#YouSurtout : des mots, des messages, d’hommes qui ont lu nos #MeToo

Depuis les révélations sur le comportement du producteur américain Harvey Weinstein, c'est un véritable déferlement qui a gagné les réseaux sociaux. Derrière les hashtags, #Balancetonporc, #MeToo et #MoiAussi, des centaines de milliers de messages de femmes qui dénoncent le harcèlement et les agressions sexuelles. Valérie, parisienne, la quarantaine, raconte une somme de violences inouïe, qu'elle n'avait jamais penser à additionner. Comme une nécessité psychique pour avancer. Nous publions son témoignage et les messages d'hommes qui ont souhaité lui répondre.

En dialoguant en mp il y a une heure avec l'un des rares contacts facebook masculins à avoir répondu à mon appel et à m'avoir mailé son récit de que qu'il a perçu ultérieurement comme une forme d'abus sexuel de sa part, je réalise ce matin que je me suis faite sexuellement agresser DIX fois, entre 10 et 43 ans.
10 attaques (de la main dans la culotte - à l'intérieur de la culotte, je veux dire, vous voyez ? - dans un train bondé en Inde jusqu'à la plainte aux prud'hommes contre un patron de petite chaîne de télévision qui n'avait pas supporté que je refuse de coucher avec lui et m'avait déclassée dès le lendemain matin) que je n'avais jamais additionnées. Probablement était-ce une somme de violence trop importante pour y faire face autrement qu'en la fractionnant pour "avancer", en la négociant au cas par cas. Et aussi car jusque tard, je me suis construite dans le refus farouche d'"être une victime". 
Quand j'écris "agressée", je parle précisément : il s'agit de 2 situations de harcèlement dans un cadre professionnel, d'attouchements de la part d'un CPE et de 7 tentatives de viols (jamais abouties si l'on estime qu'il faut pénétration pour y avoir viol, sauf une fois mais la personne - un grand amour d'adolescence - a probablement dû penser que j'étais consentante). 
Aucune sociologie, aucune géographie, aucune tranche d'âge, ne relie les auteurs de ces agressions à mon encontre. Leur seul point commun : leur genre. 
De fait, j'ai grandi dans un milieu misogyne. Elevée par un homme d'un autre siècle, j'ai longtemps "fait le mec" et même méprisé nombre de mes soeurs de condition, que j'estimais soumises, lâches et auto-complaisantes. Celles qui m'irritaient le plus : les allaitantes de longue durée et les meufs qui ne peuvent pas se passer 5 mn d'être désirées par un homme en l'appâtant pour qu'il fasse lui le premier pas.
Jusque récemment, j'étais vraiment gender blind. En mode "je me sens plus proche d'un mec du bout du monde avec lequel je partage certains goûts ou certaines convictions que de ma voisine". Avec une majorité d'amis garçons, par choix, tout en disant que "ça, ça ne comptait pas". Pour moi, l'identité de genre, on la choisissait et sous nos latitudes, elle relevait d'une conception intellectuelle. On était tour à tour et, au gré des rapports de force à l'oeuvre, un paysan bolivien, une femme russe ou un enfant sud-africain, avec l'opprimé mais conceptuellement. Sexuellement, on pouvait être un homme gay dans un corps de femme hétéro. C'était assez simple, suffisait de réfléchir et de décider, du moins le croyais-je. 
Le féminisme me semblait old school. Je croyais qu'il suffisait de l'ouvrir en AG, de draguer plutôt que d'être draguée, de faire des films qui causaient Histoire et Géopolitique et non Culture et Déco. 
Jusqu'à cette nuit durant laquelle j'ai eu vraiment trop peur, jusqu'à avoir été traversée d'une terreur physique. Récemment. C'est la première bascule.
Combien d'autre femmes, des centaines, des milliers, des millions, ont également occulté des faits survenus dans l'enfance, dans l'adolescence et dans la jeunesse (le mari de la nounou, le moniteur de colo, l'oncle, le prof, le compagnon, le taximan, le patron...), enfouis ou banalisés, surmontés, je l'espère, mais qui forment ce menhir, ce bloc, ce mur, cette montagne des violences faites aux femmes ? Comment composent-elles avec leur désir ?
La seconde bascule a surgi avant-hier, c'est cette campagne de #MeToo, désormais virale. Elle me bouleverse, tel un cataclysme. Vous lire, mesdemoiselles, mesdames et messieurs (oui, vous aussi car votre déni est littéralement confondant et consternant, un vrai choc), relève de l'épiphanie. 
Merci de m'avoir ouvert les yeux.
Et pardon à toutes celles avec qui je n'ai pas été correcte, pas été solidaire.
Je vous présente mes plus humbles excuses.

NB : je pense (pour mon âge) me situer dans la moyenne nationale en terme de nombre d'agressions subies et une 11e m'est revenue en mémoire depuis la publication de ce post...

 

Ils ont répondu au #MeToo de Valérie. Il y a ceux qui racontent leur #MeToo à eux, nous rappelant que les agressions sexuelles concernent aussi les hommes, particulièrement les mineurs.  Il y a aussi ceux pour qui le porc c'est l'autre, forcément, ceux qui se proclament d'entrée féministes -circulez, y a rien à voir- ou ceux au contraire, que ce déferlement de témoignages conduit à s'interroger sur leurs comportements. Ils mettent en lumière le problème du consentement, avec cette question lancinante : est-ce que ne pas dire non, c'est dire oui ? Question à laquelle il est urgent de répondre que ne pas dire oui, c'est déjà dire non.

Mail de A. - Oui, je devais avoir 5 ans, c’était un mec qui bossait à la maison. Je sais que c'est arrivé même si je ne me rappelle pas de grand chose, des sensations, je me rappelle de sensations de plaisir qui ne feront que plus me culpabiliser avec le temps. Je me rappelle être tombé quelques fois par hasard sur des scènes d’abus sexuels dans des films durant le reste de mon enfance, je me rappelle que ces scènes provoquaient une vibration infernale dans ma tête, je me souviens que j’avais du mal à chasser ces films de mes rêves, comme des gribouillis sur un papier peint.

Et puis est arrivée l’adolescence, et l'éducation de prédateur, car les petits mecs sont éduqués à être des prédateurs… très souvent par les potes, qui montrent des pornos à la sauvette, qui parlent de cul en boucle, qui rabâchent l’homophobie comme une technique de survie, qui réduisent la fille/femme à une console de jeux comme une autre que certains ont les moyens de se procurer et d’autres pas. Après une journée à parler cul avec les potes, on est chauffés à blanc, prêts à tout pour ne pas être le puceau du groupe, prêt à tout pour prouver par le nombre de fois où on a pénétré qu’on mérite notre place au sommet de la chaîne alimentaire. 13ans, première vraie copine, à cet âge là, le jeune mec hétéro ne comprend pas pourquoi l’autre sexe est aussi rabat joie à se refuser sans cesse, mais méprise aussi celles qui “cèdent”. Pendant des mois, je lui demandais quotidiennement de sauter le pas, poliment, puis avec excitation, puis avec agacement… elle fait chier. Et puis un jour elle me dit qu’elle doit me parler, me donne rendez-vous après les cours, je sens que c’est le grand jour, qu’elle va enfin se décider à faire de moi un homme. Elle parle avec un grand sourire mais ses mots me glacent, elle me raconte son #metoo, qui ressemble tellement à mon #metoo que je serre les dents jusqu'à me faire blanchir les gencives et que je tremble comme une feuille. Les détails qu’elle me donne font remonter des souvenir que j’avais pourtant placés dans la corbeille de mon âme avant de la vider avec soin. Je n’ai pas le courage de lui raconter mon #metoo, je dois me reprendre, rester sur le plan de route fixé par mes pairs, aller chercher ma virilité: je ne sais pas jouer au foot, je m’habille avec les fringues de ma grande sœur, il ne me reste que le cul pour me faire respecter par la meute.

On se quitte, histoire suivante… elle veut me parler, elle me raconte son #metoo, beaucoup plus violent que tout ce que j’ai entendu jusqu’ici, j’ai l'impression de vivre un cauchemar : comment je peux tomber deux fois de suite sur une nana à qui cet événement exceptionnel est arrivé ? Première vie en couple: dès qu’elle se fait suivre, insulter, toucher, elle me le raconte, c’est trop tard pour agir, je dois me contenter, oh tristesse, d'écouter… et puis la prochaine histoire d’amour aussi, récit d’un #metoo, cette fois par son propre mec, impatient comme je l’avais été… et puis ça devient un schéma, chaque fille avec qui j’ai une relation, me raconte son #metoo, me balance ses porcs… dans un premier temps je me demande si je tombe sur elles parce que j’ai subi une agression, que celles qui en ont subi une me repèrent avec un sixième sens… et puis je me rends vite compte que non, que c'est courant en fait, presque banal, que ça leur arrive à toutes. J'écoute les histoires, sans jamais raconter la mienne, mais du coup j’apprends, ou plutôt je désapprends: ne pas faire de compliments sur le physique à quelqu'un avec qui on n'est pas physiquement intime, ne pas profiter de l'ébriété de l'autre, ne pas aborder dans la rue, éclaircir le moindre doute sur le consentement, être toujours prêt à arrêter : une vraie déradicalisation en somme, qui dure toute une vie je crois.

À la mort de ma mère je trouve enfin la force de parler à mes sœurs, de leur dire #metoo, et puis je range ces souvenirs sans trop savoir quoi en faire. Je minimise beaucoup mon passé, car j’ai entendu des récits cauchemardesques sur celui des autres, qui feraient passer ce qui m’est arrivé pour un bizutage tout au plus. Mais ce “bizutage” et ces récits m’ont permis de faire moins de mal que prévu.

Je crois que beaucoup de mecs peuvent comprendre, car beaucoup de mecs furent un jour des enfants vulnérables, et que beaucoup d’enfants subissent des abus sexuels. Beaucoup de mecs qui se lâchent dans les commentaires ont eu leur porcs qu’ils essaient d’oublier en adoptant une posture dubitative. Beaucoup de mecs ont ce costume de porc dans leur garde robe qu’ils ont porté ou qu’ils portent encore parfois sans le savoir.

Tout ça me rappelle ce film des années 90, Entretien avec un Vampire et sa réplique culte: “je vais te donner le choix que je n’ai jamais eu”. Les hommes se transforment mutuellement en vampires dès le plus jeune âge sans se laisser le choix, ils apprennent à oublier, à se défendre, à attaquer, mais se rappeler de sa propre vulnérabilité aide parfois à réaliser qu’on est soi-même un danger.

 

Message de B. - Sinon j'ai bien cherché, j'ai retrouvé pleins de fois où j'ai dragué de façon très lourdingue (avec ou sans alcool dans le sang), mais je retrouve pas de fois où j'aurai été un prédateur. Enfin si : deux fois, au travail : la 1ère : j'étais crevé et derrière une collègue qui voulait me montrer un truc sur son écran. Et pour mieux voir, je me suis accoudé sur ses épaules, donc avec la tête hyper près de ses oreilles. Ca aurait pu être hyper mal interprété et partir en vrille. J'ai réalisé qu'après et le lendemain j'ai essayé de m'excuser d'avoir été trop familier mais elle m'a dit qu'elle ne l'a pas du tout vécu comme ça donc je ne sais pas quoi en penser. La 2e c'était dans un bar où je travaillais, on me présente une nouvelle collègue qui me tend la main, et réflexe con, en lui serrant la main je lui fais aussi la bise, là j'ai senti une réaction de blocage et j'ai tout de suite arrêté et je me suis excusé, c'était une américaine qui venait d'arriver en Europe et n'était pas du tout prête à nos effusions latines. Même 2 ans plus tard, elle ne comprenait toujours pas comment ses copines pouvaient se faire la bise. Dans ce cas précis OUI j'ai été un agresseur sexuel. Après faudrait demander à toutes les filles/femmes que j'ai connu si y'a des fois où j'ai débordé sans m'en rendre compte.

 

Texte de C. : "L'Homme sans retenue"

Voici qu'il se passe ceci d’extraordinaire par ces temps de big data et de fictions dystopiques, entre le délire de Games of Thrones et les fastes du clinquant/coquin défilé de Victoria Secret, entre deux forfanteries se mesurant dans la lice mondiale et la faim assiégeant des millions de femmes, d'enfants et d'hommes abandonnés à leur sort, voici qu'une muraille de silences se fissure sous la pression d'une paire de mots, ME TOO. Genre moi aussi je suis passée par là, I know that shit, interpellée, palpée, frôlée, éventuellement plaquée contre un mur, violée dans un coin sombre, idéal, isolé de toute intervention extérieure, forcée par cette pulsion bestiale submergeant les mâles en présence d'une femme perçue alors comme un complexe d'orifices à visiter, quitte à se passer d'un consentement formel. La pression de copulation. Robert Musil avait dépeint l'homme sans qualités, perméable au Mal et par qui le fascisme allait tourner mode en Europe. Voici que l'homme sans retenue au 21ème siècle, incapable de se contrôler dès que des nichons tous gabarits confondus entrent dans son champ visuel, est pris à partie par les femmes, avec cette vivifiante campagne #BalanceTonPorc en cours sur les réseaux sociaux dont on pourra, once more, mesurer l'impact et la capacité de propagation propre à cette innervation planétaire. Les brillants esprits postcoloniaux qui ferraillent sur l'universel à longueur de livres savants et de colloques stratosphériques, en ont un là sous les yeux, tout pétri comme une savoureuse baguette, et difficile de faire mieux sur le palier décentrement. Et des porcs à balancer, si ce n'est saigner, c'est ça qui manque le moins sur Terre today. Qui lancera, d'où partira une initiative globale de rééducation des garçons pour que dans trois générations au bas mot cette calamité ait disparue de la surface du globe ?

S'il y a bien un champ où le réductionnisme traqué ici et là, flingué, opère à fond les manettes, c'est dans la représentation lubrique que le mâle de base, l'homme sans retenue donc, se fait d'une femme quelconque, pour peu que ses contours anatomiques remuent sa libido: prenable et ramonnable. Un salace « Je me la ferais bien, celle-là ! » surgit dans sa petite ou grosse caboche, il la déshabille mentalement, projette un corps à corps voluptueux, et cette chaude image s'empare de ses neurones. Jusqu'à ce que les circonstances se prêtent à une activation dont le degré dépendra d'une somme de facteurs. Le schéma du cousin déluré déjà et déniaisant sa cousine oie blanche, est très courant de ce côté du monde et ça n'empêche personne de vivre dans les familles. La gent féminine au 237 a même fini par se soumettre à cette vision assujettissante des queutards ambulants. La chosification mondiale des femmes est un ressort puissant de l'économie capitaliste dont témoigne l'énorme chiffre d'affaires du secteur cosmétique, à quoi il convient d'ajouter celui de la mode, tout comme l'image de la virilité est portée par une industrie des plus sordides en matière de profit, responsable de ce qu'un livre de sept cent pages a appelé Golden Holocaust, celle du tabac, les Camel et autres Malboro, partenaires du 7ème Art que Harvey Weinstein fréquente pour sûr. Sans parler du football et de la Formule 1, entre autres bastions de cette criminelle et masculine passion des orifices.

Parce qu'ils ont les muscles pour eux, les hommes à huis clos se comportent effectivement avec les femmes en fumiers de première catégorie, et ces porcs impunis se roulent avec délectation dans le purin nauséabond d'une concupiscence mal lunée. Ouverte ou sournoise, la tyrannie universelle de la virilité réifiant les femmes, jette une ombre lourde et scabreuse sur les sociétés contemporaines, sous toutes les latitudes. La meilleure image que je puisse fournir ici de cette emprise est celle d'un glacis, à l'instar du soviétique naguère, ce confinement partout des femmes à une fonction triviale, prestataire de services sexuels et il suffit d'un petit pas pour vite sombrer dans victime de sévices. L'actuel déferlement de la pornographie n'aidera pas à construire des hommes de retenue, des mecs tranquilles, cool, que des nichons opulents et fermes n'affolent pas. Il est temps pour sûr que cette muraille des silences tombe et de précipiter dans la boue fétide du déshonneur les tripoteurs/violeurs que la honte de leurs victimes protège encore de l'opprobre publique.

 

Lettre de D. - Bonjour Valérie. Je me réfère à ton post "#metoo". Par ces mots, que je te laisse toute latitude d'utiliser ou non, je t'offre l'opportunité de te prouver que ton hypothèse n'est pas un postulat. En effet, et vérification faite auprès de mon épouse, j'ai le sentiment, voire la certitude, de n'avoir jamais abusé de mon éventuel pouvoir masculin pour obtenir ou tenter d'obtenir un échange sexuel. J'ai le souvenir précis d'avoir offusqué (sans doute à des degrés différents) 4 femmes par omission d'échange sexuel demandé ou suggéré. Je suis capable de distinguer le fantasme du comportement de séduction et du passage à l'acte. Je suis par contre incapable de désir (au sens propre) lorsqu'il est absent chez la partenaire. Il n'empêche que, dans la vie conjugale, certaines dissymétries libidinales contingentes et épisodiques, puissent être satisfaites partiellement à l'aide du conjoint - et je suis certain de ne rien apprendre ici. Le problème de la réciprocité, qui me semble vraiment le plus intéressant et le plus central - même s'il ne constitue peut-être pas directement l'objet de ton message - doit être exploré au moins dans ses trois déclinaisons : réciprocité affective, réciprocité de séduction, et réciprocité libidinale. Et dans l'entièreté de cette tripartition, je suis persuadé que les concepts d' "abus" et de "pouvoir masculin" sont assez frustes, inadaptés voire idéologiques. Mais pour en revenir à mon témoignage individuel, il va sans dire qu'il n'a aucune valeur autre qu'individuelle, justement. Bien à toi.

 

Voici E

La question du harcèlement, je me la pose souvent et c'est même devenu une question majeure depuis l'affaire Weinstein et la campagne #Metoo. Je suis séducteur, et j'ai eu beaucoup d'aventures, toujours dans la bonne humeur, dans le coté ludique du sexe sans qu'il soit totalement déconnecté d'un certain type de sentiments (je ne suis pas un dragueur d'inconnues, toutes mes aventures ont eu lieu avec des amies, collègues, après de bons moments ensemble en production par exemple), si ce n'était pas de l'amour, c'était en tout cas plus que de l'amitié. Mais bien sur depuis Metoo, je me pose la question de mon comportement: insistance ? Lourdeur peut-être ? Je ne suis pas en position de pouvoir évidente mais... Artiste lyrique soliste assez connu qui connait tout le monde pro, est ce que pour certaines il y avait un enjeu ? C'est possible mais c'est totalement absent de mon esprit. En fait, je trouve même que c'est l'inverse de la séduction, si j'étais consommateur de filles ce serait peut-être le cas mais je ne suis pas ce genre de personne malgré le fait qu'il y en a eu un certain nombre. Dans le doute, car la nuance entre harcèlement et drague n'est pas forcément la même pour chacun, j'ai clairement posé la question a des ex aujourd'hui, elles m'ont franchement rassuré sur ce point. On pourra toujours trouver que je me dédouane à peu de frais et que je suis bien comme les autres, je peux l'entendre même si j'ai le sentiment d'être très respectueux de mes partenaires. En tout cas, cela me fait réfléchir à mon comportement et c'est déjà quelque chose. Anonymat apprécié.

 

F, Bonjour !

"Et puis finalement, si j'ai envie et que elle non. C'est elle qui a un problème ! Moi ça fonctionne t'inquiète pas, tous mes gestes sont naturels, rien ne m'arrête. Il faut dire je suis un homme jeune, sportif donc d'après mon ancienne responsable "bien constitué". En gros, d'après mes ami.e.s "musclé". Je suis blanc, blond et aux yeux bleus. Qui me soupçonnerait ? Personne. Pas même elle.

Du coup, sous mes airs de "chatons" comme dirait mon actuelle copine. Au lit, je ne me pose pas tellement de questions. J'ai l'impression que c'est ça qui lui plaît. Parfois, dès lors que c'est ça qu'elle veut oui ça marche très bien. Mais parfois, je ne sais pas très bien combien de fois, non. Elle ne voulait pas mon ex.� Mais elle disait rien. Elle me connaît, si elle me laisse faire c'est que je peux aller plus loin. Au début elle a bien dit qu'elle était "fatiguée". C'est pas une excuse ça, le but d'un homme viril, c'est de savoir donner envie.

En gros, de décider à sa place ce qu'elle veut, prendre le contrôle de sa volonté. Mais le truc c'est qu'au vue de ma constitution je suis fort, très fort. Bah oui, moi je la porte, je la déplace, je la bloque. Du coup, quand je décide de ne pas m'arrêter. Je ne m'arrête pas. Je pense vraiment que tous les hommes sont comme moi. On se raconte qu'un homme viril, c'est celui qui fonce, qui ne doute pas. Chez moi c'est exacerbé parce que je me sens fort. En conséquence, je confonds la certitude que j'entretiens sur mon désir et le sien. Et voici ce que ça donne :

Le matin quand j'ai bien dormi le début de mon oppression sexuelle commence. Je me sens puissant, j'ai envie, je suis nu et bingo elle aussi (est ce qu'elle a envie ? On va vérifier).

Qu'est ce qu'elle est belle le matin, toute endormie, décoiffée, elle sent bon en plus. Son corps est chaud, elle est à peine réveillée. Je la prends dans mes bras, je la câline et je suis presque sûr qu'elle aime ça : elle sourit, m'appelle son "amour", me demande si j'ai bien dormi. �Avec tout ça, moi je deviens fou. Je l'aime autant que je la désire. Du coup il m'en faut pas plus. Et puis, elle me touche, ça l'amuse de remarquer que j'ai envie. Du coup, ça veut dire : ok ? Bah c'est parti. �Au début je fais des choses qu'elle aime forcément. Je lui caresse la peau, je l'embrasse... Elle me répond donc je pense qu'elle aime. Pour le moment, ça semble partagé, pas de résistance, elle ne me dit rien. Elle aime mon corps je pense, elle me le dit "j'aime trop ton corps". Ok, next level ! �Je vais commencer à prendre possession de son corps, je la déplace, je la mets sur moi, je me mets entre ses jambes. En fait, je mène la danse. C'est là que je ne l'écoute plus. J'ai pas fait la différence. Maintenant je me dis, elle voulait juste des câlins (c'est trop tard pour se le dire en fait). �Vient le moment où je prends possession de son sexe, elle a l'air d'aimer. Elle trépigne de plaisir, elle a chaud et elle pose sa main contre mon torse. Au début elle enlève ma main, "c'est le matin, je ne suis pas lavé". Mais moi ça, c'est pas un problème. �Pour moi c'est pas un problème, mais si jamais pour elle c'en est un quelques raisons que ce soient. Je dois m'arrêter. Je dois l'écouter. C'est son corps.

Je sais que c'est débile de le dire maintenant, maintenant que j'ai été agresseur. Il faut que je le dise. Pour montrer que j'ai appris, pour aller vers quoi je dois évoluer. Est-ce qu'elle me force moi ? Sûrement pas. �Reprenons, moi son hygiène ne me dérange pas. De toute façon je trouve qu'elle sent toujours bon. Et le matin elle sent le sexe. Du coup je fais ce que je fais de mieux, qui résiste à une langue ? Aucune femme, c'est ce que je crois savoir, c'est mon illusion.

Faut dire que je fais ça bien, je fais attention à tout. Je reste à l'écoute de ce qu'elle aime en plus. Donc je fais au mieux selon ses critères. Elle se dit clitoridienne. Bah ok, on va capitaliser, sans oublier le reste bien sûr. Je dis toujours, sexuellement il n'y a rien de parfait. Il n'y a que des personnes/envies qui se correspondent. Ce qu'elle aime elle, une autre n'aime pas comme ça. Et ainsi de suite, fort de mon enseignement je fais comment elle aime ELLE.

Ce que j'aime c'est qu'elle aime, c'est contrôler encore une fois son envie, sa jouissance (en revanche je suis pas assez orgueilleux pour parler d'orgasme). Oui elle gémit, elle crie, elle a fini je crois. Elle retire ma tête. Je me retrouve grand au centre de ses jambes. Mon corps à découvert. C'est le moment !� Je viens, mais je sens maintenant (trop tard donc) qu'elle est gênée. Mais moi je suis lancé, je peux plus m'arrêter. Pas après tout ça. Je sens mon corps puissant, la testostérone est à son comble !

Oui mais, en fait en se réveillant elle n'avait pas envie de ça. Elle a fait tout ça parce que j'avais envie, pour me faire plaisir. En plus, elle est triste quand elle me dit non car elle voit que je suis déçu. Elle n'aime pas me voir déçu parce que vraiment je pense qu'elle m'aime. Du coup elle essaye. Mais ce matin là elle avait envie à la limite de câlin. Elle a repoussé sa limite quand je suis arrivé entre ses jambes. Et de barrière en barrière qu'on saute, qu'on casse. Je suis un homme, si je n'ai que des barrières je ne suis pas digne d'être viril. Moi ? Pas viril ? Pourtant c'est ce qui socialement me définit. �Je rentre l'appareil de la conquête, celui qui m'emmène au de-là des limites, celui par lequel parfois je réfléchis et qui me donne force et énergie. Vous pensez que c'est un cliché ? Pourtant, c'est ma façon de penser. C'est notre façon de penser. Il me/nous fait sentir que je suis/nous sommes hommes. Que je suis/nous sommes forts. Que je peux/nous pouvons aller au de-là de ce qu'on nous impose. Que je suis/nous sommes des conquérants. �Mais là, elle pleure. Douche froide. ��Bah oui, tu l'as agressé. T'as plaqué ton désir sur le sien. Tu en as fait un défi. T'as transformé son corps en objet de conquête, une limite à passer, une barrière à lever. Mais non elle était bien là la barrière. Elle t'avait posé une limite. Son corps c'est le sien, pas une de tes conquêtes. Toi qui l'aimais tant, toi qui lui veux tant de bien, qui est prêt à tout pour la soutenir dans les moindres moments. Si si, tu l'as abusée là. Toi. Est ce que ses larmes ne sont pas la preuve nécessaire et suffisante ? Bah si.

Mais non, moi je ne suis pas un agresseur dégueulasse dans le métro qui met des mains au cul. Je respecte l'espace personnel. Je m'excuse quand par nécessité je suis trop près d'une femme car le wagon est bondé. Je me bats contre les préjugés sexistes quand un homme comme moi en déblatère. J'interviens quand je vois une agression sexuelle au risque de me retrouver en conflit avec l'agresseur. Jesuisunmecbien. �Et puis j'en ai parlé ! Mes amiES m'ont dit que je n'ai rien à me reprocher, qu'elle aurait dû te dire, être plus claire. �Mais tu t'es vu ? 1M80 77 kilos et tous ces abdos. Elle fait 1m68 et à peine 55 kilos. T'as profité de ton physique mais pas que. Tu as profité de tellement d'autres choses.

Bah non, le pire que c'est que tu l'aimais et elle t'aimait. Tu ne lui as jamais fait de mal, sauf ce jour là. Elle a beau te dire que c'est de sa faute, qu'elle aurait dû te dire plus clairement. Bah non, tu aurais dû l'écouter. C'est ta faute. C'est toi qui prends les initiatives, c'est toi qui mets ta langue, c'est toi qui la pénètres. Et après c'est sa faute ? D'où ?

Parce que je suis un homme jeune, blond, yeux bleus et que je suis costaud. On ne me reprochera jamais d'être trop insistant, je suis gentil moi. Je fais pleins de choses bien. �Pourtant ce jour-là tu l'as traumatisée. C'était un matin au tout début de notre relation. Je suis resté 2 ans avec elle. Pourtant, tu te souviens le jour où on s'est séparé ?�2 mois avant notre séparation nous sommes passés par une période d'abstinence sexuelle. Elle n'avait plus envie, un problème gynécologique n'a pas arrangé les choses. On a réessayé, tout se passait bien. Elle a pleuré de nouveau. Nous nous sommes séparés, avant de se remettre ensemble 5 mois après, ce jour là car le problème était trop évident. �Aujourd'hui pour moi c'est évident je l'ai agressé. Quoiqu'elle en dise j'aurais dû l'écouter. "

 

Un homme qu'on appellera G...

Salut Valérie,

Je voulais réponde à ton appel sur Facebook par rapport à la campagne #MeToo, et notamment par rapport à la responsabilité évidente et non-assumée que nous (les mecs cis) avons vis-à-vis du harcèlement, des viols, et de toute violence sexiste, et ce en tant que protagonistes de ces actes d'oppressions.

Je te fais donc part d'une expérience où j'ai profité de ce rapport de force sexiste. Il y plusieurs années, lors d'une soirée organisée par la fac, il y avait une femme avec qui j'avais parlé plusieurs fois, et avec qui je sentais qu'il pouvait se "passer quelque chose". Mes perceptions étaient surement floutées par l'alcool mais surtout par la masculinité hyper-toxique qui existe en boite de nuit (et ailleurs aussi, mais surtout en boite). Je me suis rapproché d'elle, et je l'ai chopée par la taille de derrière pour danser avec elle. Visiblement, elle ne voulait pas de ça, donc j'ai laissé tomber l'approche du danseur invasif.

Mais je n'ai pas arrêté de lui tourner autour toute la soirée, l'approchant alors qu'elle ne voulait clairement rien à faire avec moi. Ca s'est arrêté la, j'ai donc pourri sa soirée, et moi je suis rentré chez moi sans me poser de questions.

Sans vouloir me racheter à coups de cautions féministes et d'affirmations d'être le "mec déconstruit", il m'a fallu une sacrée pédagogie pour comprendre que ce que j'avais fait était qualifié de "harcèlement". Mes potes féministes déterminées dans le milieu militant m'ont appris ce qu'était le virilisme, la masculinité toxique et les multiples ramifications du sexisme qui affligent aujourd'hui beaucoup trop de femmes et minorités de genre. Ce n'est qu'en les côtoyant que je me suis rappelé de cette soirée, et que j'ai compris que je n'étais en fin de compte rien de plus qu'un homme profitant du sexisme structurel et culturel qui existe dans nos sociétés.

Donc voila, j'ai aussi mon #MeToo à moi, dont je me sens archi coupable aujourd'hui. Je suis certain que ce n'est pas le seul incident dans lequel ma masculinité et mes comportements sexistes ont imposé un rapport de force violent envers des femmes et minorités de genre, mais en voici un exemple concret. J'essaie de faire en sorte de minimiser mes comportements virilistes et oppressifs, mais ce n'est qu'un long chemin dans lequel les oppresseurs ne sont jamais entièrement dédouanés de leur situation de domination dans ce rapport de force. Mais il y a du chemin à faire!!

En tous cas bravo pour ton appel, j'espère que d'autres répondront aussi.

Bien à toi.

 

Un jeune homme qui s'appelle H ici

Bonsoir Valérie,

Je réponds à ton appel et je trouve l'initiative très intéressante ! Alors voilà mon récit :

J'ai été avec une femme pendant 2 ans. J'aimais autant faire l'amour avec elle que j'en étais très amoureux. J'avais très envie d'elle chaque fois que je la voyais. Au début de notre relation elle n'arrivait pas à s'imposer. Chaque fois que j'avais envie, elle se laissait aller si bien que, il faut que je sois honnête, je n'ai jamais vraiment pu distinguer si elle avait envie parce que j'avais envie ou si elle avait envie tout simplement. Ce matin là, je ne pouvais pas ne pas me rendre compte qu'elle s'était laissée portée par mon désir à moi. Dès lors que je l'ai vu pleurer en plein acte j'ai été pétrifié. Jai mis un terme dans l'instant à la relation sexuelle mais il était déjà trop tard. J'étais allé trop loin dans la projection de mon propre désir sur elle. Je me suis confondu en excuse comme j'ai pu et je suis encore navré d'avoir été aussi inattentif et oppresseur. Heureusement, après cet épisode nous sommes restés 1 an encore ensemble. Mais nos relations n'ont jamais plus été pareilles. Je regrette encore d'avoir infligé ça à une femme que j'ai autant aimé.

 

Celui-ci a envie de s'appeler Alphonse, alors nous te lisons Alphonse

Bonjour Valérie, et tout d'abord merci d'ouvrir une porte. Il n'y aura pas de vague déferlante comme c'est le cas pour les hashtags comme #MeToo. À cause de cette fichue culture du viol.

Tu verras que je parle avec le langage engagé, pro-inclusion, etc, et je vais avancer, même sans argument, une analogie entre les implantations (juste l'implantation, hein, pas les cultures elles-mêmes), entre l'implantation de la culture du viol et l'implantation de la culture féministe : quand on a pris les habitudes, on ne le remarque même plus. J'ai pu bannir le mot p*t*** de mon quotidien, ne conservant que les consonnes qui expriment une explosion, mais malheureusement aussi, j'ai une sale habitude d'entrer en pornographie que je ne vois ni venir ni repartir. Niveau dissonance cognitive, c'est un niveau assez élevé, mais, quand je me laisse aller au fatalisme, je me dis que c'est dans notre nature, nous sommes équipé·e·s d'un cerveau capable d'un tel écart… et notre société est elle aussi capable d'un tel écart, choquée de se rendre compte de l'étendue de la violence, indifférente aux protagonistes, une fois que twitter/la-télé est éteinte.

Mais des petites provocations dans une masse d'indifférence peuvent parfois déclencher un changement en profondeur dans une foule. J'ai lu ton message il y a une demie-heure, après avoir parcouru les fils twitter dans les dernières heures, et après une discussion avec une personne qui m'est chère sur la pornographie. Il est bien difficile de dire exactement ce qu'on pense, ressent, imagine. En particulier lorsqu'il s'agit de réaliser qu'on vient d'être agressé·e, et que la seconde chose à réaliser est que cette agression sera soit niée soit retourné·e contre soi. Difficile aussi, quand on se sait à la frontière de l'acceptable, que la société banalise la pratique que tu as et que tu as bien compris que personne ne te chercherais des noises, ou au pire longtemps après, quand tu pourras dire que c'était une erreur de jeunesse, et déformer les faits puisque peu de traces seront disponibles.

Je tiens à le dire, ce schéma de pensée, ce piège, je le vis. À l'heure où j'écris, je ne le raccroche à aucun comportement déplacé à caractère sexualisé, mais je n'exclue pas que les regards discrets vers ce qu'un vêtement dévoile, accumulés les uns aux autres, je finisse par me les reprocher.

En revanche, oui, j'ai une pratique à la limite du tolérable mais que la société anti-condamne (je veux dire, parle de son caractère limite mais dédouane pour une foule de raisons). La consommation de pornographie. Ou plutôt, l'isolement de courte à moyenne durée à faire défiler des vidéos de corps féminins sexualisés, en coït quasi permanent, différent·e·s par leur traits caractéristiques mais faisant partie d'une même trame où l'acte et ce qu'il impose comme mouvements et comme état d'excitation fait entrer la personne dans un moule agité et à l'intimité redéfinie.

Alors je #SuisAussiCoupable. Jamais les femmes qui ont dû se laisser transformer pour devenir des machines à sexe ne connaîtront mon existence, et j'oublierai la leur. Jamais ces personnes n'auront conscience de ce qui se trame réellement, de mécanismes qui gardent certaines personnes dans une certaine pauvreté, et ho, miracle, ces personnes se prostituent. Jamais, probablement, ces personnes n'auront les clefs pour me demander de rendre des comptes, de m'expliquer, ou d'être sanctionné.

Et peut-être que jamais je ne me rendrai compte réellement que consommer des vidéos de coït perpétuel provoque un appel d'air qui fera que d'autres jeunes personnes sacrifieront des années de leur jeunesse et de leur vie, et une partie de leur personne aussi.

Et comme un privilège ne vient jamais seul, celui ou celle qui est confortablement dans son canapé, dans son confort, avec ses repères, ses comptes de réseaux sociaux dans une autre page du navigateur et éventuellement un ou deux messages en parallèle, celui-là peut ne pas sortir de son environnement et comme moi mettre un voile dans sa mémoire sur ses habitudes, occulter des pensées, ne faire que consommer mais ne pas passer plus de temps sur ce sujet (ça prend déjà tellement de temps…). Les actrice·eur·s vivent des choses très probablement différentes, dans un monde construit par et pour les exploitants du sexe (parfois appelés réalisateurs, mais c'est un cache-situations dures).

J'écris à chaud. Enfin, à chaud ce soir, après un grand nombre d'années à cogiter sur ces questions (tu remarqueras que je n'ai jamais réussi à conscientiser le fait que ça puisse être plus que des questions. J'ai bien pensé un moment à nommer cela "addiction" mais ça ne m'a pas mené plus loin).

Maintenant que tu as lu ce que j'avais à dire, je voudrais te demander de ne pas publier d'office ce texte. Excuse-moi de te compliquer la tâche, mais je voulais que cette voix des consommateurs de pornographie (dénomination qui continue à sonner faux) émerge. Mais les mots que j'ai mis sont ceux d'un gars qui n'a pas résolu ses problèmes.

Peut-être que dimanche je te donnerai mon accord pour rendre mon message public tel quel. Mais j'aimerais que tu me donnes le temps de cogiter encore sur ces questions. Et peut-être que je formulerai un témoignage et des réflexions sous un angle plus avancé que simplement celui d'addict qui n'arrive pas à se sortir de son problème (je te rassure, je ne suis pas seul).

Merci pour ton post fb.

Alphonse*

*nom d'emprunt.

 

Merci I.

Salut, j'ai vu ton message sur facebook à propos de l'absence de réactions masculines à #metoo, au fait qu'on demandait uniquement aux filles si elles avaient été agressées, mais pas aux gars s'ils avaient été agresseurs. Du coup, je te réponds, en tant qu'homme, parce que je suis exactement comme toi, assez choqué de voir qu'aucun mec ne semble prêt à faire la moindre introspection ni autocritique, et que tout le monde, soit indifférent soit solidaire soit hostile rejette de toute façon la faute ailleurs, et qu'on se retrouve avec des crimes sans coupables. Et bien moi par exemple je suis coupable. Je me permets de t'écrire mais je voudrais que ce témoignage reste anonyme, pour ne pas influer sur la vie de certaines personnes proches.

D'abord, mon grand jeu quand j'allais en soirée, au lycée et au collège, c'était de traverser des groupes de gens en train de danser et d'essayer de toucher un maximum de fesses de filles sans me faire repérer. D'ailleurs, j'ai du évidemment me faire repérer. Au collège j'ai également réussi à convaincre des filles de m'envoyer des photos dénudées, totalement consenties, j'en suis sûr, mais que je me suis empressé de montrer à mes amis. Même des trucs encore plus merdiques, comme "camion pouët pouët" ou ce genre de bêtises pour obtenir de toucher des corps de façon plus ou moins consenties ou simplement me permettre d'en parler. Dans cette zone pourrie de l'adolescence et des attouchements chelous.

Un peu plus tard, par contre, je suis à peu près sûr d'avoir ultra insisté auprès de ma première copine pour coucher. Elle me disait qu'elle voulait attendre, et je disais "oui oui bien sûr je comprends mais en même temps, avoue, franchement, on est vieux etc.." Et quand on l'a fait, je n'ai pas eu le sentiment de quelque chose de violent, d'ailleurs, on est resté trois ans ensembles, et il n'y a jamais eu de problème de violence, mais je pense sincèrement avoir ultra insisté la première fois et qu'elle n'ait pas eu totalement forcément envie que ça aille aussi vite.

Et puis, et c'est là le témoignage que je veux vraiment anonyme, avec une autre copine, le jour où j'ai réalisé qu'elle m'avait trompé et menti, je n'ai eu qu'une réaction de colère et de tristesse violente, et j'ai exigé une "réparation", c'est à dire qu'on couche immédiatement ensemble, alors qu'elle ne voulait vraiment pas, je le sais, elle l'a dit à plusieurs reprises, j'ai dit "je m'en fous" et j'ai continué.

J'ai mis (nous avons mis) plus d'un an à comprendre ce qui s'était joué ce jour là. J'ai été le premier de nous deux à demander si elle s'était sentie violée. Moi je m'étais senti violeur. Elle m'a dit qu'il fallait qu'elle y réfléchisse et plusieurs jours après m'a dit que oui, elle s'était sentie violée. ça a été un choc pour nous deux, quasiment plus que le geste en lui même, de le nommer si longtemps après. Pour moi, car je ne peux parler que pour moi, ça a été la violence de voir qu'entre mes postures intellectuelles, en société, de grand défenseur du féminisme, de "mec bien" et la réalité de ce que j'étais et de ce que je pouvais faire, le fossé était gigantesque. Et la seule réaction possible aujourd'hui pour faire coïncider les deux, c'est d'assumer, en tant que féministe convaincu, d'assumer le poids de la culpabilité masculine, d'en avoir conscience, et d'essayer de la faire apparaître aux yeux des autres mecs. C'est très dur. A chaque fois que je tente un truc, en passant par des aveux publics, les réactions des gens ne sont que "mais non, mais ça doit pas être si grave ce que tu as fait, mais non, t'inquiète pas tu es un mec bien". Je trouve ça ultra violent, de la part de gens qui croient me connaître mais ne savent rien, de me dire "mais non" uniquement pour ne pas paniquer complètement à l'idée d'avoir été ou d'être eux-mêmes de potentiels agresseurs.

Les femmes ne peuvent plus rien, à mon avis, tant que les hommes n'auront pas pris conscience qu'ils sont individuellement eux même coupables, et pas juste de vilains types à la télé.

J'espère que ce témoignage peut te servir, c'est bien ce que tu fais, j'espère aussi n'être pas le seul à répondre.

 

J nous écrit, à nous, à toutes les femmes

Bonjour Valérie,

je ne souhaite pas rejoindre le rang des « Pas tout les hommes ».

Non, je me sens coupable et je demande pardon. J'ai longuement hésité à envoyer ce texte. Car je me sens coupable pour d'autres raison que celle d'avoir « forcer des femmes » à avoir quelques sortes de relation avec moi. Peut être verrez-vous dans ce témoignage la sincérité que j'y ai mis… Peut être me trouverez vous naïf et idiot... Peut être est-ce inutile et ne sert pas votre propos... je comprendrai ! Je vous fait confiance pour veillez sur mon anonymat.

L'actualité a fait naître chez moi tout un tas de sentiments, parfois opposés : du dégoût, de la honte, de la colère et de l'espoir. Pas encore trentenaire mais qui s'en approche, je suis un jeune hetero-cis-blanc qui ne subit que rarement les discriminations… Sans certaines conversations auquel j'ai pris part pendant mon adolescence, je n'aurais peut être jamais prêté attention à ces discriminations du quotidien. Ce harcèlement sexuel, cette situation qui ne m'est connue que par la description qu'en font des amies, amoureuse, copines ou inconnues. Ce qui ne me permettra jamais de mettre des mots sur ce que certaines peuvent vivre… sur ces « banales » violences du quotidien.

Bien sûr que je suis coupable, j'ai fait des choses dont je ne suis pas fier …. Mais je n'ai pas abusé d'un quelconque pouvoir masculin ou hiérarchique pour obtenir ou tenter d'obtenir un échange sexuel avec une femme.

Oui, je suis coupable tout les jours à travers ma lâcheté... cette lâcheté qui, par mon silence ordinaire, participe et légitime les agressions sexuelles. Cette lâcheté ordinaire qui tolère les sifflements de gros cons spécifiques, les réflexions et blagues déplacées de collègue. Cette indolence, quand j'entends et vois de loin des femmes qui accélèrent le pas en passant près d'hommes menaçants. Que dire, quelle excuse puis-je me donner : aucune !!! Je ne me suis pas assez pris de coups dans la vie, j'en ai peur, je les fuis !!!

Alors je peux essayer de redorer mon égo, ce salaud, en parlant de ce covoiturage ou j'ai discuté« consentement » avec un homme plus jeune que moi, où j'ai fait preuve de pédagogie pour qu'il découvre de lui même qu'il pouvait « violer » sa copine sans le vouloir ou même le savoir, le questionner sur sa responsabilité en somme ! Mes actions sont finalement peux nombreuses, j'ai honte de toute ces fois ou assis sur un banc je ne suis pas rentré dans le lard d'un groupe d'hommes décomplexé. Toutes ces fois ou par fuite, par peur de la confrontation, je n'ai pas abordé le sujet avec des rencontres masculines, des copains ou pire encore toutes ces fois où je me suis réfugié dans le mutisme… coupable ! #Ididittoo ! #Imsorry

J'ai honte de ne pas parler à certains, que je considère comme des potes ou des amis, de comportements qu'ils ont eu, qui ont blessé, voir traumatisé de jeunes femmes…

Je suis en colère contre moi-même, toute ces fois ou je confond séduction et sexisme. J'ai honte de parfois penser que ma solitude a à voir avec ma retenue. J'ai honte d'être immature, honte de fermer les yeux, de serrer les poings et de passer mon chemin. En colère contre toute cette culture sexiste dont je suis aspergé (c'est comme la pub, ça ne marche pas sur moi, que sur les autres, … ), de tous ces modèles masculins myso dont on m’abreuve. Je suis triste de ne pas trouver d'exemple de relations équilibré sur lesquelles m'appuyer pour me construire. Bref, je participe à tout ça, je suis coupable !!

Ces discussions publiques me donnent de l'espoir. À ma petite sœur, mon petit frère, mes amies, amoureuses passées/futures et vous toutes et tous, je vous demande pardon.

 

K, un homme cash

Épisode 1, l'initiation : le neuf-trois, début des années 60: cité Diderot, une cité de cheminots et de jeunes immigrés de l'intérieur (Auvergne, Bretagne...); outre la passion partagée pour le foot et les batailles rangées avec les cités voisines, devenir un homme supposait une initiation stricte en 3 temps, et les plus grands veillaient au grain:

1ère étape: participer à une "tournante" dans la cave de l'immeuble; lors de mon passage, la jeune fille épuisée et moi tremblant avons fait semblant;

2ème étape: aller casser la gueule aux "pédés" qui draguaient Porte de la Villette; j'avais 13 ans, j'eus alors des doutes sur le bien-fondé de cette initiation: j'ai dit "stop ! sans moi ! c'est quoi cette connerie?"

3ème étape: aller voir les "putes"; même refus...

Me voilà donc isolé, je n'appartenais à aucune bande et il ne fallait pas me parler de "vie sexuelle", dans le souffrance ou dans le plaisir; le corps des femmes et le mien, tout cela était sale.

Je revois cette période avec l'oeil de l'ethnographe : en rupture totale avec ce petit monde, j'étais devenu "poète romantique"...

Épisode 2, la libération sexuelle

Épisode 3, féminisme, année zéro

Épisode 4, la transmission

voir le texte mis en copie...

Tu seras un homme mon fils

Je sais, des horreurs, tu en prends plein les images

Et, chaque jour les misères ordinaires

Passent comme des mirages aux faits divers

ne méritent pas la une de ces journaux

Qui terminent dans les poubelles du métro…

C’est d’une de ces misères-là dont je veux te parler aujourd’hui

Et, s’il te plaît assieds-toi ! pose ton smartphone !

Donne-moi deux minutes de ton précieux temps

Pour te parler d’un autre côté de la vie

Celui dont on ne parle pas souvent…

Je veux te parler, mon cher fils

De cette violence infâme faite aux femmes

Qu’on s’efforce de ne pas voir

S’il te plaît ne te lève pas ! pas maintenant ! écoute-moi

Tu me connais ! je ne suis pas une leçon de morale

Alors écoute-moi, rien qu’une fois !

Pas évident je sais, pourquoi aujourd’hui ?

Attends un peu ! tu comprendras…

Cette violence-là, que la plupart du temps

On n’entend pas, on ne dit pas :

Que la faute à pas de chance ! que tout est dit

Que c’est comme ça !

Même que c’est parfois les nanas qui ne sont pas aussi innocentes que ça…

Cette violence, tu vois, elle est confinée au foyer

La honte des femmes cachée aux enfants

Qui voient ce qu’ils voient…

La honte ! s’être laissé abuser

Par un mariage de conte de fées !

Alors que les princes charmants

Se laissent emporter par l’énervement

Alors on se dit que c’est la dernière pinte

Qu’aucune plainte

Qu’un bouquet de fleurs, qu’un pardon

Que la faute au malheur et que la bonne chanson…

Tu seras bientôt un homme mon fils

Je veux te raconter cette si longue histoire triste

Qui fit des femmes des corps meurtris

Coupables du privilège de donner la vie !

Je sais ça paraît dingue comme ça

Mais y’a des choses qu’on n’explique pas

Que chaque mois, le cycle de fécondité

A été considéré comme une impureté !

Du délire ? pure invention de la cervelle des hommes ?

Tellement débile qu’on n’y croit pas

Alors que c’est comme ça !

Et tout le reste suit :

Le mâle qui se méfie de la « nature » féminine

Jusqu’à enfermer les gamines

Pour « protéger » leur virginité sacrée !

Et c’est comme ça qu’une moitié de l’humanité

A fini par se méfier de l’autre moitié

Sans se demander où ça ne colle pas…

Pire ! si ça ne suffit pas

Méfiance rime avec violence !

Cette si longue histoire des femmes

C’est celle des punitions

Et violations des droits les plus élémentaires

De tout être vivant…

Épouse, mère ou célibataire

A la fin de chaque guerre

C’est la femme qui devient la putain du soldat

Celle qu’on jette à terre

Après emploi.

Troie, Bosnie, Rwanda

Ces vivants butins sans voix

Qui s’abandonnent au désert de la solitude…

C’est l’habitude, mon gars,

On se dit que c’est l’habitude

La souffrance, et la mort comme délivrance

Car c’est dans la beauté violée

Que les soldats croient prendre leur pied…

Tu seras bientôt un homme mon fils

Et si je t’emmerde avec ces conneries

De vieux papy aigri

C’est que je veux que celui que j’aime

N’ait plus le même regard sur la voisine d’à côté

Avec son œil au beurre noir

Et qu’on cesse, nous les hommes,

D’ignorer les tournantes juste au pied de la cité

Et surtout… ce que je voulais t’expliquer

C’est pourquoi ça fait dix ans aujourd’hui

Que ta mère a décidé de nous quitter

Pas pour t’abandonner…

Ça fait si longtemps, on n’a rien oublié

De nos moments si violents

Et des miens bien sûr…

Tu seras bientôt un homme mon fils

Et j’aimerais tant

Que tu voies le corps des femmes autrement

Pas celui que j’ai connu quand j’étais adolescent

Que tu puisses les approcher en ce qu’elles sont vraiment

Dans leur corps et leur âme de femmes

Loin des clichés de la publicité

Les viols simulés sur le Net

Que je suspecte de n’être pas toujours simulés…

Alors peut-être, avec le regard neuf de la découverte

Tu pourras, si tu le souhaites

Fonder avec un être différent de ce que tu es

Une relation de confiance, faite de respect

Et, loin de l’ancestrale défiance,

Vous vous mettrez peut-être à parler d’amour

Et que ça pourra même rimer avec toujours…

Alors, par ce respect

J’ai bon espoir de penser que tu seras devenu un homme mon fils

Un vrai de vrai !

 

Mail de L.

Bonjour Valérie. Voici mon témoignage. Merci de ne pas donner mon nom.

A l'âge de 22 ans, je venais de quitter ma petite amie après une idylle romantique de 5 ans. Je l'avais beaucoup aimée, je l'aimais toujours, mais plus assez pour rester avec elle alors que nous habitions désormais dans deux pays différents. Un jour, je me retrouve à devoir passer une nuit chez elle. Elle logeait dans un grand appartement, avec de nombreux lits. Elle me dit qu'elle peut m'accueillir, mais que je dois partager sa chambre - où il n'y avait qu'un lit à deux places. J'accepte, prêt à tout éventualité. Je me couche en T-shirt et caleçon. Elle me rejoint, entièrement nue, en expliquant qu'il fait chaud. Je l'embrasse puis lui fais l'amour, alors qu'elle ne cesse de dire non, sans me repousser ni crier. Lorsque j'éjacule, elle me dit : "déjà ?".J'ai le sentiment de l'avoir violée, d'avoir été provoqué et de ne pas avoir su résister. de ne pas voir pu suivre la loi morale (je savais que ce n'était pas bien) plutôt que la loi du désir (qui existait évidemment entre mon ex et moi). J'ai honte. Nous ne nous sommes plus parlé pendant des années. Nous avons renoué, vingt ans plus tard, sans qu'il soit question de cet incident, et sans acrimonie particulière. Avec au contraire une vraie complicité. Je lui ai demandé pardon pour toutes mes erreurs, elle m'a répondu "nous étions jeunes".

A l'âge de 30 ans. Pendant une fête, une amie très saoule (avec qui j'ai déjà couché deux fois dans les mois précédents) me demande de coucher avec elle. Saoûl aussi mais moins qu'elle, je refuse, mais comme elle tient à peine debout je la ramène chez moi, et je l'installe pour dormir dans le canapé-lit du salon. Avant d'aller dans ma chambre, comme elle réclame encore faiblement "allez, baise-moi", je la pénètre sans tendresse. Elle est semi-inconsciente. Le lendemain, elle part avant que je me réveille. Je l'ai revue, elle ne m'a jamais parlé de ce soir-là. Je lui ai demandé pardon hier, car le souvenir a ressurgi à la faveur de la campagne #metoo. Elle m'a dit : "Je ne sais pas de quoi tu parles, mais tranquillise-toi, ça n'a aucune importance." Elle a couché avec beaucoup d'hommes à cette période-là, et elle a eu affaire à bien pire que moi. Mais je sais à présent que si elle m'avait accusé de viol, ce soir-là, j'étais condamnable. Au moins moralement. Je n'en avais pas conscience à cette époque là, car même si je trouvais mon geste, mais aussi la situation, assez moches, je ne me rendais pas compte que son ébriété interdisait tout consentement.

A l'âge de 33 ans, je fais la connaissance d'une jeune femme qui demande à me rencontrer après m'avoir vu parler à la télévision. Elle me fait des compliments sur ce que j'ai dit. Elle me plaît. Plus tard je l'invite à dîner. Après le dîner elle me ramène chez moi, je l'embrasse, elle me laisse faire. Mais elle refuse de rentrer avec moi. J'insiste un peu, lui dit que je la trouve jolie et attirante. Elle sourit, n'a pas l'air effrayé ni gêné, mais elle ne veut pas venir chez moi. Je renonce donc, sans reproche et sans amertume. Nous restons amis. Des années plus tard, comme je m'interroge sur les limites entre drague et harcèlement je lui demande son avis, et je prends en exemple ce soir où je l'ai embrassée. Elle me dit que ce soir-là j'ai été "un agresseur, comme les autres". Mais que ce n'est pas grave, elle ne m'en veut pas. Je lui dis que je suis désolé, mais que je ne pouvais pas comprendre, à son attitude, que je l'agressais, puisqu'elle ne m'a pas repoussé quand je l'ai embrassée. Elle a répondu qu'elle en avait marre de devoir repousser les mecs, et que moi au moins j'étais gentil.

Bon courage pour votre entreprise.

 

In fine : Mister M.

J'aurai du lire ce témoignage(1) avant et fermer ma gueule, mon témoignage est inutile et déplacé. Je suis un troll

Il y a eu celui qui a cru qu'un viol c'était comme une rayure de bagnole : et comment arrêter le type si personne ne porte plainte ni même ne parle de sa bagnole rayée ??? Et les autres bagnoles, alors, on y pense ??

Il y a eu celui qui a eu honte pour ces hommes et s'est mis à écrire partout que pas lui, hein pas lui ? Allez, dites-le que pas lui.

Il y a eu celui qui ne s'est pas l'ombre d'une seconde senti visé, qui a même jugé bon de participer à ce grand élan de dénonciation des violences sexistes avec ses mots à lui, ses mots d'homme, jusqu'à ce qu'une femme l'accuse d'avoir fait sa part de harcèlement.

Il y a eu celui qui s'est senti au-dessus de la mêlée, qui s'est fendu de quelques commentaires et posts bien sentis, de quelques méta-analyses, qui s'est permis aussi de recadrer le débat parfois, quand la passion prenait le pas sur la raison.

Il y a eu celui qui a flairé l'arnaque, toutes ces femmes qui risquaient de balancer des innocents, c'est toujours pareil quand les faibles se rebellent, ça peut pas s'empêcher d'aller vers la violence gratuite.

Il y a eu celui qui a trouvé ça un peu fort de café de mettre tout sur le dos des hommes, quand on sait combien les femmes peuvent être cruelles parfois.

Il y a eu celui qui a pigé l'importance du mouvement, mais a trouvé dommage d'utiliser ce moyen là, qui du coup a pris le temps d'expliquer ce qu'il aurait fallu faire à la place.

Et puis il y a eu ceux, si peu nombreux, qui ont lu, ont pris la mesure, et ont commencé à se poser les bonnes questions. En silence.

https://lolaveclestrolls.tumblr.com/...

Je vous demande pardon de vous avoir importunés avec mon témoignage.

Post-scriptum de M. : Dans un contexte où les femmes prennent enfin collectivement la parole, ne nous précipitons pas pour donner la parole aux hommes, ou alors avec discrétion et humilité.