Denko Sissoko inhumé au Mali un mois après sa mort sans aucun soutien des autorités françaises

Un mois après sa mort, le corps de Denko Sissoko a été finalement pu être inhumé dans son village du Mali, grâce à la mobilisation de centaines d'anonymes. Ni le gouvernement français, ni celui du Mali n'ont accepté de contribuer au rapatriement du corps. Le jeune homme qui s'est suicidé dans le foyer de Châlons-sur-Marne où il était hébergé, était âgé de 16 ans. Nous publions ici le communiqué de Réseau éducation sans frontières de Châlons-sur-Marne qui s'investit sans compter auprès des jeunes migrants.

Voilà un mois que Denko SISSOKO est tombé du 8ème étage du SAMIE à Châlons-en-Champagne, victime d’une politique migratoire injuste et inhumaine. Son cercueil est arrivé à Didinko le jeudi 2 Février 2017 à l'aube accompagné par son oncle. Denko a été inhumé dans la dignité que certains refusaient de lui accorder. 

Ses parents en dépit de leur détresse et la peine que peut causer la mort d'un fils, tiennent à remercier tous ceux qui ont contribué à la collecte pour le rapatriement. Ils veulent assurer toutes ces personnes de leur gratitude infinie pour l'acte qui restera gravé dans leur cœur et dans leur esprit. 

Voici les mots de sa maman : « Denko avait quitté le village dans le seul espoir d'aider les siens car c'est en cela que sa vie allait avoir un sens. Le départ d'un enfant est une déchirure, l’inhumer revient à enterrer une partie de soi-même. Mais vivre tout le reste de sa vie en se disant qu'il est mort loin de nous et qu'on ne peut même pas lui dire au revoir une dernière fois mine toute notre existence et nous détruit. Nous vous remercions de nous avoir évité cela. » 

Nous nous joignons aux parents de Denko pour remercier l’ensemble des donateurs de la collecte « Un geste pour Denko » grâce auxquels il a pu être dignement rapatrié et inhumé parmi les siens. Nous ne savons comment exprimer notre indignation face au refus des autorités françaises et maliennes de se charger du retour du corps. Ce refus est bien la traduction pour nous, du mépris dans lequel on tient ces jeunes migrants qui ont quitté un pays qui ne les aidait pas, faute de moyens consacrés au développement et à l’éducation, pour venir en France où l'influence délétère d'un discours xénophobe et le manque de volonté politique engendrent la maltraitance. La réussite de ces jeunes qui ont tant risqué pour venir ici doit être au cœur d’un projet de société, d’un projet de civilisation !

Faut-il que ces jeunes meurent pour être reconnus comme mineurs ?

Quand les autorités vont elles se décider à œuvrer ensemble pour leur reconnaissance, la stabilisation de leur âge et de leur identité par un état civil digne de ce nom, une prise en charge ici en dépit de la barre fatidique de la majorité, et pour leur donner un avenir qui ne soit pas précaire ni semé d’obstacles administratifs ? Faut-il que ces jeunes meurent pour que l’état français valide sur un acte de décès, la date de naissance les établissant comme mineur?

Nous continuerons à nous battre sans relâche pour faire la lumière sur la mort du jeune Denko, et pour alerter et assurer une prise en charge et un avenir dignes à ses semblables, victimes de choix politiques inhumains, court-termistes et irresponsables. Nous pensons aux éducateurs des structures de prise en charge de ces jeunes MIE qui font au mieux leur travail dans des conditions précarisées par des budgets volontairement restreints.

Nous apportons notre soutien total à Ibtissam BOUCHAARA, l'éducatrice que  La Sauvegarde veut licencier pour avoir dénoncé les conditions d'accueil de ces jeunes et nous réjouissons avec elle de la solidarité manifestée à son égard depuis une semaine, notamment au travers de la pétition qui recueille plus de 6000 signatures à ce jour (voir notre article à ce sujet).

Sa cause est désormais liée à celle des Mineurs Isolés Etrangers. Nous serons à ses côtés vendredi 10 février devant les locaux de la Sauvegarde à 9h à l’occasion de la réunion des représentants du personnel en vue de son licenciement. (En pièce jointe, trois photos qui nous ont été adressées par la famille en remerciement : la maman, le papa, la famille proche de Denko.)

Les membres du RESF 51 (Marne)

Publié le 8 février 2017

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