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Guatemala : quinze indiennes obtiennent enfin la condamnation de militaires

Le 26 février 2016, la Cour suprême du Guatemala condamnait des ex-militaires à 360 années de prison pour des crimes commis plus de 30 ans plus tôt pour crimes de violence et esclavage sexuel et domestique commis lors du conflit armé.

Pendant le conflit armé interne au Guatemala, entre 1982 et 1983, sans la présence des guérillas dans la région de Sepur Zarco, des soldats du détachement militaire ont soumis la population à des agressions sexuelles et ont commis des crimes contre l’humanité sous forme de violence sexuelle, esclavage sexuel et domestique contre 11 femmes Maya Q’eqchi’; traitements cruels ciblant deux petites filles, ainsi que la disparition forcée de six hommes (les époux des victimes) et l’assassinat de trois femmes – une mère et ses jeunes filles.

Le Tribunal condamna le lieutenant-colonel Esteelmer Francisco Reyes Girón à 120 ans de prison (30 pour crimes contre l’humanité sous forme de violence et esclavage sexuel et domestique et 90 pour l’assassinat d’une femme et ses deux enfants) et l’ancien commissaire militaire Heriberto Valdez Asij à 240 ans pour ces crimes (30 pour crimes contre l’humanité sous forme de violence et esclavage sexuel et domestique et 210 pour la disparition forcée des maris des victimes).

Face à ces crimes, les organisations sociales, de solidarité et personnes signataires de ce communiqué manifestent :

    1. Notre profonde admiration pour les 15 femmes courageuses qui ont eu la force d’entreprendre le long chemin pour amener le cas Sepur Zarco devant la justice face à un État qui les discrimine et stigmatise.
    2. Notre appui aux organisations ayant amené l’affaire en cour.

** ** L’Unité nationale des femmes guatémaltèques (UNAMG), Femmes transformant le monde (MTM) et l’Équipe d’études communautaires et d’action psychosociale (ECAP) signalent que ce cas constitue le premier d’une multitude de cas qui suivront : plus de mille récits semblables ont déjà été documentés.

  1. Notre reconnaissance du fait que la justice est possible lorsque la volonté est au rendez-vous.
    ** ** Ce jugement est un pas pour renforcer le système judiciaire et vers la reconstruction du tissu social des peuples mayas. En ciblant les femmes mayas par son armée, l’État guatémaltèque s’attaquait au symbole même de la reproduction de la population maya, comme partie d’une stratégie de destruction des peuples mayas et de conquête du territoire guatémaltèque.Pour cette raison, en manifestant notre profonde admiration et appui à la lutte de nos héroïnes de Sepur Zarco, nous souhaitons :
  2. Fortement reprocher à l’État guatémaltèque d’avoir occulté impunément pendant plus de trois décennies la majorité des crimes contre l’humanité subis par d’innombrables communautés autochtones et paysannes.
  3. Condamner l’État pour avoir considéré ces femmes comme ennemies à la sécurité nationale et, par le biais de son armée, s’être rendu coupable de ces crimes.
  4. Demander au gouvernement du Guatemala l’application de la peine établie aux accusés.
  5. Demander à l’État guatémaltèque la garantie de ne pas répéter la nature de ces faits et la réparation et compensation des survivantes.
  6. Demander à l’État guatémaltèque le renforcement de l’état de droit où tous les responsables de crimes de guerre, génocide, disparition forcée, esclavage sexuel et domestique soient condamnés.
  7. Ni oubli, ni silence!   Nous sommes toutes et tous Sepur Zarco!

    Les plaignantes et le public manifestant leur joie lors de la lecture de la décision de la cour (Photo : Quimy de Léon)

La source originale de cet article est  Solidarité Canada Guatemala