieu disait avec justesse que pour que les dominés consentent à leur domination, il faut qu’ils en tirent l’espoir d’un petit bénéfice. La loi ORE a prévu que les universités mettent en place un soutien pour les inscrit·e·s sous régime du « oui si », qui doivent le suivre obligatoirement. On prétend aider à réussir celles et ceux qu’on aura mieux orienté·e·s. C’est un leurre. Il ne concernera que les admis·e·s (dans mon département, il y a près de 2500 demandes et nous avons les moyens d’accueillir au maximum 400 personnes en L1 (dans des conditions déjà minimales) et les moyens octroyés pour ce soutien sont dérisoires : 10% des effectifs au maximum suivront l’année prochaine deux modules de 24h de soutien très général dont la moitié à distance (y compris des choses qui existaient déjà comme une présentation de la bibliothèque universitaire ou un renforcement en expression écrite), et l’année d’après 4 modules (idem) si le dispositif est maintenu (sachant qu’on manque presque partout d’enseignant·e·s pour les assurer).

4. Vous avez dit « orientation et réussite » ?

Sur quels critères seraient donc mieux orienté·e·s les candidat·e·s pour recevoir un « oui » ou un « oui si » avec classement obligatoire (sauf quand les candidatures ne dépassent pas les capacités d’accueil, ce qui est rare), ou encore un « en attente » faute de place ? Via « Parcoursup », ils et elles fournissent :

  • un dossier administratif et de résultats scolaires,
  • une « fiche avenir » qui correspond en fait à un bulletin scolaire du lycée comportant un avis final sur la « cohérence du vœu avec le projet de formation » et sur la « capacité à réussir » donné par le chef d’établissement aux lycéens et lycéennes,
  • les notes de français aux épreuves anticipées du bac,
  • pour celles et ceux qui l’ont déjà (et qui ne sont plus au lycée), les résultats du bac ou du DAEU ou d’un diplôme étranger équivalent,
  • une lettre de motivation,
  • pour certaines formations seulement, un CV.

Ces informations doivent être évaluées par les commissions d’examen des vœux au regard d’« attendus » nationaux par discipline (qui ont été imposés par le ministère de l’enseignement supérieur après consultation opaque de « sociétés savantes » et non pas directement de la communauté universitaire (par exemple le Conseil National des Universités par discipline). Il y a également d’éventuels « attendus » locaux que beaucoup d’universités ont refusé d’établir pour ne pas collaborer à une sélection accrue et localement différenciée, donc plus inégalitaire, des candidat·e·s. De plus, de nombreux lycées ont refusé de donner des avis restrictifs à leurs élèves, soutenus par la quasi totalité des syndicats, et ont systématisés les avis favorables, par principe et par incapacité à « évaluer » a priori l’avenir possible de leur élève. Il y aussi des lycées où on saque les élèves et où on donne des assurances fausses aux parents d'élèves sur l'examen des dossiers à l'université; et des départements d'universités où on va faire un tri très sélectif, y compris sur critères douteux.

5. Orientation ou divination ? Entre algorithme absurde et boule de cristal

A l’examen, on s’aperçoit très vite de l’arbitraire et même de l’absurdité du dispositif, de ses critères et de sa mise en œuvre.

Comme il est matériellement totalement impossible de traiter ces milliers de dossiers de façon précise dans les universités, le ministère de l’enseignement supérieur a élaboré un « outil d’aide à la décision » qui est un algorithme informatique. Si l’on estime à dix minutes l’examen de chaque dossier, ce qui est très peu et même bâclé, il faudrait par exemple dans mon département, environ 400h pour les 2400 dossiers transmis (pour 400 places), soit une semaine complète à plein temps pour dix personnes déjà épuisées (nous sommes 16 titulaires en tout et nous avons déjà 1300 étudiant·e·s cette année) qui doivent exactement sur la même période assurer les cours puis les examens et corriger les copies, dossiers et mémoires, recevoir les étudiant·e·s, tenir des jurys, faire fonctionner leur département et leur unité de recherche, participer aux commissions de recrutement des enseignant·e·s—chercheur·e·s, assurer leur mission de recherche, dormir quelques heures par jour, etc..., le tout avec un manque crucial de personnels administratifs et de moyens financiers et techniques (vieux ordinateurs souvent personnels, wifi saturé, mobilier non ergonomique, vu la pauvreté de nos universités...).

Du coup, l’algorithme va « mouliner » les notes scolaires, des équivalents chiffrés des avis donnés par le lycée, et on l'envisage même de la lettre de motivation ramenée à un chiffre identique pour tous les dossiers (puisqu’évidemment son contenu qualitatif ne peut pas être mis en chiffres) et donc, au final, non prise en compte. Il en va de même pour le CV s’il est demandé. Et chaque commission de chaque département de chaque université peut paramétrer l’algorithme à sa guise, modifier les coefficients, annuler un ou plusieurs critères. L’examen des vœux sera donc vidé du peu de sens qu’il aurait pu avoir. Il sera injuste, inégal, inique, absurde.

Et ceci d’autant plus que les informations données sont peu fiables, inégalitaires et confinent à la divination. Jusqu’ici, les résultats étaient ceux du bac, qui valident une formation déjà reçue. Désormais, les résultats du bac seront inconnus, ce qui, soit dit en passant, conduira ensuite à ce que des personnes acceptées n’aient pas leur bac (donc ne pourront pas s’inscrire) et d’autres refusées l’obtiennent y compris brillamment (ce qui leur donnera une priorité d’admission a posteriori, autre inégalité). On sait que le CV et la lettre de motivation peuvent être rédigés par les parents ou des proches, et contenir davantage d’éléments favorables hors scolarité, dans les familles à plus fort capital culturel que d’autres.

Il s’agira surtout d’une estimation a priori de la « cohérence du vœu avec le projet de formation » et sur la « capacité à réussir » sur la « fiche avenir ». Le problème, gravissime, c’est que personne n’est en mesure de déterminer de façon fiable ce que sera l’avenir... Il n’y a pas de prédictibilité rationnelle de la réussite éducative. On sait très bien que des lycéen·ne·s aux résultats scolaires médiocres se sont révélé·e·s en découvrant les disciplines et les contenus de l’enseignement supérieur. J’en ai parmi mes brillant·e·s collègues qui n’auraient pas franchi la barrière de « Parcoursup ». On sait tout aussi bien que de bons élèves du secondaires se sont retrouvé·e·s perdu·e·s face aux modalités non scolaires de travail et la méthode du doute scientifique à l’université. La seule chose dont on soit certain, hélas, c’est que tendanciellement les enfants de pauvres, de milieux populaires et d’immigrés sont mis en échec et souvent discriminés par le système éducatif français : va-t-on s’appuyer sur cette terrible tendance sociologique pour prévoir leur échec et les trier individuellement pour favoriser les enfants des milieux aisés de « bonnes familles françaises » ? Qui peut assumer de faire le pari de refuser quelqu’un·e qui aurait peut-être trouvé sa voie à l’université ? De refuser de donner une chance à quelqu’un·e qui le souhaite ? Et ceci d’autant plus que beaucoup de disciplines universitaires n’existent pas ou sous des formes très différentes dans le secondaire, sont inconnues des collègues du secondaire, qui disent ne pas savoir évaluer une « cohérence du projet » ni une « capacité de réussite » vers ces disciplines. Cela revient à lire dans une boule de cristal. Bref, c’est une loterie, un tirage au sort : on en prendrait 400 dont on a aucune assurance qu’ils et elles réussiront mieux que les 2000 autres qu’on n’aurait pas pris. On voit bien pourquoi la question technique (« comment faire ? » rejoint forcément la question politique (quoi faire ?) au croisement de la déontologie des enseignant·e·s.

6. « Parcoursup » va-t-il imploser ?

 Construit dans une grande précipitation, sans consultation, sans temps de discussion ni même d’expérimentation, fondé sur une analyse erronée et des critères inadaptés, biaisé par l’idéologie et l’arrogance, mis en place avant même que la loi l’y autorise, matériellement inutilisable et déontologiquement inacceptable, le dispositif « Parcoursup » va se retrouver confronté, et avec lui ses décideurs et décideuses, à son blocage dans les universités, où l’on refuse massivement d’y collaborer, à des recours très nombreux devant les tribunaux administratifs (voire au pénal pour discrimination). La règlementation prévoit que : « si les candidats en font la demande, l’établissement dispensant une formation de 1er cycle devra leur communiquer les informations relatives aux critères et modalités d’examen de leurs candidatures ainsi que les motifs pédagogiques qui ont justifié la décision prise ». Que va-t-on leur répondre ? Que c’est un algorithme neutralisant le contenu de leur dossier qui a décidé et qu’une commission fantoche a signé le PV ? Que les enseignant·e·s n’ont pas eu le temps d’étudier les dossiers et qu’on a tiré au sort? 

Il va conduire à une rentrée chaotique en septembre prochain (qui pourra s’inscrire en première année, où et comment ?). Les départements qui refusent « Parcoursup » ont été menacés de fermeture de leur 1ère année à la rentrée prochaine, faute d’admissions / inscriptions. Comment pourrait-on fermer par exemple dans mon université, les licences de psychologie ou de communication qui attirent des milliers de demandes, qui sont parmi les trois ou quatre plus importantes en effectifs, dont il n’y a pas d’équivalent dans tout le grand ouest (communication), sans s’exposer à une crise majeure à haut risque pour le gouvernement ?

Beaucoup d’universitaires et d’étudiant·e·s, de collègues du secondaires et de lycéen·ne·s, le disent depuis le début de ce projet, en décembre dernier. On aura eu tort de ne pas les écouter. Ils et elles sont pourtant les mieux placé·e·s pour envisager la question.

Il est difficile (là aussi !) de prédire ce qui va se passer. Le gouvernement peut refuser de voir qu’on va dans le mur parce qu’il tient à son projet sur le fond et que l’idéologie aveugle. D’autres éléments portent d’ailleurs à penser qu’il veut continuer à détruire l’université comme service public ouvert avec l’ensemble des services publics. Il peut s’obstiner à vouloir détruire par tous les côtés l’ensemble d’un projet de société humaine et sociale, juste et solidaire, où l’éducation est offerte à toutes et à tous jusqu’au plus haut niveau, projet déjà bien mis à mal par les gouvernements précédents. Mais il peut aussi entendre les objections, faire valider toutes les demandes d'inscriptions de cette année, laisser les jeunes choisir, ajuster les moyens aux besoins à la rentrée, et reporter au moins d’un an l’élaboration d’un autre système d’inscription, plus juste et plus fonctionnel, acceptable pour tous et toutes, dans des universités correctement dotées des moyens de bien accompagner le plus grand monde possible vers la réussite.

7. Une fiche d’avenir à remplir?

Le mouvement de protestation et de refus est en plein développement. On voir mal comment d’ici au 18 mai un changement complet de position pourrait intervenir. Dans tous les cas, l’avenir de « Parcoursup » est plus qu'incertain.

Et si pour l’instant on remplissait la « fiche avenir » du candidat nommé Parcoursup : « Avis défavorable, capacité à réussir très incertaine, projet incohérent » ? Ni « oui » , ni « oui si ». Vœu refusé. Il faut aussi savoir dire « NON », ça dépend à qui, à quoi et pourquoi.

Philippe Blanchet, le 7 avril 2018

Philippe Blanchet est linguiste et enseigne la sociolinguistique à Rennes 2. Il est également écrivain et poète en langue provençal. Il est aussi à l'origine du concept de glottophobie.  Celle-ci consiste à rejeter et à considérer comme inférieures certaines personnes en raison de leur manière de parler une autre langue à un moment donné ou de leur langage (vocabulaire, grammaire, accent…). Retrouvez Philippe Blanchet sur son blog de Mediapart, où cet article est d'abord paru.

Notes

1/ Autre nomination cynique, d’autant que la LRU a été médiatisée sous le nom d’« autonomie des universités », alors même que les universités étaient autonomes dans leurs missions depuis 1968 et 1984, que la LRU a réduit leur autonomie effective, et qu’il s’agissait juste de les abandonner en les laissant gérer des moyens inégaux et calculés de façon biaisée, moyens qu’on ne leur attribue pas de façon suffisante.