L'AUTRE QUOTIDIEN

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Un bilan de la manifestation Gilets Jaunes du 18/01/2020 (et quelques perspectives)

Nous est parvenu ce bilan de la manifestation du 18, dont nous trouvons particulièrement pertinentes les recommandations pour les suites du mouvement. Rien n’est fini, loin de là, après la reprise du travail à la SNCF et à la RATP. Mais il faut tirer les leçons de ce qui s’est passé : commencer par exemple à ne plus voir la grève générale comme l’alpha et l’omega de la lutte sociale, comme elle a pu l’être au vingtième siècle, au point de devenir un mythe (donc inatteignable comme tel, ou à hauteur de ce qu’il fut quand il y avait encore des forteresses et des bataillons prolétaires) qui nous embarrasse plus qu’il nous sert aujourd’hui, et passer, pour parler en termes de stratégie militaire, de la guerre de position à une guerre d’attrition et de mouvement pour fatiguer et démoraliser l'adversaire.

Photo Serge d’Ignazio

La cocotte-minute qu’est la France chauffe. On attend tous impatiemment que le couvercle saute, on ignore simplement le niveau de température qu' il faudra atteindre ! Le gouvernement a su, une fois encore, instrumentaliser la manifestation pour flatter l’ électorat LREM. Le bilan de la manifestation laisse un goût doux amer. Malgré une mobilisation massive qui a permis de revigorer le mouvement et de démontrer qu'il était loin d'être mort, les forces de l'ordre ont, malgré une résistance au niveau de la gare de l’Est, dirigé le moindre pas du cortège. Cela dès le départ, par de multiples arrêts interminables qui généraient de la frustration et de l’énervement.

A partir de la place de la Bastille, toute tentative de quitter la manifestation était interdite. La liberté de circuler entravée, les manifestants n'avait d'autre choix que de poursuivre la route jusqu'à la destination finale: la gare de Lyon où les gaz lacrymogènes les attendaient. Certains ont pu, avec difficulté, quitter la place. Ceux qui n'ont pas eu cette opportunité se sont retrouvés pris au piège. La tension était forte, provoquant un incendie au centre de la place. Séquestrés par les barrages policiers, les tirs de gaz lacrymogène et les canons à eau, aucune échappatoire n'était possible pour souhaitaient se mettre à l'abri. Les forces de l'ordre sont restées sourdes aux protestations à l’intérieur et à l’extérieur de la nasse.

Le cortège a été mené à la baguette du début à la fin. L'encadrement massif de la foule par les forces de l'ordre (dont aucun ne portait son numéro d'immatriculation), avait pour seul objectif de mener des manifestants dans une souricière afin de provoquer volontairement des débordements pour alimenter la propagande BFM TV. L’opportunité de rentrer dans le lard des forces de l’ordre s’est présentée lorsque ceux-ci longeaient le canal, il n’aurait pas été difficile pour la foule de les pousser dans l’eau. Je n’ai pourtant observé aucune tentative dans cette optique là ! Vu ce qu’ils nous préparaient, le sentiment que ça aurait du être fait a été éprouvé par chacun.

Ma conclusion sur cette journée est que nous devons changer nos modes d’action lorsque nous faisons des appels nationaux à monter à Paris. Puisque les rassemblement déclarés sont instrumentalisés par la police, inutile de continuer à foncer tête baissée dans un piège: il est temps de mettre à profit le travail de convergence que nous menons depuis de nombreux mois. Plutôt que d'appeler à des manifestations déclarées, appelons plutôt à une synchronisation d’actions diverses. Définissons un samedi de rébellion par mois où gilets jaunes, secteurs de travail en lutte, militants écologistes... organisent chacun de leur côté des opérations de blocage, de visibilité, de désobéissance civile, de sabotage dans des lieux de consommation, financiers, de pouvoir politique... laissons chacun organiser secrètement l'action qu'il souhaite effectuer selon son mode d’action et son éthique. Assurons-nous tout simplement de le faire le même jour dans la même ville !!! Agissons de façon furtive, imprévisible, sournoise… Laissons place à plus d’actions créatives et dispersées, mais avec une date et un secteur géographique communs !