La vie ne dure qu'un jour, par Yannis Youlountas

Que nous parvenions ou pas à riposter, à sauver la vie, à changer le monde, nous partageons ensemble quelque chose. Quelque chose de puissant. Quelque chose d’intense…

Au fond de nous-mêmes, nous le savons bien : nous ne sommes presque rien, le temps d’un baiser, d’une main sur l’épaule, d’un regard fixé sur une photo retrouvée qui nous donne l’illusion de parvenir à suspendre le temps, et même de le remonter. Nous ne sommes que des coquelicots au bord du chemin, d’éphémères lucioles sous des étoiles qui n’existent déjà plus, de funestes gouttes de sang sur la terre fertile, mais nous partageons ensemble, parmi ceux qui résistent et s’entraident, une chose qui n’a pas de prix. Une chose qu’aucun de nos oppresseurs, de nos détracteurs, de nos casseurs de monde ne peut nous prendre. Une chose sur laquelle l’échec n’a que peu d’effet, de même que la réussite. Une toute petite chose qui donne un autre sens au temps qui s’écoule, du matin de l’enfance au soir qui nous emporte, sans la crainte du néant, du silence et de l’oubli — faux problèmes qui n’affligent que ceux qui vivent comme s’ils étaient déjà morts. Cette chose toute simple, sans espoir ni désespoir, libre comme l’air quoi qu’il arrive, c’est le bonheur d’essayer.

La vie ne dure qu’un jour. Un seul jour. Pas le temps pour d’autres projets que la révolution et l’amour.

Yannis Youlountas
Photo : un mur de la Croix-Rousse, Lyon

Yannis Youlountas est l'auteur des films "Je lutte donc je suis" et "Ne vivons plus comme des esclaves". Vous pouvez le retrouver lors d'une des projections de ses films, qui tournent dans toute la France, sur la route de la Grèce où il organise plusieurs fois par an des convois d'aide humanitaire, à Exarcheia, Athènes, Paris, ou ailleurs où bat le coeur de la résistance. Et bien sûr le suivre sur son blog : YY.