L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le message de la momie : "Je vous ai compris"

1181 mots, 8043 signes : il a fallu 10 minutes 40 secondes à la présentatrice de Canal Algérie pour lire le message en sept points au pays du président mort-vivant, annonçant le 11 mars le report de l'élection présidentielle programmée pour le 18 avril, à laquelle il ne se présentera pas, et l'organisation d'une conférence nationale pour élaborer une nouvelle constitution, qui sera soumise à référendum. Les mots du premier point - "Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi" - sont proprement hallucinants : une réécriture de l'histoire en temps réel; ainsi donc, les représentants du candidat n'avaient pas déposé sa candidature au Conseil constitutionnel le 3 mars ? On a du rêver, et 43 millions d'Algérien·nes avec nous.

Dans un monde où le président de la première puissance communique par des tweets de 140 signes, imité par la plupart des grands et petits dirigeants, l'Algérie des dinosaures continue à produire des casse-croûtes au pain farcis au plomb. De quoi rendre malade des pauvres présentatrices confondant "instance" et "insistance". Il y a de quoi se poser des questions comme celle-ci : Qui a écrit le message à la nation que vient d’adresser le président Bouteflika aux Algériens ?

Fausto Giudice, Tlaxcala

La lecture du message sur Canal Algérie, ou la torture infligée à une pauvre présentatrice :

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La lecture du précédent message de la momie sur la même chaîne publique avait provoqué la démission de la présentatrice précédente :

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Chères concitoyennes,

Chers concitoyens,

L’Algérie traverse une étape sensible de son Histoire. Ce 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le pays. J’ai suivi ces développements et, comme je vous l’ai déjà annoncé le 3 de ce mois, je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi ce mode d’expression dont je tiens, une fois de plus, à saluer le caractère pacifique.

Je comprends tout particulièrement le message porté par les jeunes en termes, à la fois, d’angoisse et d’ambition pour leur avenir propre et pour celui du pays. Je comprends aussi le décalage qui a pu être source de préoccupation entre, d’un côté, la tenue de l’élection présidentielle à une date techniquement appropriée en tant que jalon de gouvernance dans la vie institutionnelle et politique et, de l’autre, l’ouverture, sans délai indu, du vaste chantier, politiquement hautement prioritaire, de conception et de conduite de réformes profondes dans les domaines politique, institutionnel, économique et social, avec la participation la plus large possible et la plus représentative de la société algérienne, y compris la juste part devant revenir aux femmes et aux jeunes. Je comprends enfin que le projet rénovateur de notre Etat-nation, dont je vous ai annoncé les principales articulations, gagnerait à bénéficier d’un surcroit de clarifications et être préparé, pour chasser tout doute des esprits, par la réunion des conditions de son appropriation par toutes les couches sociales et les composantes de la Nation algérienne.

En toute fidélité au serment que j’ai fait devant le peuple algérien de protéger et de promouvoir en toutes circonstances les intérêts bien compris de notre Patrie, et après les consultations institutionnelles requises par la Constitution, j’invoque la grâce et le soutien de Dieu Tout-Puissant pour me prévaloir des valeurs supérieures de notre peuple dont nos glorieux martyrs et nos valeureux moudjahidine ont consacré l’immortalité pour présenter à l’adresse de vos cœurs et à vos consciences les décisions suivantes:

Premièrement : Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de tous nos vœux. Cette nouvelle République et ce nouveau système seront entre les mains des nouvelles générations d’Algériennes et d’Algériens qui seront tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique et du développement durable dans l’Algérie de demain.

Deuxièmement : Il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18 avril prochain. Il s’agit ainsi de satisfaire une demande pressante que vous avez été nombreux à m’adresser dans votre souci de lever tout malentendu quant à l’opportunité et à l’irréversibilité de la transmission générationnelle à laquelle je me suis engagé. Il s’agit aussi de faire prévaloir la noble finalité des dispositifs juridiques qui réside dans une saine régulation de la vie institutionnelle et dans l’harmonie des interactions socio-politiques, sur une observation rigide d’échéances pré-établies. Le report de l’élection présidentielle qui a été réclamé vient donc pour apaiser les appréhensions qui ont été manifestées afin d’ouvrir la voie à la généralisation de la sérénité, de la quiétude et de la sécurité publique, dans l’objectif d’entreprendre ensemble les actions d’importance historique qui permettront de préparer le plus rapidement possible l’avènement d’une nouvelle ère en Algérie.

Troisièmement : Dans la perspective d’une mobilisation accrue des pouvoirs publics et du rehaussement de l’efficacité de l’action de l’Etat dans tous les domaines, j’ai décidé de procéder tout prochainement à des changements importants au sein du Gouvernement. Ces changements constitueront une réponse adéquate aux attentes dont vous m’avez saisi, ainsi qu’une illustration de ma réceptivité à l’exigence de reddition de comptes et d’évaluation rigoureuse dans l’exercice des responsabilités à tous les niveaux et dans tous les secteurs.

Quatrièmement : La Conférence nationale inclusive et indépendante sera une enceinte dotée de tous les pouvoirs nécessaires à la discussion, l’élaboration et l’adoption de tous types de réformes devant constituer le socle du nouveau système que porte le lancement du processus de transformation de notre Etat-nation, que j’estime être ma mission ultime en parachèvement de l’œuvre dont Dieu Tout-Puissant m’a accordé la capacité et pour laquelle le peuple algérien m’a donné l’opportunité.

Cette conférence sera équitablement représentative de la société algérienne comme des sensibilités qui la parcourent. Organisera librement ses travaux, sous la direction d’une instance présidentielle plurielle, avec à sa tête un président qui sera une personnalité nationale indépendante, consensuelle et expérimentée. La conférence doit s’efforcer de compléter son mandat avant la fin de l’année 2019.

Le projet de Constitution qui émanera da la Conférence sera soumis à un référendum populaire. La Conférence nationale indépendante fixera souverainement la date de l’élection présidentielle à laquelle je ne serai en aucun cas candidat.

Cinquièmement : L’élection présidentielle qui aura lieu dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante sera organisée sous l’autorité exclusive d’une commission électorale nationale indépendante dont le mandat, la composition et le mode de fonctionnement seront codifiés dans un texte législatif spécifique qui s’inspirera des expériences et des pratiques les mieux établies à l’échelle internationale. La création d’une commission électorale nationale indépendante est décidée pour répondre à une revendication largement soutenue par les formations politiques algériennes ainsi qu’à une recommandation constante des missions d’observation électorale des Organisations internationales et régionales invitées et reçues par l’Algérie lors des consultations électorales nationales précédentes.

Sixièmement : Dans le but de contribuer de manière optimale à la tenue de l’élection présidentielle dans des conditions incontestables de liberté, de régularité et de transparence, il sera formé un Gouvernement de compétences nationales bénéficiant du soutien des composantes de la Conférence nationale. Ce Gouvernement assumera la supervision des missions de l’administration publique et des services de sécurité et apportera sa pleine collaboration à la commission électorale nationale indépendante. Pour sa part, le Conseil constitutionnel assumera, en toute indépendance, les pouvoirs que lui confèrent la Constitution et la loi en matière d’élections présidentielles.

Septièmement : Je m’engage solennellement devant Dieu le Tout-Puissant et devant le peuple algérien à ne ménager aucun effort pour que les Institutions, structures, démembrements de l’Etat et collectivités locales se mobilisent pour concourir à la pleine réussite de ce plan de travail. Je m’engage également à veiller à ce que toutes les Institutions constitutionnelles de la République poursuivent scrupuleusement l’accomplissement de leurs missions respectives et exercent leurs pouvoirs respectifs au service exclusif du peuple algérien et de la République. Je m’engage enfin, si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu.

Voici la voie du salut que je vous invite à emprunter ensemble pour prémunir l’Algérie contre des épreuves, des déchirements et des déperditions d’énergies.

Voici la voie d’un sursaut collectif pacifique pour permettre à l’Algérie de réaliser tout son potentiel dans une démocratie épanouie, digne des gloires de l’Histoire de notre Nation.

Voici la voie dans laquelle je vous demande de me suivre et de m’aider."


Merci à Tlaxcala
Date de parution de l'article original: 12/03/2019
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