La marelle comme agent révélateur de la photo de rue de Paulo Buscató

La photographie de rue est pour moi comme un jeu, de ceux qui offrent une évasion de la réalité quotidienne en l'élargissant à une trame sur laquelle coexistent à la fois familier et fantastique."  Pau Buscató

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H-O-P-S-C-O-T-C-H, pour marelle en français, réfère à un jeu de de rue familier à chacun, où les participants, après avoir créé des rectangles sur le sol, s'y déplacent en sautant sur un pied, tout en poussant un caillou d'une case à l'autre.  Et, une fois les cases posées, celles-ci deviennent d'autres territoires nommés ciel, enfer paradis, etc. De manière similaire, en ce qui me concerne, la photographie de rue consiste à choisir un fragment du quotidien et de l'amener ailleurs pour dire autre chose. C'est basiquement un jeu d'observation, d'imagination et de chance qui me permet d'être synchro avec ma vie de tous les jours et, en même temps d'en élargir les limites. 

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Mon approche de la photographie de rue est très intuitive et j'ai toujours laissé mon imagination prendre le pouvoir sur les thèmes et les directions à emprunter. Je laisse les choses se passer et trouver leur propre rythme, de manière totalement organique.  Ce qui veut dire que je ne travaille jamais sur des séries proprement dites ou des projets et que ce groupe de clichés doit être envisagé comme une simple collection d'instant figés, un aperçu d'un travail en cours, toujours en chantier. 

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Cette façon de travailler me rend otage de mon travail, comme si je n'étais un spectateur passif, pas vraiment aux commandes de ce qui se passe. Il y a à l'œuvre une vraie dissociation entre l'intuition qui me pousse à prendre un cliché et la raison qui suit l'action. Mais, sans savoir vraiment qui, de la raison ou de l'instinct l'emporte, la photographie de rue nécessite d'y passer un temps infini et de s'y investir à fond, des heures durant, pour tenter de trouver, à partir des minuscules fragments collectés, que que chose qui serait comme un cadre pouvant les abriter. Mais, à la question de savoir si celui-ci existe vraiment, je n'ai pas encore la réponse. 

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Le trait commun qui lie tous mes clichés est le côté vraiment ludique qui surgit de chacun d'eux. Je ne suis pas un photographe de rue, mais plutôt un photographe qui joue avec ses codes. Un jeu très important pour moi qui me permet de prendre de cours les cadres de la vie quotidienne et de les élargir pour en faire surgir le fantastique du familier. Une sorte de jeu de répétition où patience et opiniâtreté se conjuguent pour faire des aller-retour, photo après photo et jour après jour dans une sorte de boucle enchantée qui allie chance et créativité. 

H-O-P-S-C-O-T-C-H, texte et photos de Pau Buscató, adapté et traduit par Jean-Pierre Simard le 26/03/18 

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