L'AUTRE QUOTIDIEN

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Les acryliques stylisées et en mutation de Martin Jarrie

Des éléphants aux écailles bleues et aux trompes en forme de tuyaux, une femme arborant un énorme pantalon bouffant rempli d’oiseaux et un agriculteur saisissant un arbre aux racines évoquant des veines ne sont que quelques-uns des personnages surnaturels qui peuplent les illustrations de Martin Jarrie.

Martin Jarrie est attiré par les mutations et les scénarios curieux, faussant les proportions corporelles ou fusionnant deux créatures en d’étranges hybrides. « Ce qui m'intéresse le plus, c'est de donner naissance à des êtres imaginaires, animaux ou humains, sous mon crayon ou mon pinceau », partage-t-il. « J'ai été très marqué dans mon adolescence et ma jeunesse par la découverte du surréalisme, de Giorgio de Chirico à Magritte en passant par Marcel Duchamp. » Qu'il travaille sur une commande ou un projet personnel, Jarrie commence par une esquisse minimale avant de choisir un support (papier, toile ou parfois caisses de produits en bois) pour ses œuvres acryliques. « Je ne peins jamais sur un fond blanc, mais celui-ci est toujours déjà maculé de peinture (restes de palette, fonds de tubes, etc…) », note-t-il, ce qui se voit également dans les stries et les taches qui bordent le pourtour de ses œuvres.

Mais parfois, un premier dessin ne se traduit pas par une illustration plus grande. Jarrie a constitué une collection de carnets de croquis des trois dernières décennies, auxquels il fait référence lorsqu'il a besoin d'inspiration. Il explique : Il y a beaucoup d'échecs, de dessins inachevés… « Quand je suis bloqué, je les consulte et trouve parfois des solutions dans des dessins que je trouve insatisfaisants mais qui du coup m'ouvrent de nouvelles voies. Et puis toujours en cas de blocage… Je feuillette les livres de ma bibliothèque, des livres d'art, des catalogues d'exposition, des livres sur la nature, les animaux, les cartes du ciel, les cartes marines anciennes, etc… »

Les œuvres qui en résultent sont remplies de bizarreries inattendues et de détails texturés, que l'artiste décrit comme des traductions directes d'une idée ou d'une pensée en « une sensation… Le plaisir de dessiner est de se laisser surprendre », dit-il. "Quelque chose s'échappe."

Les commandes les plus récentes de Jarrie incluent la conception d’une étiquette saisonnière pour Staple Gin, ainsi qu’un projet de livre pour Vista Alegre. Retrouvez son travail sur Instagram.

En dehors de ses influences surréalistes, on note le clin d’œil aux muralistes mexicains et au Pop Art, tout cela passé au shaker de la culture pub et de l’illustration. Impressionnant autant que très fun. On adore !

Jean-Pierre Simard avec Colossal, le 8/01/2024
Les acryliques stylisées et en mutation de Martin Jarrie