Indochine (2/5) : Où sont les corps, par Candice Nguyen

Qu’est-ce que mes yeux n’avaient pas vu et mon cœur senti qui la rendit, elle, à la pierre. Je ne pouvais y croire.
Cette femme qui. Je devais partir.

 

où sont les corps dans les plaines les arbres où sont-ils eux qui creusent le silence mortel et nos pas l’un après l’autre vers eux trébuchant le brouillard qui aveuglent qui rameutent et qui peine les sentiers des montagnes qui chantent leurs jambes leurs bras où sont-ils dans les plaines les arbres et la nuit lourde si lourde tellement lourde la terre rouge notre oripeau sur nos fronts nos tibias dans nos paumes cette glaise et le froid où sont-ils derrière les caféiers les théiers en mille miettes dérobés sous les ponts sur les ponts l’odeur de souffre hallucinée où sont-ils rouges noirs invisibles évaporés dans le silence qui hurle la nuit lourde si lourde les vallées et les corps dans les plaines les arbres où sont-ils eux qui creusent ce silence mortel et nos pas l’un après l’autre vers eux trébuchant le brouillard qui aveuglent qui rameutent et qui peine où sont-ils les…

 

 

dans les plaines les arbres où sont-ils

 

Candice NGUYEN


Notre chroniqueuse de l'ailleurs Candice Nguyen a quitté Paris sur un coup de tête pour Marseille où elle vit et travaille depuis 2008 dans l’éditorial et la communication digitale. Partage son temps entre la mer, les routes et l’aide à la diffusion d’artistes, à travers notamment la revue de photographie et d’arts PLATEFORM Magazine et son journal en ligne. Elle est en charge des chroniques pour L'Autre Quotidien.