Short-Cuts 24, par Nina Rendulic

au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 27 / 6 / 16

Il faut avoir beaucoup d’amour dans les temps morts. Gris. Délavés. Il faut beaucoup aimer. Beaucoup. Il faut beaucoup vouloir agir ou rire ou crier sous les ponts ou casser les objets déjà cassés. Il faut avoir beaucoup de sagesse. Non. Beaucoup de folie. Beaucoup. Il faut pouvoir oser. Il faut écouter. Suivre la foule qui danse. Inconsciente et forte. Il faut tous les matins tuer ses rêves et vivre sa vie rêvée. Etre dur avec soi-même. Etre dur avec soi-même. Etre dur avec soi-même. Il faut parfois manger des framboises surgelées. Supporter que le froid brûle la gorge. Il faut écrire beaucoup de lettres d’amour. Chasser les monstres. Il faut laisser tomber. Savoir laisser. Beaucoup de lassitude… Il faut beaucoup regarder dans les yeux et derrière le cœur / derrière la gorge. Il faut savoir se faire prendre la paume gauche et se faire lire l’avenir des lignes de la main. Puis, l’oublier. Puis, partir. Oui, partir. Il faut beaucoup écouter des requiems. Il faut s’habituer à l’inconfort. Froid. Dur. Solide. Poignant. Malheureux. Il faut continuer à écouter. Et ne pas s’écouter. Pas toujours. Il faut répondre à des questions par des mots et non pas des regards. Pas toujours. Il faut beaucoup vouloir changer et beaucoup vouloir rester pareil. Faire des listes. Il faut penser à tout. Beaucoup penser. Il faut beaucoup aborder la dureté du monde par l’imagination et les étoiles dans les yeux. Il faut lire les poèmes. Ne pas traduire. Ne jamais traduire. Il faut savoir bien s’occuper des fleurs mortes. Beaucoup caresser les pétales. Beaucoup.

Un nouvel été tue une nouvelle fois. Et l’eau bouge dans la mer.


novi tjedan : 27 / 6 / 16

Treba se imati puno ljubavi u mrtvim točkama. U sivim, ispranim vremenima. Treba se puno voljeti. Puno. Treba se puno htjeti djelovati ili smijati se ili vikati pod mostovima ili slamati već slomljene predmete. Treba se imati puno mudrosti. Ne. Puno ludosti. Puno. Treba se moći usuditi. Treba se slušati. Slijediti mnoštvo koje pleše. Nesvjesno i jako. Treba se svako jutro ubiti svoje snove i živjeti svoj snoviti život. Biti strog prema sebi. Biti strog prema sebi. Biti strog prema sebi. Treba se ponekad jesti smrznute maline. Podnositi hladnoću koja gori u grlu. Treba se pisati puno ljubavnih pisama. Tjerati čudovišta. Treba se prestati. Znati pustiti. Puno umora... Treba se puno gledati u oči i iza srca / iza grla. Treba se znati pružiti lijevu ruku i dati na čitanje linije na dlanu. I onda, zaboraviti budućnost. I onda, otići. Da, otići. Treba se puno slušati rekvijeme. Treba se naučiti na neudobnost. Hladno. Tvrdo. Čvrsto. Dirljivo. Nesretno. Treba se nastaviti slušati. I ne slušati se. Ne uvijek. Treba se odgovarati na pitanja riječima, a ne pogledima. Ne uvijek. Treba se puno željeti promijeniti i puno željeti ostati isti. Pisati popise. Treba se misliti na sve. Puno misliti. Treba se puno pristupiti grubosti svijeta s maštom i sjajem u očima. Treba se čitati pjesme. Ne prevoditi. Nikad ne prevoditi. Treba se znati brinuti o mrtvom cvijeću. Puno gladiti latice. Puno.

Još jedno ljeto još jednom ubija. I voda se miče u moru.


Nina Rendulic est née à Zagreb en 1985. Aujourd'hui elle habite à 100 km au sud-ouest de Paris. Elle aime les chats et la photographie argentique. Elle vient tout juste de terminer une thèse en linguistique française sur le discours direct et indirect, le monologue intérieur et la "mise en scène de la vie quotidienne" dans les rencontres amicales et les dîners en famille. Vous pouvez la retrouver sur son site : ... & je me dis