Posts in ÉDITO
La répression des images. Par André Gunthert

Signal d’encouragement pour les forces de l’ordre, la restriction du droit de filmer la police est un tournant majeur, une marque du déclin des libertés et de la dérive vers un pouvoir autoritaire. L’autoritarisme est à l’autorité ce que la brutalité est à la force: une mise en scène de son excès dicté par la faiblesse. L’Etat néolibéral est une administration paradoxale, qui met toutes ses forces à se priver de moyens. L’affaiblissement des instruments de l’action publique impose d’abandonner les processus de concertation et de dialogue au profit d’une démocratie de théâtre, qui exhibe ses pectoraux à défaut de pouvoir remédier aux difficultés sociales.

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Une saison en enfer. Par Tieri Briet

Il y a ces deux passages d’Antoni Casas Ros. Extralucides, ils peuvent aider à traverser novembre sans fêtes : « Toute la violence de notre temps, toute la crapulerie politique vient du fait que personne ne regarde personne. Les distances se creusent, les fissures deviennent des précipices dans lesquels les guerres et les destructions s'engouffrent. » C'est dans “Le Théorème d'Almodovar”, page 79 de l'édition folio.

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Les copeaux et la forêt, (re)fermeture des théâtres. Par André Markowicz

C’est peut-être le pire de tout, les circonvolutions du gouvernement autour des aménagements possibles, pour le théâtre et le cinéma. « Il faut qu’on l’étudie », nous explique, — je découvre ça, — le premier ministre. Ce qui, très concrètement, signifie qu’ils ne l’avaient pas étudié avant, c’est-à-dire qu’ils ont décrété ce couvre-feu, comment dire ? à la hache, comme sous l’effet de la précipitation, pour ne pas dire de l’affolement. Du coup, je pense à ce proverbe russe, pour expliquer beaucoup de choses, « quand on abat une forêt, il y a des copeaux qui volent. »

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à ma jeunesse, à mes amis artistes, à mes amis restaurateurs, aux invisibles de la nuit

Ce soir, je pense à ma jeunesse. Je pense aux salles de concerts, aux théâtres, aux bars, aux restaurants, aux lieux artistiques si chers à mon cœur. Je pense à tous mes amis qui connaîtront, une fois encore, les salles vides. Je pense aussi à toutes les personnes, aux mômes laissés dehors qui fabriqueront du feu pour ne pas avoir froid, et le garderont bien couvert pour tous les autres. À toutes celles et ceux pour qui l’hédonisme ne parle en rien et qui ne sont pas plus épargnés par le Covid. Aux invisibles du jour, qui le seront encore plus la nuit, qui n’ont pas eu un mot de la part du président.
Agathe Nadimi

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Contre la panthéonisation de Verlaine et Rimbaud. Par André Markowicz

Parce qu’il y a bien pire que cette offense intime à l’un comme à l’autre, à ce ridicule demandé pour les deux. Il y a que Rimbaud a, le premier dans ces termes, mis un terme définitif à tout rapport entre la société et la poésie en cassant la mémoire collective du lecteur par la destruction de l’alexandrin. La poésie, chez le dernier Rimbaud, n’est pas l’affaire d’une nation, d’une société, ou ne se dresse pas contre. C’est une réinvention totale, strictement individuelle.

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à ceux qui pensent qu’il est urgent de ne rien faire contre le covid

Ils sont contre le port des masques. Contre les mesures de confinement. Contre les tests. Et par-dessus tout contre un vaccin qui pourrait stopper l’épidémie. Dans laquelle ils ne croyaient d’abord pas, le Covid n’étant à leurs yeux qu’un bobard monté par les affreux Bill Gates et George Soros pour asservir la population mondiale. Que se serait-il passé si ces gens avaient été partout au pouvoir ? C’est effrayant rien que d’y penser. Aujourd’hui, après avoir dû reconnaître que le Covid existait bel et bien, ils en minimisent le danger, et s’opposent à toute mesure de précaution en inventant de toute pièce une guerre culturelle ridicule contre le port du masque, décrit comme une “muselière”. Il en est même pour qui recommander de se laver les mains vise à nous faire accomplir à notre insu un rite signifiant un pacte avec le Diable (si, si). Ils encensent Trump, mais ne semblent pas noter qu’il promet un… vaccin pour très bientôt. Ah bon ? Ils ne notent pas non plus qu’il vient de reconnaître avoir minimisé le danger du Covid pendant les trois premiers mois de l’épidémie, avec le résultat désastreux qu’on connaît aux USA. Ils sont incohérents, égocentriques, dangereux pour la santé publique. Tels sont les individualistes forcenés. Une plaie dans les périodes où l’effort collectif s’impose. Et très majoritairement de droite ultra. Ce qui n’est pas un hasard.

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"Le masque, un produit pédo-satanique" - De la folie individuelle à la folie collective

Quand un individu ou quelques individus isolés expriment des idées délirantes, ils font sourire et sont peu nuisibles, mais quand ces idées s'emparent d'une fraction de la population, cela devient un phénomène social inquiétant. On peut comparer ce phénomène avec celui de l'antisémitisme. Si on les analyse, les propos des antisémites sont tout aussi absurdes et incohérents que ceux de Mme Engerer. Et pourtant l'antisémitisme a été partagé, non seulement par des masses humaines considérables, mais par des intellectuels, des savants, au point de devenir une doctrine d'Etat dans plusieurs pays.

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Le débat autour d’un prétendu “ensauvagement” prépare une société d’incarcération de masse. Par Norman Ajari

Le débat qui s’installe en France autour de la question d’un prétendu « ensauvagement » des jeunes garçons noirs et arabes est hautement préoccupant. Il se pourrait qu’il prépare, en France, une société d’incarcération de masse semblable à celle que nous connaissons aux États-Unis, et qui a été bâtie au prétexte de contrer la menace de prétendus « super-prédateurs juvéniles », criminels incontrôlables, avides de violence gratuite, culturellement inadaptés à la civilisation.

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Une leçon d’humiliation. Par André Gunthert

Un coup dans l’eau pour Valeurs actuelles. La pseudo-fiction illustrée dépeignant Daniele Obono en esclave dans l’Afrique du 18e siècle a suscité un tollé. Parmi de nombreuses réactions, le président de la République et le premier ministre ont assuré la députée de la France insoumise de leur soutien. L’expression de cette indignation était nécessaire, car contrairement à ce que pense l’historien Pierre Nora, la radicalité aujourd’hui n’est pas à gauche, mais à droite. Entre émergence d’un terrorisme suprémaciste blanc, infiltration des services de police par l’extrême-droite, contamination de la gauche républicaine par le racisme islamophobe, radicalisation des chaînes d’info, c’est bien du côté d’une pensée de l’affrontement des civilisations que se joue aujourd’hui la recomposition des forces politiques.

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Combien de vies détruites pour que l’on se permette des caricatures comme celle offerte par Valeurs Actuelles ? Par Leonora Miano

En utilisant le visage de Mme la députée Danièle Obono pour illustrer un prétendu roman de l’été consacré à la participation des Subsahariens à la Déportation transatlantique (on ne peut les accuser de rien en ce qui concerne l’esclavage colonial), Valeurs Actuelles, magazine d’extrême-droite, révèle le désarroi d’une certaine France, son incapacité à endosser les ombres de son histoire sans tenter d’en transférer sur d’autres la responsabilité.

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De l’air ! Par Alain Brossat et Alain Naze

Il est de plus en plus clair que, dans ces sociétés, la position du souverain s’associe à l’aspiration (sans jeu de mot) toujours plus vive à ne pas respirer le même air, irrespirable, précisément, que l’homme de la rue. Au XIXème siècle, les prolétaires défilaient en tendant le poing et en scandant : « Du pain ! ». Nous avons revu les ambitions à la baisse – « De l’air ! » – ça ne serait déjà pas mal…

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Notre destruction de la nature est-elle responsable de la pandémie ? Par John Vidal

Tandis que la destruc­tion de l’ha­bi­tat d’in­nom­brables espèces vivantes et de ces espèces elles-mêmes s’in­ten­si­fie au niveau mondial, la présente pandé­mie de coro­na­vi­rus pour­rait n’être que le début d’une ère de pandé­mies inter­na­tio­nales.

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Après le Bataclan : penser l'irréparable

Claro | Désorientés, nous confondons tout, terrorisme migrants islam foi barbe faciès allah désert mosquée. Oui, même notre confusion est confondante. Nous essayons d’être Charlie, d’être Bruxelles, d’être Bataclan, nous peinons à être aussi Ouagadougou, Maiduguri, mais nous tâchons, néanmoins, d’être et de rester les survivants des morts. La première victime, aujourd’hui, semble, à l’ombre des chairs éparpillées, la pensée. Ce n’est pas le Mal que nous devons réapprendre à penser. Ce n’est pas seulement la notion d’ennemi, le concept de religion, les techniques de représailles que nous devons ré-examiner, mais la pensée elle-même. Comment penser l’impensable et l’impensé que génèrent et le monde et notre vision du monde ?

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