Plusieurs ministres grecs impliqués dans une affaire de corruption avec le groupe Novartis

Scandale en Grèce, où le groupe pharmaceutique suisse Novartis est accusé d'avoir versé des pots-de-vin à deux anciens premiers ministres, huit anciens ministres ainsi qu'au commissaire européen aux migrations et affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, mais aussi à des milliers de médecins et fonctionnaires. Objectif : pouvoir écouler ses produits à des prix gonflés. Ce scandale est révélateur du degré de corruption qui a cours dans le pays.
 

6 février 2018

 Sur demande du Premier ministre Alexis Tsipras, le parquet grec a transmis au Parlement le dossier sur le scandale « Novartis » afin d'éclaircir le rôle de deux anciens Premiers ministres et huit anciens ministres, en fonctions entre 2006 et 2015, présumés d’être impliqués dans une grande affaire de corruption. Selon la presse il s’agirait des anciens Premiers ministres, MM. Antonis Samaras et Panagiotis Pikrammenos, et des anciens ministres, MM. Giannis Stournaras, Dimitris Avramopoulos, Adonis Georgiadis, Evanghelos Vénizélos, Andréas Lykourentzos, Marios Salmas, Andréas Loverdos et Giorgos Koutroumanis. L’enquête judiciaire est achevée et concerne la période 2010-2015. La presse rappelle que le ministre de la justice, M. Kontonis, avait estimé en avril dernier que le groupe pharmaceutique suisse, qui fait l'objet d'une enquête depuis 2016 à Athènes, avait probablement versé des pots de vins à « des milliers » de médecins et fonctionnaires pour promouvoir ses produits en Grèce. (Kathimerini, Avghi, Ethnos, Le Journal des Rédacteurs).

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Kathimerini parle de « tempête politique » et note que le transfert du dossier au Parlement provoque une «vive confrontation» entre le gouvernement et l’opposition. Ce journal met en relief le fait que le porte-parole du gouvernement, M. Tzanakopoulos, s'était plus tôt dans la journée rendu au parquet pour être informé de l'affaire et note que [le parti] Nouvelle démocratie [fondé en 1974 par le conservateur Konstantinos Karamanlis] reproche au gouvernement de « s'immiscer dans les affaires de la justice ». Avghi titre en Une : « Le tonnerre Novartis frappe le vieux système politique ». De même, Ethnos souligne en manchette : « Le scandale Novartis fait monter la température politique ». Pour Ta Nea, « l’affaire Novartis doit certes faire l’objet d’une enquête judiciaire, cependant elle ne doit pas donner lieu à des jeux politiques ».

7 février

L’affaire des pots-de-vin présumés versés en Grèce par le géant pharmaceutique suisse Novartis fait la Une de la presse d’aujourd’hui qui souligne que les dépositions des trois témoins sous protection de la justice sur l’implication des hommes politiques dans cette affaire font « grimper le thermomètre politique ». Avghi, Ethnos et Le Journal des Rédacteurs soulignent que selon l’enquête du parquet, l’affaire Novartis, a coûté à l’Etat grec 3 milliards d’euros tandis que les témoignages recueillis par les magistrats font état d'un total de 50 millions d'euros de pots-de-vin versés à des responsables politiques. Ethnos fait remarquer que les dépenses pharmaceutiques en Grèce au cours de la période 2000-2015 ont été le triple par rapport à la moyenne européenne. Les pertes pour l’Etat grec se chiffrent en général à 23 milliards d’euros, soit une somme égale aux mesures d’un mémorandum [les mémorandums sont les catalogues de mesures imposées aux Grecs par la Troïka]. Dans le même esprit, Le Journal des Rédacteurs souligne qu’avec cette somme l’Etat grec aurait pu payer des salaires et des retraites pour deux ans.


L’ancien Premier ministre, M. Samaras (ND) et l’ancien ministre, M. Vénizélos (PASOK), dont les noms sont cités dans cette affaire ont vivement réagi en niant toutes les accusations. M. Samaras portera plainte, tandis que M. Vénizélos demande la levée de l’anonymat des témoins. Kathimerini note que SYRIZA laisse entendre qu’il proposera la convocation d’une commission d’enquête préliminaire alors que la Nouvelle démocratie parle d« ingérence flagrante » du gouvernement dans les affaires de la justice.
 
8 février

L’affaire des pots-de-vin présumés versés en Grèce par le géant pharmaceutique suisse Novartis continue à retenir l’attention de toute la presse grecque qui souligne que la Nouvelle démocratie, le PASOK ainsi que les hommes politiques présumés d’être impliqués dans cette affaire doutent de la fiabilité des témoins. Kathimerini et Ta Nea affirment que les dépositions de ces derniers sous protection de la justice comportent des « lacunes et ambiguïtés ». En revanche Avghi reproche à la Nouvelle démocratie de tenter de « discréditer les témoins » et de « menacer la justice ».

Pour Naftemporiki le gouvernement voit l’affaire Novartis comme une « arme stratégique » dans le but de redéfinir « ses lignes de front » avec la Nouvelle démocratie et le PASOK en mettant au premier plan sur la scène politique la lutte contre la corruption, puisque la politique gouvernementale dans les domaines économique et diplomatique s’appuie sur les lignes déjà tracées par la Nouvelle démocratie et le PASOK.

Revue de presse hellénique

Ces informations sont tirées de la revue de presse publiée par l'ambassade de France en Grèce.