PORTE DE LA CHAPELLE : IL EST INTERDIT DE NOURRIR LES ÉTRANGERS

16/02 HONTEUX : par ordre du préfet, toute distribution de nourriture et de boisson autour du centre d'accueil des migrants de la porte de la Chapelle est désormais INTERDITE ! Après les retraits de couvertures, après les dispersions, APRÈS LES PIERRES posées sous le pont pour les empêcher de dormir à l'abri, on passe à l’étape suivante : les migrants sont EMPÊCHÉS DE MANGER. Par le collectif Solidarité Migrants Wilson.

Pour la première fois les voisins solidaires qui s'organisent pour assurer une présence vitale 7jours sur 7 auprès des réfugiés laissés à la rue se font évacuer par la police. Dans les jours prochains, il semblerait que nous ayons peut-être le droit…

Pour la première fois les voisins solidaires qui s'organisent pour assurer une présence vitale 7jours sur 7 auprès des réfugiés laissés à la rue se font évacuer par la police. Dans les jours prochains, il semblerait que nous ayons peut-être le droit de continuer mais plus loin devant... la déchetterie ! Photo Collectif Solidarité Migrants Wilson

8H30 ce matin, alors qu’on va voir les policiers pour signaler notre présence, ils nous interdisent de distribuer. Ni devant le centre. Ni devant la déchetterie. Ni de l’autre côté du carrefour. Nulle part. Et pour faire bonne mesure, ils nous mettent deux amendes au moment où on part (cinquièmes amendes pour notre petit collectif) !

Nous avons vu, de loin, le document émanant de la préfecture, et qui détaillait toutes les localisations qui nous étaient interdites. Rassurons-nous, nous avons pu les distribuer, nos 45 litres de liquides chauds et tous nos sacs d’invendus de boulangerie, mais dans quelles conditions ! Cachés bien au-delà du pont, sur un coin de trottoir dont on ne savait pas si on ne nous en délogerait pas encore, et où des centaines de migrants (300 gobelets partis ce matin) ont malgré tout réussi à nous trouver.

L’autre scandale c’est que désormais, c’est confirmé, il n’y a plus rien à manger ni à boire pour les migrants admis en accueil de jour à l’intérieur du centre ! Ils y passent la journée le ventre vide. Les bénévoles qui gèrent cet accueil en sont à récupérer les restes de nos distributions pour avoir eux-mêmes quelque chose a distribuer à l'intérieur ! Hier une famille y a été hébergée toute la journée et les bénévoles n'avaient même pas une bouteille d’eau à donner aux enfants : eh oui, c'est aussi ça l'accueil dont se gargarise la Mairie de Paris. 

Et désormais, plus personne n'aura accès aux trottoirs du centre pour au moins nourrir et réchauffer les hommes de la file d’attente...

MAIS COMMENT SONT CENSÉS SE NOURRIR TOUS CES HOMMES, CES FEMMES, CES ENFANTS ?

Chaque jour, c'est avec les moyens du bord, c'est vous, c'est moi, on est là ! (Distribution du 14février) Photo Collectif Solidarité Migrants Wilson

Chaque jour, c'est avec les moyens du bord, c'est vous, c'est moi, on est là ! (Distribution du 14février) Photo Collectif Solidarité Migrants Wilson

NOUS CONTINUERONS MALGRÉ LES INTIMIDATIONS ET VOUS APPELONS A VOUS JOINDRE A NOUS SAMEDI 18 FEVRIER, pour partager thé, lait, tartines et solidarité avec les réfugiés de la porte de la Chapelle. RDV à 10h30 avec thermos, denrées et pancartes (allons-y chacun de notre petit mot, même sur une simple feuille !)

INTERDICTION DE DISTRIBUTION : la suite


J’ai appelé la Préfecture de Paris pour en avoir le cœur net.
Voici la réponse qui m’a été faite : il n’y a pas d’arrêté. Pas d’interdiction de distribuer. Juste quelques zones limitées de restriction.
Alors évidemment, je me suis étonnée : Et le document que le policier m’a lu, et montré, qui était daté du 13 février, jour où les policiers ont chassé les bénévoles de Solidarité Migrants Wilson en pleine distribution de denrées à des hommes particulièrement affamés et qui pour la plupart n'avaient pu dormir (pose de pierres à l'endroit où ils pouvaient se reposer) ? Et l’interdiction formelle qui nous a été faite de distribuer ? 
Réponse : "Il n’y a pas d’arrêté." 
Et que doit-on faire demain si on nous interdit à nouveau de distribuer ? " Eh bien vous obéirez aux policiers, bien sûr. Quoi qu'ils vous demandent. Pour des raisons de sécurité."
Et les amendes ? " Si on vous en a mis, c’est forcément que vous aviez commencé à distribuer alors qu’on vous l’avait interdit." (les mêmes policiers qui nous montré l'arrêté mystère sont venus nous verbaliser alors que nous éloignions pour obéir à leurs ordres).

Voilà...
On ne sait toujours pas ce qu’était ce document.
On ne sait pas de qui il émane. Serait-ce la préfecture de Seine-Saint-Denis, qui était sur place ce fameux lundi 13 ? Pourtant le "Centre humanitaire PARIS Nord" relève bien de la juridiction de Paris, non ? 
On ne sait pas ce qui y était vraiment écrit et quelle part aurait pu relever de l’interprétation d’un fonctionnaire un peu trop zélé.
Ce qui est sûr c’est que notre distribution a été interdite aux abords du centre, que nos interventions qui relèvent simplement du simple bon sens humanitaire sont chaque jour plus difficiles, et que nous voulons simplement pouvoir continuer tant que la question n'est pas prise en charge par les autorités publiques comme il nous semble qu'elle devrait l'être. Qu'en attendant on permette au moins aux gens de dormir, de se protéger de la pluie, de boire de l'eau et de manger.

 

Solidarité migrants Wilson le 16/02/2017

 

COMMUNIQUE DE PRESSE EELVA


La distribution alimentaire aux migrants doit se faire dans la dignité

C’est avec consternation que les élu-es écologistes de la région Île-de-France ont appris ce jour que la Préfecture avait décidé d’interdire la distribution de nourriture dans certaines zones de la capitale, empêchant de fait – voire sanctionnant – les associations qui se mobilisent en faveur des réfugiés et migrants. Cette interdiction inattendue pour les associations met ainsi un obstacle de plus dans le parcours des migrants qui attendent péniblement de voir leur dossier étudié. Elle est aussi une nouvelle étape dans la déstabilisation des associations d’aide aux réfugiés qui font pourtant un travail indispensable. 

Pour Julien Bayou, conseiller régional, « la distribution de nourriture doit pouvoir se poursuivre mais dans des conditions qui respectent la dignité humaine. Il n’est pas digne de contraindre les migrants à faire des kilomètres pour manger alors qu’il est possible de le faire à proximité du Centre humanitaire boulevard Ney ou bien à Paris 18ème. Il n’est pas digne de leur refuser un abri, si précaire soit-il, quand ce sont, en réalité, les pouvoirs publics qui ne peuvent pas ou ne veulent pas s'organiser pour répondre au besoin criant d’hébergement.»

Si les élu-es écologistes notent les quelques bonnes volontés d’élu-es mais aussi – et surtout ­– de riverains, ils tiennent à rappeler que toutes les collectivités et pouvoirs publics doivent se coordonner pour organiser l’accueil du mieux possible, et ne pas freiner les actions de solidarité d’où qu’elles viennent.

Ils tiennent à souligner, également, que certaines municipalités, parmi lesquelles Paris et Ivry, par exemple se retrouvent victimes de leurs politiques volontaristes, mais pour les écologistes, elles doivent servir d’exemple et non de repoussoir. « Pour moi, Mme Pécresse à la Région et nombre de maires locaux franciliens sont coupables de ne pas prendre leur part de l’effort. La concentration de cette poche de misère est une conséquence du défaut de solidarité. Il ne suffit pas de constater cette misère. Il faut agir, chacun à son niveau, » a rappelé Annie Lahmer. 

Ils demandent a minima au Préfet de Paris de suspendre ces interdictions de distributions de nourriture.
Marion JEUNE
Directrice de Cabinet
Groupe EELVA - Conseil Régional IDF
01 53 85 65 20 / 06 59 10 20 26 "

Beurk ! Ils ont mis des pierres pour empêcher les hommes de s'allonger pour dormir. Voilà ce qu'ils ont fait, aujourd'hui ce midi. Là, sous le pont, là où ils pouvaient un peu s'abriter des intempéries. Voilà ce qu'ils ont fait aujourd'hui 10 févrie…

Beurk ! Ils ont mis des pierres pour empêcher les hommes de s'allonger pour dormir. Voilà ce qu'ils ont fait, aujourd'hui ce midi. Là, sous le pont, là où ils pouvaient un peu s'abriter des intempéries. Voilà ce qu'ils ont fait aujourd'hui 10 février où il a neigé une partie de la journée. Ce qu'ils ont fait en plus des grilles qu'ils sont en train d'installer tout autour du centre de la porte de la Chapelle. Quelques hommes se sont glissés entre les pierres pour s'abriter malgré tout, on ne peut plus s'étendre, plus se réchauffer les uns les autres. L'un d'eux m'a demandé de le prendre en photo. La plupart des autres étaient plus loin, assis en plein vent, sans couverture. Je suis restée 20 mn, j'étais bien couverte mais transie. Transie de froid et transie de honte. La Mairie de Paris a baptisé sa "bulle" Centre humanitaire, mais dans le quartier, de plus en plus le nomment Centre de la honte...Photo Collectif Solidarité Migrants Wilson