L'AUTRE QUOTIDIEN

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A la veille du rassemblement fêtant la victoire, des interrogations sur l'avenir de la ZAD se font entendre

Depuis l'annonce de la décision de renoncer à la construction de l'aéroport prévu à Notre-Dame-des-Landes, des dissensions se font entendre entre ceux qui cherchent une porte de sortie légale négociée avec l'Etat et ceux qui expriment leur opposition non seulement à l'aéroport, mais aussi à son monde. Nous versons au dossier cette lettre ouverte publiée ceux qu'on appelle les radicaux de la ZAD. Un texte brut (avec ses fautes d'orthograhe) qui montre que la ZAD, au-delà d'un simple projet néo-rural, est aussi une zone d’expérimentations éminemment politiques.


Lettre à la republic au sujet de la zone non motorisée de la ZAD NDDL

Nous ne voulons pas que ces terres soient à "nous" .
Nous voulons que ces terres soient libres.

Aucune règle mis à part le respect du vivant :
"ta liberté s'arrète la ou commence celle de l'autre"

Nous ne voulons pas travailler pour le système, nous voulons apprendre ensemble et continuer à avancer vers l'autonomie. 

Dans la zone-non-motorisé, nous n'avons pas piraté l'eau et l'electrécité car nous vivons sans (avec parfois quelques panneaux solaires).

Bien sur nous ne payons pas d'impots. 
Mais la majorité des skouateurs de la zone-non-motorisé ne touche aucune aide. Parfois par choix et rejet de l'argent, aussi car beaucoup ont moins de 25ans et beaucoup sont étrangers.

On ne vous demande rien, tous ce qu'on vous demande c'est de rien nous demander.

Ne me parlez pas du prix de ces terres car qui peut prétendre posseder la Terre ?
De plus vue la quantité de kerozen utilisé presque chaque jours depuis 2 mois pour nous "espionner", je ne pense pas qu'il ne s'agit pas d'une question d'argent...

On ne veut pas détruire votre système car on pense que votre système va se détruire tous seul.
Et comprenez qu'a 20ans, on a pas envie de s'investir dans une société qui fonce dans le mur.

Ici, on a retrouvé un avenir et une vie qui a du sens. 
On vie dans la paix.
On ne veut pas créer la violence, on en a déjà assez subi dans votre système.

Néanmoins, on se défendra si vous voulez détruire les cabanes de terre-pailles et couper les arbres pour créer des exploitations qui vous rapportent. 

On se défendra si vous voulez nous arracher le dernier espoir ancré dans nos coeurs.

Aujourd'hui vous avez manipulé certains zadistes plus "anciens" avec vos "négociations" en leurs promettant une propriété. 
Afin qu'ils puissent demeurer légalement la ou ils on investi leurs vie et parfois fondé une famille. 
Vous avez profité de ça. C'est malsain. 
Diviser pour mieux régner ... 
Cela vous dérange donc autant que certain(e)s décident de vivre autrement ?

Aujourd'hui, et devant leurs camarades de lutte, ils ont détruit la cabane dans laquelle j'ai vu mourir une personne qui luttait à nos cotés. 
Cela me brise le coeur.
Même pas un soupçon d'humanité quand j'ai proposé que cette cabane soit conservée en hommage. 
On ne m'a même pas répondu lorsque j'ai émis cette proposition. 
Je suis très déçu de l'humain une fois de plus mais heureusement, ici il y a encore une poignée de personnes (surnommées "zadistes radicaux" ?) qui restent unis, et qui écoutent leurs coeurs et non leurs intérêts.

Merci à eux.

Cette lettre ouverte a été publiée sur la page Facebook "Piraterie à roulettes" 

Elle recoupe d'autres interrogations, comme celles qui s'expriment de plus en plus sur le site Zad nadir, depuis le déblaiement de la départementale D281. Ce déblaiement de la "route des chicanes", symbole des audaces hors système de la ZAD, a été voulu par une partie des opposants à l'aéroport, groupés autour de l'ACIPA, Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, association qui s'est créée en 2000.

Ce qui a permis à la préfète de la région Pays de Loire d'annoncer le 26 janvier que la route des chicanes était dégagée. "Ce dégagement est réalisé. Ça a demandé beaucoup d'efforts, de beaucoup de monde, mais c'est réalisé. C'est un signe de bonne volonté", s'est-elle félicitée, estimant que cette première phase permettait dorénavant de "passer au dialogue". "Le premier ministre a donné des indications: ça reste des terres agricoles mais ne peuvent y vivre que les agriculteurs qui s'inscrivent dans l'État de droit", a-t-elle ajouté.

C'est bien cela qui se joue et qui fait dire à certain.e.s sur place que si l'ooposition contre l'aéroport a gagné, ce ne sont pas pour autant les "zadistes" qui sont vainqueurs.

Dès le 25 janvier, une lettre ouverte publiée sur le site Zad nadir expliquait le malaise qui s'est emparé de certain.e.s soutiens de la ZAD sur les négociations qui s'engageaient entre les pouvoirs publics et certains des occupants.

Intitulée « Déchicanisation » : comme un malaise, elle est lisible ici.

Le 4 février, un nouveau texte interrogeait "Mouvement, où est ta victoire ?". Le rédacteur.trice anonyme constatait que "depuis le 17 janvier, nous ne sommes plus en lutte contre cet l’aéroport, mais nous sommes toujours en lutte contre son monde et ses alliés". "Beaucoup d’entre nous avons lutté.e et soutenu la lutte contre l’aéroport et son monde. Le monde capitaliste, pour dire vrai, le monde des inégalités économiques et sociales, le monde de l’oppression et de l’exclusion. Cette lutte-là est-elle victorieuse ? Et si elle ne l’est pas, comment peut-elle quand même rayonner vers d’autres luttes contre de grands projets inutiles et imposés ?" s'interroge l'auteur. Avant d'inviter les visiteurs attendus le 10 février à Notre-Dame-des-Landes, à venir discuter de la ZAD et de son avenir sur place ou ailleurs. "Ce qui se passe maintenant dans cette lutte se passe aussi dans de nombreuses autres luttes, environnementales ou sociales", conclut cette nouvelle lettre ouverte.

Nous ne conclurons pas. Il appartient à ceux qui ont mené cette lutte de décider de ce qu'ils/elles veulent en faire. Mais nous jugeons utile de verser ces éléments au débat car ils montrent toute la valeur de ce qui se joue dans ce coin de bocage, devenu un symbole qui parle bien au-delà de la région des pays de Loire et même de la France.

On en jugera aussi par cette vidéo :

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La rédaction de l'Autre quotidien