Anatomie (où commencent les rêves), par Kenny Ozier-Lafontaine

© Claire Morel

© Claire Morel

Les anges accroupis s'étaient attroupés tout autour de mon cœur, saignant, on y butinait sans mesure la liqueur amère de mes songes.

Poignets et chevilles ligotés, retenus par une chaînette d'acier, qui m'empêchait de glisser et de rejoindre au bleu d'aube l'issue des songes.
Un oiseau perché sur ma hanche, éclairé de lampadaires, encourageait les papillons aux suicides.
Il me semblait que les murs amplifiés de miroirs insistaient plus que de coutume pour m'étreindre et me réduire, et ainsi extraire de mon corps épépiné mes substances qui dès lors étaient libres d'aller sans moi.
Tout errait, sauf moi, cloué à ma paille étranglée.


Un poisson dans mon œil s'asphyxiant, gigotait en vain, s'écaillait et remuait la lumière, troublait les images...
Je hurlais, mais restais prisonnier du rêve.

Kenny OZIER-LAFONTAINE

© Vincent Lefèbvre & Kenny Ozier-Lafontaine

© Vincent Lefèbvre & Kenny Ozier-Lafontaine


  • Kenny OZIER-LAFONTAINE (parfois Paul Poule) est poète, plasticien, vidéaste, né pour la première fois à Fort-de-France, Martinique.
  • Claire MOREL, plasticienne, travaille sur le lien entre soi et les autres, soi et les autres soi, soi et son soi-même. Retrouvez son blog ici.
  • Vincent LEFÈBVRE n'existe pas. Son site, oui.