L'AUTRE QUOTIDIEN

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500 femmes dénoncent la difficulté à porter plainte pour violence physique ou sexuelle

Si la parole des femmes s'est libérée sur les réseaux sociaux, la prise en charge des victimes de violences ou de harcèlement par les policiers et gendarmes reste largement inadaptée et même parfois catastrophique. L'enquête menée par le groupe F sur la base d'un appel à témoignages publiés sur la page "Paye ta plainte" sur le réseau social tumblr montre à quel point les réactions.

Lancé le 12 mars, par la militante féministe Caroline de Haas avec le groupe F., une enquête a recueilli en quelques jours plus de 500 témoignages de femmes témoignant de la difficulté à porter plainte dans les commissariats. Refus de plainte, banalisation des faits, mise en cause et culpabilisation de la victime et même parfois solidarité affichée avec l'agresseur : le parcours des victimes de violences physiques ou sexuelles ressemble à un parcours du combattant, avec des pressions insupportables exercées par les fonctionnaires de police. Résultat, selon les chiffres fournis par le Groupe F à l'issue de l'appel à témoignages, dans 60% des cas, les forces de l'ordre ont refusé de prendre la plainte ou ont découragé la victime de porter plainte. Ce qui est illégal -une circulaire de 2001 l'interdit-, comme le rappelle un visuel sur le site du groupe. 

Selon la page Facebook du mouvement contre les violences sexuelles fondé par la militante féministe Caroline de Haas, à Paris, c'est dans le 12ème arrondissement que les témoignages ont été les plus nombreux. Cet arrondissement est aussi connu pour les violences exercées sur des jeunes du quartier de Reuilly par les policiers, dont plusieurs ont été condamnés très récemment. Plusieurs témoignages notent tout de même la bienveillance d'un.e membre de l'équipe malgré la mauvaise prise en charge générale. Les auteur.trice.s de l'étude ont réalisé une carte détaillant le niveau de la prise en charge sur tout le territoire. 

L'étude du groupe F met à mal l'argumentation du gouvernement. Alors que suite au déferlement de témoignages sur les réseaux sociaux, certain.e.s rappelaient que "la justice ne se rend pas sur les réseaux sociaux" et qu'il faut aller porter plainte, le Groupe F entend mettre l'accent sur la prise en charge des victimes de violence par les commissariats. Ses fondateur.trice.s dénoncent l'argument selon lequel les professionnels des commissariats et des gendaremeries seraient formés à l'accueil de celles-ci. 

"Les éléments présentés ci-dessous ne prétendent pas être issus d’une étude scientifique. Ils sont le reflet des 500 témoignages reçus, en 10 jours, par Le Groupe F et Paye Ta Police. Ils sont à la fois parlants et insuffisants pour appréhender l’ampleur du problème", expliquent les auteur.trice.s de l'étude. Les témoignages en question sont récents, soulignent-il.elle.s -70% ont moins de cinq ans- et 91% d'entre eux démontrent une mauvaise prise en charge d'un sujet pourtant déclaré grande cause nationale.

Inquiétant, la minimisation des faits concerne particulièrement les violences conjugales, alors que ces dernières causent un décès tous les trois jours. Et le comportement des victimes mineures est particulièrement interrogé et critiqué. Enfin, un témoignage sur cinq montre des policiers qui se solidarisent avec l'agresseur.

Le groupe F dénonce donc des "pouvoirs publics appliquent la politique de l’autruche et refusent de regarder la réalité en face". Il appelle à une vraie mobilisation "de l’ensemble de la chaîne de commandement des policiers et des gendarmes", mais aussi un traitement à la hauteur des plaintes par la justice. Le groupe entend donc proposer "des outils pour changer leurs pratiques".

Précision : il est toujours possible de déposer un témoignage sur le tumblr "Paye ta police". Et l'étude est consultable in extenso sur le site du Groupe F. On peut aussi suivre l'actualité de cette action sur twitter avec le hashtag #PayeTaPlainte.

Véronique Valentino